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20 avril 2007

Le coup du père François...

La lutte des crasses.de François Reynaert (leNouvelObs)

Le moment est historiquement un peu spécial. Je pensais donc ce jeudi vous faire un petit cadeau : je vais vous parler d'un livre qui vient de sortir, intitulé « On s'en lave les mains » (Flammarion), et qui, à part ça, n'a aucun rapport avec l'actualité, ce n'est pas un appel à voter blanc. Il entend au contraire faire oeuvre citoyenne en nous incitant à prendre en main notre hygiène quotidienne pour faire face aux horreurs qui nous menacent et, je vais vous dire, elles ne manquent pas. Sans rire, dès qu'on parle de « menaces », les gens pensent à la bombe iranienne ou aux attentats terroristes. S'ils savaient ce qui se trimballe sur une vulgaire brosse à dents qu'on a oublié de changer, ils verraient qu'il n'y a pas besoin d'Al-Qaida pour déclencher une alerte à la guerre bactériologique. L'auteur, un certain Dr Frédéric Saldmann, n'est pas un inconnu et on peut dire qu'il a le coeur généreux. C'est lui qui, il y a quelques années, avait gâché définitivement la vie des pauvres gens qui avaient l'habitude de prendre leur apéritif au bistrot en leur révélant la somme de saloperies contenues dans une coupelle de cacahouètes posée sur un bar (urine, coliformes fécaux, on en passe). En examinant l'ensemble des situations de la vie quotidienne, du jardinage (tétanos, transmission de fièvres hémorragiques par les déjections de rongeurs) au barbecue (incendie, cancer) et du ténia (un ami intime de tant d'entre nous) aux risques liés au mélange accidentel des détergents ménagers, il monte d'un cran en réussissant parfaitement à gâcher la vie de tout le monde.Je force un peu le trait, naturellement. Il y a, dans le livre, des bons moments. Les gens se plaignent du manque de solidarité de notre monde moderne, ils ne devraient pas : ils n'ont qu'à songer à tout ce que chacun d'entre nous est capable de donner à son prochain rien qu'en lui serrant la main. En clair, un zoo entier, en taille microbe. Mais je préfère glisser rapidement sur ce chapitre. Il y a sans doute des gens qui, en ce moment même, sont occupés à lire cette chronique en mangeant un sandwich avec leurs gros doigts qu'ils ont oublié de laver : je m'en voudrais de les faire vomir le tout sur un journal qui mérite quand même mieux.
Tout cela est très démocratique : longtemps on a pensé qu'il fallait voyager pour éprouver l'ivresse du danger. Quand on apprend le potentiel viral d'un simple oreiller domestique mal lavé, on comprend que c'est une idée reçue. Il y a plein de détails très concrets à retenir. Je pense par exemple à un des rôles méconnus de la chasse d'eau, son « effet aérosol » qui lui permet, à chaque passage, de projeter des tas de germes par éclaboussures sur tous les murs de la pièce. Là encore, c'est bon à savoir. On croit trop, dans cet endroit, pouvoir se tenir n'importe comment sous prétexte qu'on y est seul : rien n'est plus faux, en faisant le compte de tous ceux qui y habitent à demeure, on s'aperçoit qu'on y est des millions à chaque fois. Et puis j'ai adoré l'ensemble des chapitres sur l'alimentation, dont je vous résume la teneur : grosso modo, tout ce qu'on ingurgite est ignoble. Le cresson est plein de douve du foie (une maladie atroce), les légumes, de pesticides, le tartare, de bactéries diverses, et il faut arrêter de se faire du souci avec le poisson cru à cause de la présence éventuelle d'un ver capable de vous bouffer tout l'intestin puisque, à cause de la présence quasi certaine de mercure, le poisson cuit est aussi dangereux. Apprendre tout ça n'a rien de réjouissant dans l'absolu, c'est indéniable. Mais en ce moment, quand on pense, comme tout le monde, à perdre trois kilos avant l'été, c'est sensationnel : il n'y a rien de tel pour vous couper l'appétit pour au moins trois mois. Mais en tonalité générale, disais-je, ouvrez le livre et vous verrez, le cauchemar est garanti à chaque page, et c'est bien de cela dont je voulais vous faire cadeau aujourd'hui. Pourquoi ? Allons ! Ne faites pas les malins, je vous connais, à quoi votre esprit est-il occupé en ce moment ? A trembler pour dimanche, à vous trouer l'estomac pour ce terrible premier tour, à vous demander ce qu'il en sortira. Eh bien, il me semblait à moi que le seul vrai moyen de vous éviter de flipper pour ça pendant au moins cinq minutes, c'était d'essayer de vous faire flipper pour autre chose. Voilà, c'est fait.

Mon commentaire: je ne sais pas comment vous vous sentez, mais moi, je me sens une peu plus... décontractée. Momentanément.

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