Commentaire de Gaëtan Gorce: Un sport de Gentlemen?
Quoiqu'il
arrive dans les prochains jours, le fait politique de ce congrès aura
été l'affirmation progressive et hier soir la victoire d'une profonde
volonté de renouvellement de la gauche et du PS. Après avoir été
désignée à la présidentielle, être arrivée en tête de toutes les
motions, du 1er tour de l'élection de Premier secrétaire, Ségolène
Royal sans aucun nouveau soutien, sans ralliement, a pu atteindre les
50% (et peut-être plus?)
Le clivage est désormais très net
entre un appareil conservateur qui ne veut rien lâcher et une base
militante qui aspire au changement. Les méthodes utilisées pour faire
obstacle à cette volonté ne peuvent qu'en conforter la légitimité
aujourd’hui et demain l'ampleur!
Au-delà de ce constat qui devra
inspirer notre attitude dans les prochains jours, il faut dire et
répéter que ce serait une défaite morale pour tous les socialistes que
de valider un résultat grevé de tant d'incertitudes et probablement
d'irrégularités. On ne rénovera pas le Parti socialiste avec 42 voix de
majorité, certes. Mais on peut encore moins faire obstacle à cette
rénovation avec une marge aussi faible.
Je connais et respecte
Martine Aubry : elle a trop conscience de ses devoirs à l'égard du
parti pour accepter d'être couronnée dans de telles conditions. Son
défaut de légitimité ne lui permettra pas de diriger le parti. Non en
raison d'une minorité puissante et motivée, mais parce que ses propres
et encombrants alliés veulent une direction faible. Affaiblir la
Première secrétaire leur permet de poursuivre leurs opérations qui
visent rien moins qu'a entretenir le chaos pour en appeler demain a
leur homme providentiel, Fabius ou DSK.
Notre parti vit encore
à l'âge de pierre de la démocratie : un recomptage des votes est rendu
impossible semble t-il par l'absence de procès-verbal, la non
conservation des bulletins, etc. La Floride de Bush apparaît en
comparaison comme un modèle d'organisation et de transparence
démocratique. C'est la raison pour laquelle il n'existe d'autre issue
que de revoter dans des conditions qu'il faudra rendre partout
indiscutables. Le parti n'a pas besoin d'un syndic de copropriétaires
mais d'une direction renouvelée, d'une véritable équipe qui fasse de la
politique à gauche un sport plus proche du rugby (un sport de voyous
pratiqué par des gentlemen selon la définition courante) que du
football (qui, pour ses détracteurs relève de la définition inverse).
Rédigé par Gaëtan Gorce sur son blog
Mon commentaire: