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22 juin 2007

RENOVATION DU PS: 5 clés ?

PS, les cinq clés de la rénovation

dans Le monde pour Matin plus , le 22.06.07 . par Michel Noblecourt

Ils sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures.

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Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS – choisi en 2010 ? – à l'élection présidentielle de 2012.

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Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle – jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. – ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières.

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Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS – dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls – devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade.

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Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" – analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne –, sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche.

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Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger.

S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission.

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