Ils étaient entre 200 et 500...
Pour un réveil des consciences
par Annie et Henri Goldszer
Dimanche 29 mars. C’est le printemps, le soleil brille ; les forsythias, les magnolias, les jonquilles sont en fleurs. Les oiseaux chantent et la nature se réveille, enfin, après cet hiver si long et rigoureux. Certains préparent dans la joie leurs courtes vacances de Pâques pendant que d’autres, crise économique oblige, subissent des congés forcés à durée illimitée.
Parachutes dorés pour quelques uns, mais hélas avenir précaire et plans sociaux pour d’autres, et Sarkozorro éternellement en campagne électorale, s’agite, brasse du vent, fait illusion au G20 et au sommet de l’OTAN, et se croit indispensable à sauver le monde. Martine Aubry passe l’après-midi à la télé en quête de popularité, elle a raison, elle en a vraiment besoin! A l’évidence un dimanche normal, tout va pour le mieux dans le moins mauvais des monde !
Pendant ce temps, quelque part sur la côte africaine, entre 200 et 500 hommes, femmes et enfants ont pris la mer sur trois embarcations de fortune. Ils fuient la misère, la guerre, la faim, la maladie. Une espérance et une volonté très fortes les animent : ils bravent tous les dangers d’une traversée sans retour pour venir vivre et travailler sur la Terre Promise d’Europe.
Malheureusement pour eux, ce jour là, Nérée était absent. Une tempête s’est levée et les petites embarcations de l’espoir ont chaviré, TOUS CES MIGRANTS DE LA PAUVRETE SONT MORTS NOYES dans une mer en furie. Nul ne sait exactement combien ils étaient, ni d’où ils venaient. Victimes de la misère et de l’indifférence, ils n’existaient pas lorsqu’ils étaient vivants, ils n’existent pas plus morts !
De ce drame de l’horreur, de cette tragédie humaine, absolument rien dans aucun média, aucun débat, pas un hommage à leur courage. SILENCE TOTAL, ABSOLU, il ne faut pas risquer de réveiller les consciences !!!
Au milieu de leurs confrères, seuls deux chroniqueurs se sont levés : Olivier Duhamel sur France-culture et Ivan Levaï sur France-Inter...
Je les remercie ici d’avoir bravé les consciences pour parler de ce qui se passe à notre porte.
Et c’est bien de cela qu’il s’agit : cette horreur est à notre porte, et cette porte nous nous empressons de la fermer, nous nous empressons de regarder ailleurs parce que « ça » nous emmerde ; le Monde nous interroge et nous lui tournons le dos, occupés que nous sommes à nos petites affaires !!! Dans cette société de l’image sur-médiatisée, la vie de pauvres hères, accrochés à l’espoir, de surcroît « nègres », et pire encore, « pas entrés dans l’Histoire » selon Sarko à Dakar en juillet 2007 - alors vous pensez… - n’a pas plus de valeur qu’une merde de chien sur un trottoir !!!
Qui sommes-nous donc pour nous croire supérieurs aux autres peuples du Monde ?
Qui sommes-nous donc pour nous « foutre » à ce point de leur sort ?
Qui sommes-nous donc pour croire que cela ne touchera pas nos petites vies d’occidentaux, nantis pour la plupart, et puisant sans vergogne dans les ressources de cette terre d’Afrique à laquelle nous avons déjà tant pris, que nous avons tant saignée ?
N’est-il pas venu le temps de la citoyenneté planétaire, de la Révolution des Couleurs dont parle justement Ségolène Royal dans son discours dans cette même ville de Dakar ? Oui, elle a raison, c’est vrai nos destins sont liés à jamais, et l’Occident n’est pas LA perle de la civilisation, ce drame en est malheureusement la preuve absolue.
N’est-il pas temps de comprendre que la planète n’est qu’un village dont les habitants ne peuvent pas être autrement que fraternels, soucieux les uns des autres ?
N’est-il pas temps de comprendre que le même sort puisse un jour nous être réservé ?
N’est-il pas temps de comprendre, enfin, que la vie c’est l’addition de petites choses et du souci qu’on a de son frère, et non le blabla people qu’on nous sert afin de nous en mettre plein la vue, de donner de l’importance au futile, de nous endormir pour ne pas réfléchir ?
Fraternellement Annie et Henri Goldszer
NB: Une camarade,après avoir lu ce texte me dit:je suis d'accord sur tout ton texte mais comment faire?
Ma réponse est simple:Je n'ai pas de recette miracle pour imposer la
Fraternité. Ce que je sais, c'est qu'il ne faut pas rester inerte,
passif. Ecrire , parler, hurler son indignation, convaincre.
Alors vraiment si ce texte correspond à vos idées,
diffuser le le plus largement possible.
avec mes remerciements
Henri Goldszer