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10 novembre 2007

Ségolène Royal: "Les franchises médicales sont une faute sociale"

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Ségolène Royal chez le médecin pour s'opposer aux franchises médicales

sur google

PARIS (AFP) — Ségolène Royal s'est rendue vendredi au cabinet d'un médecin généraliste parisien pour y dénoncer, lors d'un bref dialogue avec le praticien et un patient, l'instauration des franchises médicales qui signe selon elle "le début de la fin de la sécurité sociale".

Cette mesure "est une faute grave parce que l'accès aux soins, c'est une sécurité de base et je n'accepte pas qu'on touche à une sécurité de base", a déclaré Mme Royal dans le cabinet du Dr Alex Maire, rue Ramey dans le XVIIIe arrondissement de la capitale, en présence de journalistes.

Avant le passage au Sénat du projet de loi adopté par l'Assemblée nationale et instituant une franchise de 0,50 euro par boîte de médicament, l'ex-candidate PS à l'élection présidentielle avait choisi d'aborder ce thème après avoir reçu "énormément de courrier" sur le sujet.

Selon Ségolène Royal, ce prélèvement est "une atteinte très profonde aux principes de la sécurité sociale". "C'est le début de la fin de la sécurité sociale", a-t-elle dit.

En effet, a expliqué l'élue socialiste, d'une part "la sécurité sociale, c'est d'abord payer en fonction de ses revenus, et non pas tout le monde pareil" et d'autre part, "on va faire payer les malades pour les malades".

"C'est un système absurde qui consiste à faire payer par les personnes âgées la recherche sur les maladies des personnes âgées", a-t-elle ajouté, puisque le gouvernement prévoit d'affecter le produit des franchises (800 millions d'euros) à la recherche sur la maladie d'Alzheimer.

"Ceux qui n'ont pas beaucoup de sous, les personnes âgées, ceux qui sont très malades et qui sont aujourd'hui remboursés à 100%, ceux qui ont le cancer, ceux qui sont diabétiques, ceux qui ont la maladie d'Alzheimer, les personnes dépendantes vont devoir payer pour accéder aux soins!", s'est-elle insurgée.

Elle a estimé que de ce fait, les Français "se feront moins soigner" quitte à voir leur état s'aggraver ce qui fera qu'au bout du compte "la santé va devenir plus chère". "Donc, c'est un système absurde", a-t-elle protesté.

"Il faut que cette réforme soit retirée" et "supprimer les franchises", a déclaré Mme Royal.

L'ex-candidate s'est dite "étonnée que Martin Hirsch cautionne cette réforme". Le Haut-Commissaire aux Solidarités actives "faisait partie de mon équipe de campagne, je sais qu'il pense comme moi", a-t-elle ajouté, concédant qu'"on lui doit" l'exonération des franchises pour les bénéficiaires de la CMU.

Mme Royal, qui sera interviewée lundi par France Inter et La Croix, s'est refusée à commenter d'ici là la situation sociale.

La candidate avait quelques heures plus tôt critiqué le laisser-faire de l'Elysée et Matignon à propos du rachat des Echos et de la cession de La Tribune par le groupe LVMH de Bernard Arnault, affirmant que "quand l'argent, le pouvoir et la presse sont à ce point mélangés, il y a danger pour la démocratie."

"Ce qui est en train de se passer aux Echos est grave. Voilà un journal dont l'indépendance fonde la crédibilité, un journal qui gagne de l'argent, un journal dont le lectorat augmente", déclare l'ex-candidate PS à l'élection présidentielle sur son site Désirs d'avenir.



Franchises médicales : la triple erreur

Pour financer nous dit Nicolas Sarkozy, les programmes de recherche sur des maladies graves, faisons appel au porte-monnaie des malades y compris des plus modestes. Plutôt que de porter remède aux lacunes de notre système. Il y a là une triple faute : insécurité sociale, erreur sanitaires, inefficacité économique.

1/ Insécurité sociale, tout d'abord. 
C'est une aberration de faire financer les programmes de recherche utiles pour les malades de demain par les malades d'aujourd'hui. Même si des exonérations sont prévues, la contribution va peser de manière uniforme sur tous ceux qui  doivent prendre des médicaments ou recourir à des soins, alors même que la contribution de chacun à l'assurance-maladie est proportionnelle aux revenus. De manière insidieuse, on revient sur les principes de la sécurité sociale chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins), illustrant une fois de plus la volonté de la droite de remettre en cause les assurances publiques universelles, pour favoriser la marchandisation de la santé. Une fois de plus, ce sont les personnes âgées à faible revenu et  les salariés les plus faiblement rémunérés qui vont consacrer une part plus importante de leurs revenus à leur protection sociale. On pourrait  objecter que les montants sont faibles mais nous savons d'expérience qu'une fois que le principe est acquis, ce genre de prélèvements augmente au fil des ans, sous la pression du déficit des comptes sociaux.

La fixation de son montant par un simple décret et non son inscription dans la loi renforce cette perspective. En outre, ils viennent d'ajouter à une série de mesures déjà très sensibles pour les ménages : forfait de 1 à 4 euros par consultation, autre forfait de 18 euros à l'hôpital, déremboursements de toutes sortes. Lors de l'instauration de la franchise sur les consultations médicales, ses inspirateurs avaient indiqué qu'il  s'agissait d'une mesure exceptionnelle. A quand la franchise sur tous les actes ? A quand de nouveaux déremboursements déguisés par la hausse de ces franchises ? En vérité, les classes modestes et moyennes sont celles qui vont être  progressivement orientées vers les assurances privées, pour couvrir toutes ces charges nouvelles, laissant au bord de la santé tous ceux qui n'ont pas les moyens de financer une couverture complémentaire et l’accès au soin doit rester une sécurité de base.


2/ Erreur sanitaire ensuite. 
Ces franchises s'appuient sur l'idée que l'on pourrait, étant malades, faire le choix de consommer moins de soins dès lors qu'on serait sensibilisé aux coûts. Outre que c'est le médecin qui  prescrit et non le malade qui décide, allez expliquer aux personnes qui ont été jugées suffisamment malades pour être prises en charge à 100 % (les diabétiques, les cancéreux, les personnes atteintes par le VIH…, tous ceux qui souffrent d'une maladie longue et coûteuse, y compris comble de l’ironie les patients atteints de maladie d’Alzheimer) que c'est à elles que reviendra en priorité la charge de financer les dépenses d’assurance-maladie. L’affectation de cette nouvelle contribution à la recherche sur une autre maladie est un leurre, comme en témoignent les comptes présentés par le Gouvernement.. Toutes les études montrent que l'on doit donner la  priorité à la prévention, au traitement et au dépistage précoce des affections, au bon suivi des traitements. C'est un enjeu de santé publique fondamental, car se soigner tôt évite le plus souvent des dépenses plus lourdes ultérieurement. Inviter le malade à peser sur le  choix des prescriptions en le faisant payer est donc un contresens qui pourrait se révéler très dommageable pour la santé des Français à moyen terme. C’est d’autant plus pernicieux que déjà 13 % des Français restreignent  leurs soins pour des raisons financières. Il est donc absurde de faire payer une franchise aux malades chroniques alors que même les petites dépenses sont indispensables.


3/ Inefficacité économique enfin. 
Toutes les études sur  la compétitivité et  l'attractivité de notre pays, montrent que l'un des points forts de la France est précisément la qualité de son système de santé et les conditions d'accès aux soins, malgré les attaques dont il est l’objet. S'il existe des rigidités dans certains domaines, que j'avais moi-même soulignées en proposant que le dialogue social accorde plus d'agilité aux entreprises exposées à la concurrence, il est économiquement contre-productif de s'attaquer à l'un des points forts de notre compétitivité par une approche erronée. Ce dont notre pays a besoin, c'est de travailleurs bien formés, motivés par une juste rémunération et rassurés par l'existence d'une sécurité sociale qui leur permet de se concentrer sur leur vie professionnelle et leur épanouissement. Il est donc primordial que des mesures soient prises pour restaurer l’équilibre des comptes sociaux pour conserver cet acquis économique du pays.

C’est d’autant plus vrai qu’il existe d’autres solutions. Le produit de cette nouvelle taxe sur les malades (800 millions d'euros) aurait pu être trouvé en faisant des économies. Je propose comme je l’avais déjà fait une réduction des 60 milliards d'aides aux entreprises, dont chacun sait qu'une grande partie bénéficie à des secteurs protégés qui n'en ont pas besoin et dont la Cour des Comptes a très justement souligné les manques de justification.  Il est surtout nécessaire d’engager une réforme sur l’offre de soins, la meilleure coordination entre médecine de ville et hospitalière, le renforcement de toutes les actions de précautions et le lancement de programmes de recherche européens pour faire baisser le coût des soins.

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