Ségolène Royal chez Aphatie 23/04. La lettre à Zapatero
Par Jean-Michel Aphatie le 23 avril 2009, 09:37 - Lien permanent
Ce matin, Ségolène Royal, invitée de RTL à 7h50, était d’excellente humeur. Parfois, dans ces circonstances là, elle se montre plus sombre, plus lointaine, presque étrangère aux gens qui l’entourent. Mais ce matin, non. Avant même d’entrer dans le studio, assise à la table une tasse de thé à la main, elle était souriante, gaie, assez amusée même dans l’échange. Comme d’habitude, ou plus exactement comme je le fais avec tous les invités, je me suis présenté une ou deux minutes avant l’interview, de manière à pouvoir échanger quelques mots de courtoisie sans prendre le risque d’entamer tout de suite, et avant l’heure, une discussion sérieuse. Je ne me souviens plus des propos qui ont circulé autour de la table, où se trouvait aussi Christian Ménenteau, chronique économique effectuée, mais juste avant de nous lever pour entrer en studio, Ségolène Royal s’est tournée vers moi, promettant ceci dans un éclat de rire: « Si vous le voulez, j’ai une blague pour votre blog. Mais je vous la dirai après l’interview. » Marché conclu.
Parfois dans ce genre d’exercice, Ségolène Royal n’est ni souple, ni maniable. Il m’est arrivé certains matins de constater, pour le regretter, qu’elle pouvait se moquer totalement de la question posée, de négliger totalement son interlocuteur, et de délivrer, visage fermée, le message qu’elle entendait délivrer. Dans ces moments là, impossible de la couper, impossible de cadrer le dialogue, impossible d’arrêter le flot. D’où, de temps en temps, le sentiment pour l’auditeur, d’une certaine agressivité dans l’échange et, hélas, celui d’une certaine hostilité du journaliste à l’égard de la responsable politique. Perception évidemment éloignée de la réalité car un journaliste est inutile, embarrassant même, s’il oublie qu’une interview doit être un échange et non pas un débat. Encore faut-il que l’invité joue le jeu, qu’il réponde aux questions, qu’il accepte le pacte du dialogue et qu’il ne se place pas dans le registre du monologue.
Ce matin, Ségolène Royal était une invité idéale. Ses réponses partaient des questions. Ainsi, elle a pu dire son sentiment sur l’était du dialogue social, « digne du moyen âge » selon elle, sur la violence de la crise, sur la faiblesse du gouvernement dans sa gestion. Bien sûr, nous sommes revenus sur l’épisode des « excuses ». Là aussi, elle a répondu de manière directe et simple, conférant ainsi à l’échange une fluidité qui m’a paru le rendre agréable.
Dans sa bonne volonté, elle m’a même tendu un document lors de l’interview. Il s’agissait de la lettre, manuscrite, qu’elle a fait parvenir à José Luis Zapatero, à la suite des propos le concernant prêtés à Nicolas Sarkozy. Je reproduis ici le document, au titre de matériau historique pour les futurs historiens de la période, et sans souci de remerciements ou de reconnaissance.
Nous sommes sortis du studio, d’autres rendez-vous attendaient Ségolène Royal qui l’ont obligé à sauter le petit-déjeuner qui suit traditionnellement l’interview. « Alors, cette blague? », lui ai-je demandé. Elle a souri, puis s’est livrée.
« Vous avez vu les propos de Frédéric Lefebvre après mes excuses, il lui faut un soutien psychologique, a-t-il dit en parlant de moi. » J’avais vu, oui. « J’ai reçu un courrier d’un habitant de ma région. Il m’a rappelé un proverbe des campagnes: « On ne discute pas avec une brouette, on la pousse ». Elle a ri, avec fraîcheur, encore amusée par le tintamarre, hors d’atteinte des critiques et des moqueries, très visiblement décidée à poursuivre son chemin, ce qu’elle a fait en descendant les escaliers de RTL dans un ultime salut qui disait sa gaieté du matin.