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19 novembre 2007

Menace sur la montagne de Kaw, zone d'intérête écologique majeur

Environnement : Menace sur la montagne de Kaw

Dans guyane.fro.fr

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Refuge exceptionnel de biodiversité, la montagne de Kaw est aujourd’hui menacée par un projet de mine d’or contesté. Le dossier est actuellement gelé dans l’attente du Grenelle de l’environnement.

"C’est une forêt unique, il n’y a qu’une montagne de Kaw, l’une des plus élevées de la bande littorale du plateau des Guyanes. Elle doit devenir un sanctuaire protégé. Au Surinam, le président a décidé de protéger le Brownsberg, un des lieux les plus visités. Kaw est notre Brownsberg", estime Pierre-Michel Forget, scientifique et militant écologiste.

Kaw

La montagne de Kaw est couverte de forêt primaire

Zone d’intérêt écologique majeur A 50 km de Cayenne, la montagne de Kaw constitue un refuge de biodiversité arrosé de 5.000 à 6.000 mm d’eau par an. Elle abrite des espèces endémiques comme le coussarea, petit arbre de la famille du café. Non loin, des marais cachent des caïmans noirs. C’est au pied de cette montagne que l’industriel CBJ Caïman (filiale d’Iamgold) détient une concession de 30 km² dont il désespère d’exploiter 373 hectares dévolus à sa mine d’or. Las d’attendre, ses trois principaux dirigeants ont quitté la Guyane entre mai et septembre.

"Les opposants au projet méconnaissent la réalité guyanaise, ou pire l’ignorent. Ce pays a un taux de chômage de 30%, une poussée démographique de 3,8% par an, une progression du RMI de 8% par an. CBJ Caïman c’est 560 emplois générés", déclare Adrien Aubin, le président du Medef Guyane.
En fait, peu d’opposants se sont manifestés lorsque des permis exclusifs de recherche ont été accordés sur 7.100 hectares de la montagne en 1995, non plus lorsque la concession minière a été accordée fin 2004 avec la co-signature de Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances et de l’Industrie. Or, c’était la première fois qu’un titre d’exploitation était accordé sur une Znieff de type 1, une zone d’intérêt écologique majeur.

Le projet de CBJ Caïman rejeté
Sous la houlette d’une poignée d’écologistes et d’un riverain du projet exploitant des plantes médicinales, l’opposition finit par s’organiser et parvient à fédérer les élus de gauche. En juillet 2006, la Région Guyane vote une motion unanime contre le projet. En octobre suivant, une mission d’inspection du gouvernement le rejette.

Deux mois plus tard, l’industriel redépose un dossier, avec cette curiosité : CBJ Caïman a élagué une étude complémentaire de l’impact du projet sur la faune et la flore, concocté par un consultant scientifique. La faiblesse de cette étude d’impact était pourtant l’un des points clefs soulevés par les inspecteurs du gouvernement, sur lequel se penchera sans doute la nouvelle mission d’inspection que Jean-Louis Borloo a annoncé, le 18 septembre, à Antoine Karam, le président de Région.

Infractions au code de l’environnement
"Les grands arbres de la montagne de Kaw n’ont pas fait l’objet d’études", admet Bruno Bordenave qui a réalisé un inventaire floristique de la zone financé par l’industriel. Ultime paradoxe, CBJ Caïman est la première société à solliciter tous les permis requis avant d’exploiter l’or en Guyane. "Si l’on refuse CBJ, ça signifie qu’on doit arrêter tous les autres sites miniers de Guyane. Je connais une exploitation qui massacre une montagne où vit une grande colonie de coqs de roche", note cet ingénieur écologue.

Sur la cinquantaine de sites en production, aucun n’a l’autorisation d’exploiter des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). En Guyane, la première inspection ICPE sur un site minier a eu lieu en décembre 2006, presque 30 ans après l’application de la loi. Elle concernait la société Auplata, entrée en Bourse à Paris en décembre 2006 sans permis de construire pour les usines utilisées, ni autorisations ICPE. De nouvelles inspections des deux sites d’Auplata le 19 septembre ont révélé 27 nouvelles infractions au code de l’environnement.

Une "horreur écologique", pour l’inspecteur Pierre Balland

L’inspecteur général de l’environnement Pierre Balland, auteur il y a un an avec un inspecteur des mines d’un rapport destiné au gouvernement sur le projet de mine d’or de la montagne de Kaw, revient pour la première fois sur ce dossier gelé dans l’attente du Grenelle de l’environnement.
Le rapport d’inspection, publié le 11 octobre 2006, demandait à l’industriel CBJ Caïman (filiale du canadien Iamgold-Cambior) de revoir sa copie, pointant les faiblesses de l’étude d’impact sur la faune et la flore, le risque lié au rejet de cyanure et réclamant de réévaluer la compensation des impacts. Deux mois plus tard, CBJ a déposé un nouveau dossier qui a reçu un avis favorable des services de l’Etat. La décision finale a été gelée cet été par le gouvernement.

Que vous inspire le projet de mine d’or de la montagne de Kaw ?
Pierre Balland : Pour moi, c’est toujours une horreur écologique. D’abord à cause du site : c’est un sanctuaire écologique. C’est le dernier endroit de Guyane où il faut avoir un projet minier. La montagne de Kaw est le premier relief du littoral guyanais qui arrête les vents océaniques, les alizés. C’est la forêt tropicale humide qui a échappé aux glaciations il y a des milliers d’années.

Que reprochiez-vous au projet ?
Pierre Balland : L’étude de l’impact sur la faune se résumait à une vague liste des espèces les plus observables. Mais il n’y avait rien sur le fonctionnement et l’originalité de l’écosystème sur le site de Kaw. Depuis, j’ai appris que l’étude d’impact complémentaire sur la faune, proposée par un consultant scientifique, a été tronquée par l’industriel qui n’en a retenu qu’une partie dans son nouveau dossier soumis à enquête publique. L’industriel est souverain dans ce domaine, mais la Direction régionale de l’environnement n’aurait pas dû donner un avis favorable au projet. Car le code de l’environnement est très clair : une étude d’impact ne doit pas s’appuyer sur un inventaire faunistique partiel.

Quel est votre avis sur l’utilisation du procédé au cyanure pour récupérer l’or ?
Pierre Balland : On va laisser du cyanure dans la forêt guyanaise, une forêt tropicale primaire. Même si je ne crois pas à la pollution de la rivière Comté (à 20 km du site, qui alimente le littoral en eau potable, ndlr), je crois à une pollution possible des bassins de décantation. Les impacts ne se limitent pas aux surfaces déboisées. Une piste d’accès au site longue de 16 km va être construite dans la forêt. Ce sera une noria continue de camions. Et ces fosses de 200 mètres de profondeur qui se rempliront d’eau de pluie après exploitation : cela fera un marigot avec 190 mètres d’eau sans oxygène.

Je me souviens des gars de CBJ Caïman : quand ils me montraient leurs carottages dans le roche à Kaw, j’ai vu les paillettes d’or et leurs yeux qui brillaient pareils. Ils disent avoir identifié 35 tonnes d’or de réserves. A 16 000 euros le kilo, faites le calcul. S’ils obtiennent l’autorisation d’exploiter, ce sera la ruée vers l’or. Comment les empêcher, par la suite, d’exploiter le reste de leur concession de 30 km² ou d’autres permis miniers qu’ils possèdent dans les environs ? La montagne de Kaw sera massacrée.

Qu’attendez-vous du Grenelle de l’environnement ?
Pierre Balland : J’espère beaucoup du Grenelle. Si ce projet minier à Kaw se concrétise, je trouverai cela très triste. Ce sera le début de la fin de la biodiversité guyanaise. Au pire, il faudrait signer un accord avec l’industriel pour qu’il n’y ait pas d’autre exploitation dans cette région de Kaw.

Propos recueillis par Frédéric Farine (AFP)

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Ségolène Royal juge le projet de Kaw trop risqué

Dans RFO.fr

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Le projet de mine d’or de la montagne de Kaw continue à susciter de nombreuses réactions. Dernière en date, Ségolène Royal qui souhaite un référendum sur le sujet.

Ségolène Royal © France 2

 

L’ancienne candidate à l’élection présidentielle, Ségolène Royal, a déclaré jeudi à Cayenne que le projet de mine d’or à ciel ouvert du Canadien Iamgold n’était pas "opportun". La présidente de la région Poitou-Charentes s’est rendue en Guyane à l’invitation d’Antoine Karam, son homologue guyanais. Sa visite prend fin vendredi. Le projet minier en question est prévu au pied de la montagne de Kaw, en bordure de deux réserves naturelles, dont celle des marais de Kaw qui abritent des caïmans noirs.

"Pas de retombées économiques"
"J’ai écouté les gens de terrain et j’ai été convaincue des risques considérables sur le plan de la santé publique et sur l’environnement que fait courir ce projet où l’or sera exploité avec du cyanure"a déclaré Ségolène Royal, arguant par ailleurs de "l’absence de retombées économiques du projet".
"L’opportunité serait plutôt un référendum d’initiative populaire sur ce projet, en mettant toutes les informations scientifiques sur la table. Je ferai remonter ce dossier à Jean-Louis Borloo (le ministre de l’Ecologie), car ce projet, à mon avis, manque de transparence", a ajouté Ségolène Royal.

Un projet évoqué au Grenelle
Le groupe de travail 2 du Grenelle sur la biodiversité, présidé par le sénateur UMP de la Manche, Jean-François Le Grand, et la sénatrice verte du Nord, Marie-Christine Blandin, s’était prononcé -en majorité mais pas à l’unanimité- pour l’annulation de ce projet minier. A l’issue du Grenelle de l’environnement, Christian Estrosi, le secrétaire d’Etat à l’outre-mer avait annoncé une mission d’expertise sur ce projet minier qui a reçu les avis favorables des administrations chargées de son instruction en Guyane.

Le groupe minier canadien Iamgold a réaffirmé son engagement à développer son projet : "le projet met en oeuvre les techniques les plus avancées et répond à l’ensemble des normes en vigueur. Il prévoit des engagements précis quant à la préservation de la biodiversité (revégétalisation de plus de 83% du site, protection de la faune et de la flore), assortis de solides garanties financières", avait assuré le groupe.

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