CAP2012: L’éternel retour de l’alliance PS-MoDem
Il
est des sujets qui font démarrer le PS au quart de tour. La question
des rapports avec le MoDem, par exemple. La mécanique est bien huilée ;
ce sont toujours les mêmes qui tiennent les mêmes rôles, les arguments
échangés ne varient pas d’un iota et l’on se retrouve, à la fin, au
point où l’on se trouvait au début de l’échange. Rite, joute symbolique
? D’abord et surtout de la politique.
La sortie de François Hollande, interpellant François Bayrou et invitant le MoDem à choisir son camp et donc à envisager une alliance à gauche pour gouverner en 2012 n’était, on le répète, évidemment pas innocente. Quelques jours avant la sortie du livre-brûlot de François Bayrou sur Nicolas Sarkozy, elle tombait à point nommé ; en plein démarrage de la campagne pour les Européennes, elle ne pouvait que susciter des réactions en chaine au sein du PS. Chacun a donc joué sa partition.
Bayrou est un « concurrent » dans la perspective du scrutin du 7 juin et il est contre-productif « de le faire exister » s’est offusqué Benoît Hamon. En face, ceux qui secouent le cocotier de l’alliance avec le MoDem cherchent à mettre les centristes en difficulté en leur demandant de choisir enfin leur camp. En 2007, François Bayrou n’a-t-il pas contribué à faire élire Sarkozy en refusant d’ouvrir sa porte, un soir de mai, à Ségolène Royal ? Il cherchent aussi à préparer le terrain des régionales de mars 2010, dans six mois à peine. Pour ces élections à deux tours où la gauche a tant à perdre, nombre de présidents sortants socialistes auront besoin du MoDem au deuxième, voire dés le premier tour. François Hollande avait édicté pour les municipales de 2008 un triptyque qui a plutôt bien fonctionné. L’alliance avec ces chers centristes exigeait que
1/ils s’engagent à adhérer à un programme municipal de gauche
2/ n’imposent pas la mise à l’écart de tel ou tel allié traditionnel, communiste notamment
3/ justifient d’un certificat homologué d’anti-Sarkozysme.
L’ex-patron du PS considère qu’il est habilité à jeter son pavé dans la
mare. Le MoDem, concurrent en 2009 mais complice en 2010 et allié en
2012 ?
En remettant cette question sur le tapis,
Hollande et quelques autres, dont François Rebsamen, cherchent aussi à
semer la zizanie au sein de la direction qui a fait du « niet » au
Modem l’un des ciments de la coalition hétérogène constituée autour de
la première secrétaire (qui assure que les représentants du MoDem
lillois ne sont pas des centristes mais une espèce rarissime de
socialistes débadgés). Or, pour certains proches de Martine Aubry, un
rapprochement avec les centristes n’est pas forcément inévitable en
2012. « Que sera l’équation politique dans un an et demi. Est-on vraiment sûr que Bayrou sera toujours incontournable ?
» interroge François Lamy, député de l’Essonne. Et le bras-droit de
Martine Aubry d’estimer qu’au soir du 7 juin, il se pourrait que
l’addition des voix du PS et des autres forces de gauche (écologistes
compris) soit majoritaire dans le pays ou proche de l’être. « Dans ce cas, l’analyse de l’avenir serait différente »
dit-il. Un calcul arithmétiquement exact mais politiquement risqué.
Trois raisons à cela : le taux d’abstention risque d’être fort élevé le
7 juin, surtout à droite, cette élection favorise en général le vote
protestataire et, surtout, elle fait l’impasse sur le coefficient
personnel des candidats à l’Elysée (la présence du président sortant
mais aussi celle de Bayrou, qui pèse électoralement beaucoup plus que
les listes MoDem).
La question des alliances ne se traitera sans doute pas à froid.
Il est plus probable qu’elle se dénouera en 2012 entre les deux tours,
sur la base d’un bon vieux rapport de forces. Et sachant que François
Bayrou ne réussira son pari que si le PS reste dans les
starting-blocks, la gauche ne pourra, dans tous les cas de figure,
tourner la situation à son avantage qu’en permettant à son ou sa
candidat(e) de créer une dynamique et de prendre assez d’élan au
premier tour. Il semble qu’il y ait du pain sur la planche.