Le PS organise son 22e congrès du 14 au 16 novembre à Reims. Petit tour d'horizon de l'importance de ce moment dans la vie du parti.

A quoi sert un congrès ?
Organisé en moyenne tous les deux ans depuis la création du parti en 1969, le congrès sert à (au moins) trois choses: débattre des orientations idéologiques ; déterminer les rapports de forces en vue de l'élection des instances (la direction du parti est désignée à la proportionnelle des scores obtenus, le plancher étant de 5% dans au moins 15 fédérations) ; depuis 1997, à faire élire le premier secrétaire par les militants.

Quelles sont les principales étapes du Congrès ?
Dans un premier temps, les socialistes rédigent des textes: des "contributions générales", des "contributions thématiques" sur des sujets variés (éducation, environnement, politique étrangère…) et enfin des motions, les textes soumis au vote à bulletin secret des militants à jour de cotisations. Du 7 au 9 novembre, les Congrès fédéraux se réuniront pour élire les délégués au congrès national. Lors du congrès en lui-même, une "commission des résolutions" se réunira pour tenter d'arriver à une synthèse des motions susceptible de constituer une majorité. Le premier secrétaire sera désigné par un vote des militants le 20 novembre, avec un second tour éventuel le 21.

Qui présente une motion ?
Six motions sont en lice: celle de Bertrand Delanoë, soutenue par le premier secrétaire François Hollande et le chef de file des députés PS Jean-Marc Ayrault ; celle de Ségolène Royal, alliée à la "Ligne claire" des grands élus locaux (Gérard Collomb, Jean-Noël Guerini…) ; celle de Martine Aubry, qui compte parmi ses soutiens deux anciens Premiers ministres, Pierre Mauroy et Laurent Fabius ; celle de Benoît Hamon, qui rassemble la gauche du parti (Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli...) ; celles, enfin, du Pôle écologique et du courant Utopia.

Qui est candidat au poste de Premier secrétaire ?
On peut "mener" une motion sans être candidat au poste de premier secrétaire, et inversement. Font notamment figure de candidats à la tête du parti Bertrand Delanoë, Julien Dray, Vincent Peillon, François Rebsamen, Martine Aubry et Benoît Hamon. Ségolène Royal, elle, a annoncé qu'elle mettait sa candidature au "frigidaire". L'élu deviendra le neuvième première secrétaire, après Alain Savary (1969-1971), François Mitterrand (1971-1981), Lionel Jospin (1981-1988 et 1995-1997), Pierre Mauroy (1988-1992), Laurent Fabius (1992-1993), Michel Rocard (1993-1994), Henri Emmanuelli (1994-1995) et François Hollande (1997-2008).

Quels ont été les Congrès les plus marquants ?
Les spécialistes distinguent généralement les congrès selon leur degré d'affrontement et selon le fait qu'ils donnent lieu davantage à des débats idéologiques ou à des luttes intestines. Le congrès le plus connu est sans doute celui d'Epinay: en juin 1971, François Mitterrand prend le contrôle d'un parti dont il n'était pas membre trois jours plus tôt, en s'appuyant sur les fédérations du Nord et des Bouches-du-Rhône et la gauche du parti (représentée par Jean-Pierre Chevènement) et en prônant une alliance avec le PC. Viennent ensuite le congrès de Metz d'avril 1979, marqué par l'affrontement entre François Mitterrand et la "deuxième gauche", moins étatique, de Michel Rocard ; puis le congrès de Rennes de mars 1990, où le PS se casse en trois tiers (Jospin-Mauroy/Rocard/Fabius) dans une atmosphère de guerre civile. Dans une moindre mesure, on cite aussi souvent le congrès de Valence, en octobre 1981, où le PS se lance dans la surenchère ("des têtes vont tomber") alors que François Mitterrand vient d'arriver au pouvoir, et celui de l'arche de la Défense en 1991, où il affirme que le capitalisme "borne [son] horizon historique".

Pourquoi le congrès de Reims peut-il être marquant ?
Parce qu'il survient après une nouvelle défaite électorale lors de l'élection présidentielle 2007. Parce qu'il soulève des débats idéologiques sur le positionnement du parti (Bertrand Delanoë ayant soulevé une polémique en se revendiquant "social et libéral"). Parce que, comme avec les héritiers du mitterrandisme à Rennes en 1990, il met face-à-face les héritiers de Lionel Jospin (Bertrand Delanoë, Ségolène Royal, Martine Aubry…). Enfin parce que, pour la première fois depuis le même congrès de Rennes, aucune motion n'a obtenu la majorité absolue, toutes plafonnant sous les 30%.

par Jean-Marie Pottier, journaliste à Challenges.fr, vendredi 7 novembre.