Contre la mort de l'hôpital public : l'appel des 25
Extrait:
Le maître-mot n’est plus la santé mais la rentabilité. La préoccupation
centrale n’est plus le malade mais le compte d’exploitation de
l’hôpital. Et les premières victimes en seront les patients et les
soignants.
Cette loi cale l’hôpital sur l’entreprise. Elle donne tous les pouvoirs
au Directeur de l’Hôpital, nommé et révoqué par le Directeur de
l’Agence Régionale de Santé, lui-même nommé et révoqué par le Conseil
des Ministres. Ce directeur pourra n’avoir aucune compétence médicale
ou en santé.C’est pourtant lui qui arrêtera le projet médical de
l’hôpital. Lui aussi qui nommera et révoquera les médecins responsable
des structures de soins (pôles, départements, services…). Sur quels
critères ?
La tarification des actes est semblable dans les secteurs privé et
public – comme si les pathologies et la continuité des soins y étaient
comparables ! La pensée marchande dont se prévaut cette loi réduit le
qualitatif au quantitatif, le malade au tarif de sa maladie.
Dans le même temps on organise des suppressions massives et injustifiées d’emplois d’infirmières et d’aides-soignants.
Bien sûr, l’hôpital public doit être réformé. Bien sûr, l’hôpital public doit être réformé. Mais certainement pas de cette manière.
Il faut repenser l’organisation hospitalière pour répartir de manière
harmonieuse sur le territoire, sans redondance, les stuctures de soins
et les spécialités en prenant en compte aussi leur niveau de technicité
et l’accueil des urgences ; organiser la continuité des prises en
charge au fur et à mesure de l’évolution du type de soins que demandent
les malades.
Il faut réfléchir aux nouveaux métiers de la médecine ; prendre en
compte la nécessaire pluridisciplinarité ; reconnaître et valoriser les
actes des infirmières et des personnels paramédicaux (psychologues,
diététiciennes, orthophonistes, etc.) ; promouvoir la prévention, le
dépistage, l’éducation thérapeutique.
Il faut impliquer toutes les unités de soins hospitalières dans des
activités de recherche structurées et adosser les orientations
cliniques à un projet médical qui ne soit pas fondé sur la rentabilité
mais d’abord sur les besoins de la population, l’évolution prévisible
des grandes questions de santé publique, l’avancée des connaissances et
des progrès technologiques.
Il faut un financement, propre à l’hôpital, qui tienne compte de
l’innovation, de la lourdeur des pathologies, de la précarité, des
handicaps de la vie.
A cet effort-là, source de progrès et de solidarité, tous les médecins
et personnels hospitaliers sont prêts à souscrire. Mais pas à cette loi
destructrice et injuste.
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Le texte publié conjointement par nouvelobs.com et Le Nouvel Observateur dénonce la loi Bachelot, une loi à la "pensée marchande" qui réduit "le malade au tarif de sa maladie".
Plus de 5.000 personnes avaient soutenu vendredi 17 avril au matin l'"appel des 25", signé par des personnalités des hôpitaux parisiens, dénonçant la réforme de l'hôpital voulue par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot.
Cet appel dénonce notamment une loi à la "pensée marchande" qui réduit
"le malade au tarif de sa maladie". Parmi ses signataires figurent par
exemple le gynécologue-obstétricien René Frydman ou le diabétologue
André Grimaldi.
Le projet de loi "Hôpital, Patients, Santé, Territoires"
(HPST), déjà adopté par les députés, doit être examiné par les
sénateurs à partir du 11 mai. Il est toutefois contesté jusqu'au sein
de la majorité, notamment par le député UMP Bernard Debré, également professeur de médecine.