Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 928
Newsletter
14 octobre 2007

Ségolène royal, le retour

Ségolène Royal, le retour

Par Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.

Il y a des signes qu'il faut savoir lire, des présages que l'on doit décrypter parce qu'ils font sens et annoncent l'avenir. Ainsi, alors que Ségolène Royal paraissait responsable et coupable de tout ce qui n'allait pas à gauche, alors même qu'elle était accusée par tous les pères nobles comme Jospin d'être un porte poisse, une personnalité secondaire, une mystique délirante ; alors même encore qu'elle avait multiplié les fausses manœuvres, les tartarinades et les atermoiements, alors qu'elle semblait « out », elle redevient « in ».

Il semblerait que la situation se renverse en sa faveur. C'est en effet ce que laisse entendre par exemple l'essayiste aronien Nicolas Baverez qui, après l'avoir beaucoup combattu pendant la campagne présidentielle, parle d'elle comme « d'un atout » et constate dans le dernier numéro du Point qu'« elle est une alternative crédible à Nicolas Sarkozy pour peu qu'elle renonce à « mimer Blandine dans l'arène face aux éléphants », « qu'elle abandonne ses pratiques de gourou de l'ordre du Temple ségolènaire et qu'elle mobilise ses forces de gauche autour de la redéfinition du socialisme ». Voilà un intellectuel de droite qui la défend, mais il y a aussi un intellectuel de gauche, Bernard-Henri Lévy, strauss-khanien de cœur mais qui est devenu son conseiller après l'avoir combattu et qui, contrairement à d'autres, ne la lâche pas aujourd'hui. Il s'en faut, puisque Lévy s'en prend au contraire à Jospin qui avait voulu lui faire porter le poids de l'échec et la disqualifiait pour 2012. Le philosophe bat aujourd'hui les estrades médiatiques en répétant qu'elle a été une « bonne candidate », que sa campagne a été piégée, « sabotée de l'intérieur » également mais qu'elle pourra être encore meilleure lors de la prochaine échéance. Si elle sait dépasser, transcender les contradictions internes de la gauche. Enfin, sort en librairie un premier livre de l'intérieur du PS qui défend Ségolène Royal alors que les précédents l'accablaient. Il est écrit par Patrick Menucci, son ex-directeur adjoint de campagne et s'appelle tout simplement « Ma candidate ». Menucci qui est un sudiste sympathique la rend très sympathique, jusque dans ses hésitations et maladresses. Il renvoie les principales fautes de campagne sur le PS et inscrit la rénovation urgente dans la foulée élégante et décidée des thèmes qu'elle a soulevés : le rapport à l'autorité et à la justice sociale.

Non, Ségolène n'est donc pas toute seule, même si elle a été beaucoup lâchée par des dirigeants socialistes qu'agacent sa manière trop solitaire de travailler, ainsi que ses incertitudes sur la stratégie à suivre. Il reste quelques fidèles, et surtout un lien avec les Français qui n'a pas été coupé. Les sondeurs parlent d'un stock d'électeurs intact. Ceux qui ont voté pour elle ne le regrettent pas. On le constatera dans une enquête CSA que publie Marianne samedi. Non seulement les Français de gauche ne manifestent que peu de regret de leur royalisme mais ils se déclarent près à récidiver en 2012. Et ce sont ceux qui comptent symboliquement dans la bataille interne, les ouvriers et les employés, les classes modestes qui se montrent les plus royalistes, appréciant tout particulièrement son ouverture, son dynamisme, sa modernité, même si son déficit de compétences et de présidentialité demeure patent. Les femmes d'ailleurs se montrent plus sévères que les hommes. A l'inverse, DSK dispose de ces atouts de stature qu'il a encore renforcée grâce à son élection à la tête du FMI. Mais il demeure surtout le meilleur candidat de gauche… pour la droite. Alors que Bertrand Delanoë sur son petit vélo réalise une jolie percée dans la cote de popularité. Mais il n'est pas encore vu comme prêt pour la présidentielle face à Ségolène Royal qui, elle, a déjà disputé cette course. Il y a ceux qui ont couru le marathon et les autres. Même si elle a perdu, ça ne la disqualifie pas. Au contraire. Il reste à savoir comment elle aura digéré son échec.

Certains ne se sont jamais remis de semblable défaite comme Balladur et Barre. Même ceux qui ont rebondi ont mis du temps. Chirac a été, après 1988, plus d'un an en dépression. Mitterrand est reparti au feu immédiatement mais a porté le deuil intime de l'échec, du rejet près de sept ans, jusqu'à sa revanche contre Giscard. Ceux qui ne sont jamais revenus de cet enfer sont ceux qui n'étaient pas des politiques, qui n'avaient pas de parti. Ségolène Royal, elle, se veut fille de Mitterrand, non point par l'ADN mais par la guerre. Elle serait née sur les champs de batailles avec lui. Et on devrait le voir en novembre avec la sortie de son livre où elle suivrait sa pente, jure-t-elle, en la remontant. En remontant à la tête du parti dont elle sait désormais qu'il lui faut le contrôler jusqu'aux cheveux !

Jeudi 11 Octobre 2007 - 16:39

Nicolas Domenach

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité