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2 avril 2009

G20 : la morale au chevet du capitalisme ?

                        

 

Chères amies, chers amis,

                        

Le G20 s'est réuni aujourd'hui pour « faire en sorte que cette crise ne se répète pas ». Est-ce bien là l’enjeu alors que le monde entier est plongé dans une crise dont on ne connait pas exactement l’ampleur ni la durée ?

                        

S’il faut se réjouir de la tenue, pour la deuxième fois, d’une réunion des pays représentant 90 % de la richesse mondiale et les deux tiers de la population, il ne faut pas non plus sous-estimer le poids des égoïsmes nationaux, et le rôle que la Chine entend désormais jouer sur la scène mondiale. Néanmoins, il faut se saisir de cette occasion pour que des progrès, si lents soient-ils, soient accomplis. Nous nous bornerons donc à indiquer les deux grandes directions dans lesquelles la France devrait s’engager vis-à-vis de ses partenaires du G20.

                        

Premièrement, il faut reconsidérer le G20 à l’aune de l’urgence sociale : la relance par la demande doit être un objectif clé des chefs d’État, comme le souhaite le président des États-Unis. En effet, toutes choses égales par ailleurs, le plan de relance américain pèse 2 % du PIB, quand le notre ne représente qu’un pour cent % du PIB. Nos entreprises ne trouvent plus de financement, le chômage augmente, les économistes prévoient une contraction de l’activité économique de plus de quatre points en moyenne en Europe en 2009. Il est donc urgent d’augmenter l’investissement public pour relancer la demande et non pas pour satisfaire, d’ici à 2012, les revendications de quelques intérêts sectoriels.

                        

Bien sûr, les longues tirades contre le capitalisme sauvage et aveugle dont Nicolas Sarkozy se fait le tout nouveau chantre sont de mises ! Oui, les incantations contre les paradis fiscaux, contre les bonus et les parachutes dorés de quelques patrons protégés font recette, mais elles interviennent à contre temps. Ce n’est pas en décrétant soudainement que le capitalisme doit être moral que l’on donnera aux Français les moyens de faire face au chômage, à la précarité et à la misère sociale. Ces procédés de communication masquent mal les faiblesses d’une politique économique qui doit être contrat cyclique pour que la croissance revienne, quitte à creuser le déficit comme le recommande la grande majorité des économistes en France, aux États-Unis ou en Grande Bretagne.

                        

Deuxièmement, et à moyen et long terme, il faut repenser le système financier : son architecture, sa régulation et ses modes de sanctions. Trois objectifs doivent être fixés : le renforcement de la coordination des politiques budgétaires, la mise en place d’une règlementation financière et bancaire et le renforcement des règles comptables.

                        

Une fois les objectifs clairement affirmés par les membres du G20, il faudra désigner un gendarme et un juge pour assurer le respect de cette nouvelle réglementation internationale. Aujourd’hui, l’architecture financière internationale souffre de confusion, il existe de multiples institutions dont les compétences se chevauchent : le forum de stabilité financière, le FMI, le Comité de Bâle, le comité IOSCO, la Banque Mondiale…Si le FMI semble le mieux placé pour endosser les habits du nouveau gendarme des marchés financiers, il faut alors, urgemment, en désigner un à l’échelle européenne. Tout effort de réorganisation et de réglementation internationale des marchés financiers ne peut avoir lieu sans démarche européenne simultanée.

                        

Dans cette confusion institutionnelle, le G20 a un rôle majeur à jouer : il doit être le lieu de définition des grandes orientations de la réglementation financière internationale. Instance de régulation, il doit aussi se transformer en une instance de contrôle et de sanction. Le monde dispose d’une opportunité sans précédent pour définir, enfin, les bases d’un droit financier international. C’est une occasion à ne pas manquer. Elle ne se reproduira peut être plus.

                        

Nos concitoyens sont en droit d’attendre du G20 des réponses claires et opérationnelles. Que notre président de la République l’entende : pas de morale, car nous ne sommes pas dupes. Nos concitoyens attendent des réponses efficaces pour que la croissance revienne et pour que, d’ici à son retour, ils aient les moyens de subsister.

                        

L'équipe de Ségolène Royal

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