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15 mars 2008

Euthanasie : Chantal Sébire saisit la justice

Sur LA DEPÊCHE

Société. Défigurée par une maladie orpheline, elle veut mourir dans la dignité.

La justice a été saisie hier d'une « demande exceptionnelle mais néanmoins légitime » d'euthanasie de la part de Chantal Sébire, cette mère de famille de 52 ans, défigurée par une maladie orpheline, incurable et évolutive.

Le président du tribunal de grande instance de Dijon « a mis son jugement en délibéré à lundi prochain », a précisé Me Gilles Antonowicz, l'avocat de la famille, qualifiant cette démarche de « première ».

« C'est une première pour le monde judiciaire, mais nous ne demandons que l'application de la loi, celle du 22 avril 2005 sur les droits des malades, dite loi Léonetti », a souligné l'avocat (lire ci-dessous).

Selon lui, « cette loi reconnaît le droit aux malades en fin de vie de refuser tout traitement et le droit de soulager leurs souffrances, mais elle ne dit rien lorsque les malades refusent la solution proposée qui est le coma artificiel et la mort au bout de dix à quinze jours ». « Nous demandons simplement au magistrat de l'autoriser à s'endormir dans l'affection des siens » et de faire ainsi preuve « d'humanité », a conclu Me Antonowicz.

Chantal Sébire avait confié vendredi son dossier à l'Association pour le Droit de mourir dans la dignité (ADMD), dix jours après un appel au secours devant les médias pour « qu'on l'accompagne dignement dans la mort ». Cette ancienne professeur des écoles de 52 ans, domiciliée à Plombières-les-Dijon (Côte-d'Or) et mère de trois enfants, a appris en 2002 qu'elle était atteinte d'une « Esthesioneuroblastome », une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale.

Une maladie très rare (seuls 200 cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans), incurable et dont l'évolution provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage et des souffrances atroces. « Je suis allée au bout de ce que je peux supporter et mon fils et mes filles n'en peuvent plus de me voir souffrir », avait-elle avoué devant micros et caméras.

Aujourd'hui Chantal Sébire, opposée au suicide et qui se disait prête à partir en Suisse, en Belgique ou aux Pays-Bas où l'euthanasie est légale, souhaite que la justice française prenne ses responsabilités.

Þ Dossier sur www.ladepeche.fr

« Je suis allée au bout de ce que je peux supporter et mon fils et mes filles n'en peuvent plus de me voir souffrir »…


Ce que dit la loi de 2005 sur la fin de vie

La loi sur la fin de vie du 22 avril 2005 tend à instaurer un droit au « laisser mourir », sans permettre aux médecins de pratiquer une euthanasie active, comme le demande Chantal Sébire. La loi prévoit que les médecins, dans le cadre d'une procédure collégiale et non individuelle, peuvent « décider de limiter ou d'arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n'ayant d'autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie ». Ils doivent tenir compte de l'avis du patient ou avoir consulté la personne de confiance qu'il a désignée, voire sa famille, ou les « directives anticipées » qu'il a pu formuler. Dans la situation où un malade, qui n'est pas en fin de vie, refuse un traitement mettant son existence en danger, le médecin « peut faire appel à un autre membre du corps médical. Dans tous les cas, le malade doit réitérer sa décision après un délai raisonnable », selon la loi. La loi permet l'administration par les médecins de traitements antidouleur permettant de soulager la souffrance avec pour « effet secondaire d'abréger la vie » d'un malade en « phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable ». Elle pose comme condition d'en informer le malade, la personne de confiance, la famille ou, à défaut, un proche.

« En toutes circonstances, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances du malade par des moyens appropriés et l'assister moralement » et « s'abstenir de toute obstination déraisonnable » en matière de soins, selon l'un des décrets d'application. Toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour indiquer ses souhaits sur sa fin de vie, au cas où elle serait un jour hors d'état d'exprimer sa volonté. Ces directives sont révocables à tout moment. « Aujourd'hui ce qui est demandé au président du tribunal de Dijon, c'est d'autoriser un médecin à se faire délivrer et à remettre à Chantal Sébire les substances nécessaires à une fin de vie digne et sereine », indique l'association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).

 
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