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4 janvier 2009

PS, congrès et suites. Analyses: du dehors, et du dedans...

Congrès du Parti socialiste (vidéo)
                    

       

Aprés l'échec du congrès de Reims , le Parti Socialiste implosera-t-il...
"Aprés l' échec du congrès de Reims , le Parti Socialiste implosera t - il en    2009?" - Répondez à cette question sur Yahoo! Questions/Réponses, ou à l'une ...

PS, digérer le vinaigre de Reims - Yahoo! Actualités
Pour répondre à la crise, les socialistes veulent élaborer un 'contre-plan de    relance' · Le 75e congrès du Parti socialiste en direct ...

Et, aussi...
PS: LES TUEURS D'ESPOIR
  PAR NICOLAS DOMENACH ET MAURICE SZAFRAN 
Dans l'hebdo "Marianne" du 29 Novembre 2009

Avec leurs querelles intestines et leur foire aux ambitions personnelles, les caciques se sont employés à assassiner toute espérance.
Affligeant .

Le dégoût. La honte. Le désespoir. La rage aussi, et d'autant plus enragée qu'elle n'est pas écoutée.
Ils sont des milliers et des milliers, des milliers de milliers de militants, de sympathisants, ou même de citoyens, que les palinodies socialis-tes n'ont pas fait rire, même si elles pourraient paraître comiques en leur dérisoire égotisme. Il ne faudrait pas oublier, jamais, et pourtant comme on les a mésestimés, tous ces Français qui se sont sentis ridiculisés, mais aussi insultés par cette tragique bouf-fonnerie partisane. Il est vrai que cet affligeant spectacle ne date pas d'hier. Voilà des années maintenant que le PS se soucie d'abord de lui-même et, in fine, uniquement de lui-même, plutôt que du pays, des vies et même des âmes dont il a, en principe, la charge.

Nous nous sommes moqués. Beaucoup. Le PS, ou le Parti d'en sourire. Mais le ridicule ne les a pas tués. Nous avons crié, aussi. Fort. Au point d'être honnis par tous les « petits marquis » rosés. Mais pas assez fort sans doute, puisqu'ils n'ont eu de cesse de perpétrer ce qui ne fut pas seulement de petits meurtres entre camarades, ce qui ne fut pas seulement un suicide.

Après tout, cela ne regarderait qu'eux. Non, ces tristes personnages ont commis un assassinat. Le meurtre de valeurs, de références, d'espérances collectives. Leur crime est là : ils avaient déjà abandonné le peuple en ces années de dérive néolibérale bourgeoise ; cette fois, ils se sont employés à massacrer jusqu'à l'espoir d'un ressaisissement. Et ce, au cœur d'une crise économique et sociale qui s'annonce impitoyable. Messieurs les assassins, bonsoir !

Car le Parti socialiste ne leur appartient pas
. Le PS, c'est plus que le PS. Plus que ses combines, ses arrangements entre élus, ses compromissions même, et ses reniements passés d'avec les engagements fondateurs.
L'espérance de solidarité ancrée dans son histoire était un gage que le monde de demain ne serait pas complètement sauvage. Une petite lumière dans la nuit. Le PS, en principe, et en dépit de tous ses avatars si souvent pitoyables, restait, malgré ses trahisons, une force de recours, une puissance symbolique, une consolation même hypothétique, un souvenir de fraternité qui pouvait, qui savait rimer avec avenir et humanité. Le PS, au fond, appartient au patrimoine collectif de la nation.

On a tous eu, ou presque, un frère, un oncle, un parent qui a pleuré quand Mitterrand et le PS se sont élevés au ciel élyséen, avant de jurer, quelques années plus tard, qu'on ne l'y reprendrait plus. Mais beaucoup sont restés attachés à la justice tout simplement, et au PS de Jaurès. Un parti de gauche, le grand parti de la gauche, face à la droite sarkozyste régnante. Alors que l'avenir tourne au noir, que le présent nous alarme, il y avait urgence à ne pas davantage abîmer cette formation qui l'était déjà trop. Une nécessité impérieuse d'abord pour tous les « sans », les sans-emploi, les sans-toit, les sans-grade, les sans-projet, les sans-but qui pouvaient croire, qui avaient encore l'illusion de croire, sinon au socialisme révolu, du moins au pôle d'opposition, voire de proposition, que le PS pouvait représenter. Le môle de résistance était mol, mais au moins offrait-il une rassurance, une garantie que le pouvoir ne se permettrait peut-être pas tout. Puisque le PS avait autrefois existé, il ne faudrait pas que Sarkozy le chatouille trop pour qu'il... réexiste.

La responsabilité historique des chefs les plus titrés, dans ce massacre à ciel ouvert comme il en est des égouts, ne saurait être escamotée. D'abord, parce qu'ils ont eu en charge ce parti qu'ils ont laissé dériver, avant de contri-buer à le couler. « Tous ensemble, tous ensemble, ouais... » Laurent Fabius, Michel Rocard, Lionel Jospin, Pierre Mauroy... Ah, le beau rassemblement des « anciens » qui ont mis un mouchoir, rouge évidemment, sur leurs détestations passées, au nom d'une haine supérieure !

"Tout sauf Ségolène" ...Après quarante années de combat les uns contre les autres, ils ont retrouvé une seconde jeunesse pour brûler la diablesse. L'ancien candidat battu à l'élection présidentielle par Jean-Marie Le Pen est même allé jusqu'à assimiler les royalistes aux social-fascistes collabos de Marcel Déat. Lionel Jospin a toujours reproché aux autres les fautes qu'il a commises.

Certes à la manœuvre, à la magouille même, Fabius, Rocard, Jospin, Mauroy et quelques autres ont gagné. Mais à quel prix ? Voilà des moralistes, ceux qui n'ont cessé de donner des leçons aux autres, à la Terre entière, les voilà décrédibilisés. Professeurs de bonne conduite démocratique, fervents avocats des procédures électives, ces jocrisses n'ont en fait cessé de couvrir des irrégularités, des fraudes qu'un résultat disputé a mis au grand jour.
Hommes doubles, à double vie, au double langage et aux urnes à double fond. Hier encore, ils accusaient l'extrême droite de faire de la magouille une spécialité. Dans leur esprit étriqué, la droite, c'était  déjà l'extrême droite. Et ils révèlent à leur tour des pratiques humaines et électorales « dignes » du Front national au temps de son explosion.
Et comme ces « démocrates » s'étaient moqués de ces « gauchistes verts » qui, à l'issue d'un vote tumultueux pour désigner leur champion à l'élection présidentielle de 2007, n'avaient réussi à donner que deux voix d'avance à Dominique Voynet sur Yves Cochet ! Les écologistes avaient décidé de revoter, ce qui avait permis de dégager une candidate incontestée. Les socialistes, eux, n'ont pas pu revoter.

Le scrutin, qui a présidé à la désignation de Martine Aubry, restera donc à jamais pollué par le soupçon de tricherie. Cette marque de l'infamie oblitère et mine une légitimité déjà très contestée. Car la maire de Lille a sans doute des titres de gloire à faire valoir, et elle s'y est employée ; en particulier son passé de ministre de gauche, avec, notamment, la couverture médicale universelle et les 35 heures, même si leur systématisation fut une catastrophe. Mais ce n'est pas elle qui a gagné. C'est Royal que ses alliés ont fait perdre. L'énergie de Martine Aubry, tout à fait réelle, n'a guère entraîné de véritable dynamique. De quelle idée forte fut-elle porteuse, sinon de barrer la route à la prise de pouvoir de la « sainte-nitouche » ? Elle n'a été choisie, intrumentalisée, que parce qu'il fallait une femme pour abattre une femme. Une femme qui servait les intérêts de ces messieurs, contre une femme qui menaçait de... faire le ménage et d'ouvrir grand les fenêtres. Aubry a été élue pour que rien ne change face à une Royal qui, sans doute maladroitement (mais ça fait aussi son « charme »), menaçait de tout bouleverser. Pourra-t-elle, dans  ce contexte, rénover quoi que ce soit, et même étouffer Royal sous une rénovation sans Royal ? On peut, pour le moins, en douter.

La nouvelle première secrétaire est donc ligotée. Par ceux qui l'ont faite reine, la droite du parti et la gauche de la gauche, ce front si unique qu'il ne peut qu'exploser. Strauss-kahniens, fabiusiens, hamonistes, formidables manœuvriers qui tenteront demain de la manœuvrer pour la faire tomber. Ah, ils ont « bien joué », pour « planter » Bertrand Delanoë qui, il est vrai, avait lui-même explosé de suffisance et d'insuffisance durant cette campagne interne. Mais le maire de Paris était tout de même arrivé devant sa collègue lilloise au premier tour ; c'est lui qui aurait dû être élu ; c'est lui que les aubrystes ont poignardé en cette nuit des fausses résolutions rémoises. Et l'on voudrait que cet homme, qui s'est rêvé aux plus hautes res-ponsabilités, se contente demain de lécher ses plaies en son palais de l'Hôtel de Ville ou à Bizerte, sa ville natale en Tunisie ! Qui a vaincu par le poignard périra... Aubry devra sans cesse regarder derrière son dos et compter ses doigts après avoir serré les mains. A qui peut-elle faire confiance ? A elle-même ? Même pas.
Car, pour l'emporter, elle a fait campagne contre l'alliance avec le centre, après s'être alliée avec les centristes lillois, ce qui lui a permis d'être brillamment élue à la mairie.

Ce mensonge fondateur, à l'instar du processus torve de son élection, lui soustrait le crédit dont elle aurait besoin pour remettre la maison socialiste d'aplomb.
Elle est pourtant contrainte de s'y employer, et même de s'attaquer aux fondements, alors que l'essentiel des forces qui ont fait son succès sont ceux qui l'ont laissée s'effondrer. Autrement dit, le feuilleton n'est pas fini. Cet épisode particulièrement piteux en annonce d'autres. Pas seulement « les feux de la haine », le duel passionnel de deux femmes - Royal-Aubry - dont les médias vont narrer avec délectation le moindre rebondissement. Pas seulement non plus le ballytrap et les chausse-trapes qui vont se multiplier avec les autres présidentiables quasi reconnus - Strauss-Kahn, Fabius, Delanoë - ou aspirant à l'être - Montebourg, Peillon, Valls, etc. Cette foire aux ambitions, si souvent désespérante, pourrait en fait dissimuler des raisons... d'espérer ! Même si le vieux monde jette ses feux aveuglants, le nouveau finira par surgir. Peut-être...

En fait, ça bouge au PS sous l'apparence de l'immuable. La crise économique et sociale renferme un formidable accélérateur d'idées comme de particules partisanes. Le PS maintenu commence de s'interroger sur son « intelligence avec l'ennemi », sur ses connivences avec l'idéologie néoli-bérale, sur ses concessions multiples à la vulgate moderniste du marché tout-puissant. Jamais la financiarisation n'aurait atteint cette frénésie paroxystique sans la complicité des sociaux-démocrates, aujourd'hui partout, ou presque, défaits en Europe.

Tout est à repenser chez les socialistes, et d'abord le rôle de l'Etat, qui ne saurait être seulement distributeur ou protecteur, mais aussi préventif et inventif. Eteindre les incendies financiers, c'est bien. Anticiper les crises, c'est mieux.
Mesurer les injustices ne suffit pas quand il s'agit de les réparer. La gauche redécouvre l'impératif de lutte contre les inégalités sociales, enfin. Mais il lui faut aussi réfléchir à son impensé des inégalités culturelles, aux manières d'y remédier. Elle n'a pas seulement à reprendre la rue, mais la pensée, individuelle et collective. Impossible, pour le PS notamment, de s'y soustraire, puisque l'ancien s'effondre sous les pieds, et que l'hypersarkozysme autoritaire déclenche un puissant appel d'air.

Déjà ont pris leurs marques, se sont précipités même, l'extrême gauche de Besancenot et le centre révolutionnaire de Bayrou.
Les communistes et républicains sociaux arrivent avec Jean-Luc Mélenchon, tandis que les écolos reprennent du poil de la bête avec Daniel Cohn-Bendit.
Les gaullistes tentent de ressusciter avec Nicolas Dupont-Aignan, alors même que Dominique deVillepin a repris un discours au clairon.
Chacun a déjà la tête aux élections européennes, plus précisément à la nécessité de refonder une ambition européenne qui redonne son sens à l'expression « communauté ». D'ici là, la crise économique et sociale va obliger à accélérer encore la révolution culturelle que même les néolibéraux ont été contraints d'entreprendre.
Et vous voudriez qu'on la leur abandonne ?
• N.D.et M.S.





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