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25 avril 2009

Chômage des jeunes : Sarkozy condamné à l'échec ?

Par François Krug sur le blog RUE89

   

 

Nicolas Sarkozy présente ce vendredi son plan contre le chômage des jeunes. Un de plus : depuis trente ans, les contrats réservés aux 15-25 ans et les aides aux entreprises se sont enchaînées, sans beaucoup de résultats. Des TUC au CPE, Eco89 passe en revue les dix dispositifs les plus marquants. Sarkozy réussira-t-il là où tous ses prédécesseurs ont échoué ?

Selon Le Monde, le nouveau plan représentera un milliard d'euros. Pas question, semble-t-il, de créer un nouveau type de contrat de travail. Sarkozy aurait choisi de relancer les dispositifs existants, comme le contrat initiative emploi ou le contrat de professionnalisation, et d'encourager la formation en alternance.


 « Mettre les jeunes dans des parkings »

En apparence, rien de bien nouveau. Martin Hirsch promet pourtant un plan « original ». Invité du congrès de l'Unef ce jeudi, le haut commissaire à la Jeunesse a expliqué :

« Ce n'est pas un plan dans lequel on mettra les jeunes dans des parkings en attendant que le couvercle de la crise se lève. »

Des parkings ? C'est un résumé peu flatteur des plans lancés à droite comme à gauche pendant trente ans. Au cours de cette période, le taux de chômage des jeunes a oscillé entre un minimum de 9,7% et un maximum de 23,1%, selon les chiffres de l'Insee. Fin 2008, il s'élevait à 20,4%.

Comme le montre cette chronologie des dix plans les plus importants, deux stratégies ont alterné : inciter les entreprises à embaucher à coups d'aides et d'exonérations, voire en réécrivant le code du travail, ou créer des emplois de toute pièce dans le secteur public et les associations.

Paradoxe :  au sein du gouvernement, l'UMP Laurent Wauquiez penchait pour la solution privilégiée par la gauche, celle des emplois publics. Et Martin Hirsch, proche de la gauche avant son arrivée au gouvernement, misait au contraire sur le privé.

Faut-il compter sur les entreprises ?

Comme le montre notre chronologie, c'est la solution privilégiée par tous les gouvernements de droite, de Raymond Barre en 1977 à Dominique de Villepin en 2006. Le recrutement de jeunes qualifiés coûterait trop cher, et l'Etat doit donc encourager les entreprises :

  • En réduisant les charges, comme pour le Pacte national pour l'emploi des jeunes de Barre ou le Plan d'urgence du gouvernement Chirac en 1986
  • En prenant en charge une partie du salaire, comme pour le Contrat jeune en entreprise de Jean-Pierre Raffarin en 2002
  • En réduisant le salaire minimum appliqué aux jeunes, comme pour le Contrat d'insertion professionnelle d'Edouard Balladur en 1994, retiré après une vague de manifestations
  • En assouplissant le Code du travail, comme avec la période d'essai de deux ans du Contrat première embauche de Villepin en 2006, un projet lui aussi abandonné sous la pression

Pour Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, miser sur le privé n'est pas la solution idéale. Sensible aux « effets d'aubaine », les entreprises recruteront peut-être des jeunes, mais le nombre total de chômeurs ne reculera pas pour autant :

« A volume d'activité constant, ce sera au détriment d'une autre catégorie. Le chômage fonctionne un peu comme une liste d'attente : si on aide les moins de 25 ans, on risque d'avoir un problème sur les plus de 25 ans. »

Faut-il créer des emplois publics ?

C'est la solution privilégiée par la gauche. Les travaux d'utilité collective de 1984, les contrats emploi solidarité de 1990 et les emplois jeunes de 1997 ont tous suivi la même logique : créer des emplois de toute pièce dans le secteur « non marchand » (administration, collectivités locales, associations…), sans remettre en cause les emplois déjà existants.

Pour Mathieu Plane, cette stratégie de « traitement social du chômage » est encore la plus efficace :

« Dans le secteur marchand, il y a un effet d'aubaine. Dans le public, vous pouvez augmenter le volume global et ce ne sera pas au détriment d'une autre catégorie. Les entreprises sont dans une logique d'ajustement très forte, et la seule entité qui peut contrebalancer cet effet, c'est l'Etat, en jouant le rôle de recruteur. »

Une seule solution :  le plein emploi

Mais pour Mathieu Plane, le véritable problème est celui de l'enseignement et de la formation. Le taux de chômage des jeunes doit être interprété avec précaution, rappelle l'économiste de l'OFCE :

« Il ne porte pas sur l'ensemble des jeunes, mais sur la population active de cette classe d'âge. C'est celle qui est sortie le plus tôt du système scolaire, elle est moins qualifiée que la moyenne des jeunes. Ça reporte le problème à la question de la qualification. »

Ce manque de qualification condamnerait une partie des jeunes à la précarité :

« Les jeunes sont sur-représentés dans la précarité, dans les CDD et les intérims. Ils sont une variable d'ajustement très forte pour les entreprises. »

La seule solution, « c'est le plein emploi », résume Mathieu Plane. C'est-à-dire une situation où le rapport de force entre les recruteurs et les jeunes s'inverserait :

« Le problème est lié au chômage de masse. Tant qu'on aura ce chômage de masse et qu'il n'y aura pas de tension sur le marché du travail, les entreprises ne se tourneront pas vers cette main-d'œuvre. Ou alors il faudra mettre énormément d'aides sur les jeunes, mais ça ne fera que déplacer le problème. »

                   

 

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