PS: Les désignations aux européennes rallument le feu au PS
Martine Aubry à Paris le 28 février 2009/Medhi Fedouach AFP
POLITIQUE - Des partisans de Royal à ceux de Hollande...
Cela devait forcément arriver. Plusieurs centaines de candidats pour
142 places, dont à peine un vingtaine en position éligible: le PS
s'offre un regain de tension à l'occasion de la composition des listes
pour les élections européennes. Retour sur les conséquences de la
désignation des candidats.
Tension au sein du courant Royal. Tout part du
souhait de Martine Aubry de récompenser l'un de ses proches, le patron
des socialistes du Nord Gilles Pargneaux, propulsé tête de liste. S'il
ne veut pas disparaître des listes, Vincent Peillon doit donc se
trouver un autre point de chute. Ce sera finalement le Sud-est, malgré
le souhait de Gérard Collomb, maire de Lyon, d'y placer Thierry
Philipp. Furieux, Colomb évoque à la fin du Conseil national une
«parodie de démocratie» comme au «comité central du PC d'URSS». Vincent
Peillon évoquera un parachutage en forme de «crève-coeur» dimanche, avant de faire machine arrière dans les colonnes de La Provence lundi.
Hollande et Moscovici lâchent Delanoë. Le
mariage de raison entre les trois hommes, noué au congrès de Reims,
n'aura pas résisté longtemps. Pierre Moscovici a annoncé qu'il
reprenait sa liberté, non sans lacher quelques critiques vis-à-vis des
partisans de Delanoë, accusés
d' «agir à leur bénéfice exclusif». En clair: d'avoir trusté les
investitures au profit des proches du maire de Paris. Le député du
Doubs va donc tenter de structurer son courant, «Besoin de gauche»,
né de la contribution déposée au Congrès du Mans. C'est le même
diagnostic qui pousse François Hollande à réunir ses proches mardi
matin, révèle l'«Express». Lui aussi reprend sa liberté, autour de son association.
Dans le sud-est, le cas Filipetti met le feu en Bourgogne.
C'est le cas qui a fait grincer le plus de dents. Aurélie Filipetti,
élue en 2007 à l'Assemblée nationale, renonce à son mandat de députée
pour faire campagne aux élections européennes. Habituellement, ce sont
plutôt les députés européens qui délaissent leur siège pour retrouver
l'assemblée nationale: Pierre Moscovici est ainsi revenu au Palais
Bourbon à la faveur de sa victoire dans le Doubs aux législatives 2007.
Aurélie Filipetti explique sa décision sur son blog: elle craint d'être que sa circonscription ne soit visée par un redécoupage électoral défavorable à la gauche.
Pour protester, la vice-présidente de la région Bourgogne, Safia
Otokoré, qui figurait en 9e position, s'est retirée de la liste pour
manifester son mécontentement, tout comme le député sortant Pierre
Pribetich. Celui-ci fustige la présence en numéro deux sur la liste de
l'économiste Liem Hoang Ngoc, «un illustre inconnu travaillant sur
Paris», tandis que Safia Otokoré dénonce es méthodes «inacceptables»
d'Arnaud Montebourg, patron des socialistes de Saône-et-Loire. Lundi
soir, le président de région, François Patriat, a même demandé aux
militants de refuser de voter la liste aux européennes. Déjà dimanche,
deux autres candidats avaient refusé de figurer sur la liste pour
marquer leur désaccord.
Le parachutage de Henri Weber dans la région Centre. L'eurodéputé
fabiusien, élu dans le Nord, a été parachuté dans le Centre en 2009.
L'opération a fait une victime: le président de la région centre,
Jean-Paul Denanot, proche de Bertrand Delanoë, qui pourra compter sur
le soutien du Limousin. L'Auvergne, où les fabiusiens sont plutôt en
position de force, soutiendra Henri Weber.
Des partisans de Marie-Noëlle Lienemann ont également adressé une
lettre de protestation à Benoît Hamon. L'ancienne ministre et députée
sortante, qui a soutenu Hamon au congrès, a disparu des listes. Les
militants doivent valider les listes le 12 mars.
Emile Josselin
SOURCE: 20 minutes.fr