CONGRÈS, circulaire antifraude .
Eric Hacquemand | 18.10.2008, 07h00
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C’EST la circulaire antifraude, la 1365. Un document de sept pages adressé, mercredi dernier, à tous les responsables et parlementaires PS. A moins d’un mois du grand rendez-vous de Reims, la direction sortante veut un congrès propre, sans tripatouillage.
Signée de François Hollande, l’actuel premier secrétaire, la circulaire tente d’instaurer une règle commune applicable par toutes les fédérations, quelles que soient leurs « traditions »… En vue d’une compétition qui s’annonce serrée, militants et cadres devront donc respecter « sept conditions impératives » lorsqu’ils devront, en section, départager les six motions concurrentes le 6 novembre.
Si l’une d’entre elles n’étaient pas respectée, le vote de la section, voire de la fédération pourrait, après enquête, être invalidé.
1 Avant 17 heures, tu ne voteras pas. A chaque consultation, la scène se répète dans les villes socialistes : « dès 9 heures, les employés municipaux défilent dans le bureau du maire pour voter », raconte un cadre. Cette fois, il faudra attendre la fin de l’après-midi.
2 Les bureaux « cachés », tu éviteras. Un grand classique : « l’urne itinérante dans le coffre d’une voiture pour les camarades âgés », témoigne Pascale Le Néouannic, proche de Jean-Luc Mélenchon. Le lieu du scrutin n’est pas toujours transmis. Ou trop tard. L’adresse complète du lieu de vote devra donc être communiquée aux militants et aux représentants de chaque camp « au moins quinze jours à l’avance ».
3 Ta seule signature, tu apposeras. Pas question qu’une seule personne signe lors du vote pour toute la fratrie. « Ni pour les morts. Dans l’Hérault, j’ai connu le cas… » prétend Le Néouannic. Comme dans n’importe quel scrutin républicain, « seule la signature personnelle sera retenue comme émargement ».
4 Les observateurs, tu accepteras. Les dépouillements entre amis favorisent les petits arrangements. « A Paris, j’ai déjà dû batailler ferme pour m’approcher de l’urne ou même disposer d’un isoloir », soutient un cadre d’un courant. Les représentants de chaque motion doivent donc pouvoir assister « aux opérations de mise à jour des cotisations, de vote, de dépouillement, de centralisation des résultats ».
5 Des billets de banque, tu ne donneras pas. Des résidants de foyers africains, « à qui on paye l’adhésion le soir du vote », aux camarades « qui se refilent le même billet pour pouvoir régulariser leur cotisation et voter », les espèces circulent souvent au PS les soirs de vote. Cette fois, les régularisations de dernière minute devraient être étroitement encadrées. L’enjeu est de taille : près de 65 000 adhérents sont dans la nature et n’ont pas repris leur carte depuis la primaire de 2006. Or, ils pourront voter le soir du 6 novembre à la condition de se mettre à jour de cotisations « mais uniquement par chèque bancaire ». Pour une année de retard, il en coûtera au minimum « 16 € » augmentés de la part qui revient à la fédération.
6 Saint Rosam, tu respecteras. Rosam, c’est le nom du fichier de tous les électeurs potentiels. Sans « rature de noms », et sans « rajouts », chaque adhérent doit y figurer. Et personne d’autre.
7 A 1 heure du matin, tu te coucheras… Fatigue oblige, dans certaines sections rurales du puissant Pas-de-Calais, on préfère aller se coucher en reportant au lendemain le dépouillement. C’est aussi une astuce qui permet d’affiner les résultats nationaux. Cette fois, les résultats seront centralisés au niveau national « au plus tard à 1 heure du matin le 7 novembre 2008 ». Le suspens aura alors pris fin sur le score de la motion arrivé en tête.
Reste à savoir comment la circulaire 1365 sera reçue dans certaines
fédérations qui pourraient l’égarer, l’oublier, ou même feindre de ne
pas l’avoir du tout reçue.