HADOPI: Les alternatives nécessaires
Les alternatives nécessaires à la loi Hadopi : Ségolène Royal voit juste
Par LEFTWAY sur son BLOG 9 mai 2009
e
"C'est
un crève-coeur que de voir des artistes rompre avec le Parti
socialiste. Nos propositions, qui auraient dû faire consensus, se
retournent contre nous", avait déclaré Ségolène Royal le jeudi 7 mai
lors d'un entretien au Monde. Elle faisait référence aux prises de
positions d'artistes en faveur de la loi Hadopi, prises de position
dont a droite a pu se réjouir : même si ces artistes étaient
minoritaires, même si beaucoup d'autres se sont déclarés et se
déclarent toujours opposés à Hadopi, ceci a pu donner l'impression d'un
divorce entre le Parti socialiste et les artistes traditionnellement à
gauche.
Ségolène Royal a vu juste en mettant le doigt sur un point
essentiel : l'absence apparente de contre-proposition du Parti
socialiste au projet de loi Hadopi, absence qui a pu donner
l'impression que le dispositif Hadopi était la seule méthode permettant
de lutter contre les téléchargements illégaux et de garantir une
rémunération aux artistes.
Au-delà de ses aspects liberticides
qui soulèvent la polémique, la loi Hadopi est inapplicable et déjà
obsolète.
Tout se passe comme si l'UMP et le ministère de la Culture se
croient 10 ans en arrière aux débuts d'Internet.
Rappelons que des réseaux comme Kaaza et Naspter ont été fermés il y a longtemps et que ça n'a jamais empêché les téléchargements illégaux. Le réseau PirateBay a déjà trouvé une parade à Hadopi en proposant le service Ipredator : pour 5 Euros par mois, l'internaute peut télécharger en toute discrétion (et tout aussi illégalement) par brouillage de son adresse IP. De même, détourner son adresse IP et faire accuser son voisin de piratage est extrêmement facile.
On
pourrait multiplier les exemples pour arriver à une conclusion évidente
: la loi Hadopi ert inapplicable et complètement dépassée. Elle refuse
de tenir compte de l'ampleur des échanges et des téléchargements
massifs via les réseaux Internet, qui sont une révolution dans la
diffusion de la culture, révolution d'une importance aussi grande que
la découverte de l'imprimerie au XVème siècle ou du cinéma fin XIXème
siècle.
Si la loi Hadopi est mise en place, les
téléchargements illégaux loin
de faiblir vont continuer à prendre de l'ampleur et les artistes
verront leurs revenus continuer à s'effondrer. Tenir compte d'Internet
et des réseaux PeerToPeer est la meilleure solution pour garantir la
rémunération des artistes.
La question est de savoir comment. Ségolène Royal dans son entretien au Monde proposait d'expérimenter la licence globale pour voir si ça marche
.
Le principe de la licence globale consiste à appliquer une rémunération
aux artistes et ayants droits proportionnellement à l'ampleur des
téléchargements des oeuvres. On a proposé aussi un système par
abonnement ou par redevance. Ce dispositif n'a pour l'instant pas été
appliqué, ses détracteurs affirmant qu'il était impossible
techniquement à mettre en place. Il faudrait d'abord le tester pour le
savoir ! Trois majors américaines sur quatre (Warner, EMI et Sony Music) se sont d'ailleurs déclaré favorable à une licence globale.
Le
service Ipredator proposé par PirateBay (téléchargements illégaux en
toute discrétion pour 5 Euros par mois) remet sur le tapis
l'opportunité d'une licence globale : si les internautes sont capables
de payer 5 Euros par mois pour télécharger illégalement, il vaut mieux
qu'ils déboursent cette somme pour la rémunération les artistes.
Il
existe aussi d'autres dispositifs utilisant Internet pour casser la
frontière traditionnelle entre artistes/vendeurs et
acheteurs/consommateurs, dispositifs
introduisant un système participatif entre les créateurs et leur
public. On se souvient de Radiohead qui il y a près de deux ans avait
proposé son album In Rainbows en téléchargement sur Internet
et pour lequel l'internaute pouvait choisir lui-même le prix d'achat,
la gratuité étant possible ! On peut citer aussi un label comme Spidart qui
fonctionne sur un mode participatif : les artistes présentent leurs créations et ce sont
les internautes qui deviennent producteurs en décidant de financer (ou pas) leurs
projets.
Autre
phénomène important prouvant qu'Internet peut puissamment aider la
création artistique : la Musique Libre. Kezako ? Certains artistes
s'affranchissent des contraintes des circuits commerciaux traditionnels
pour diffuser directement leurs oeuvres via Internet sous différentes
licences libres (Creatives Commons, Art Libre), licences garantissant
la libre diffusion des oeuvres et protégeant en même temps la propriété
du créateur. N'allez pas croire que la musique libre n'est pas une
musique d'amateurs au rabais : certains artistes connus (Beastie Boys,
Gilberto
Gil, Nine Inch Nails ..) ont déjà diffusé des albums via le circuit de
la musique
libre.
Ecoutez et téléchargez (c'est non seulement légal mais encouragé) les titres proposés sur des labels de musique libre comme Jamendo ou Dogmazic. Je propose aussi une section Supplément musique libre
sur le blog Leftway. Tous les styles musicaux sont présentés en musique
libre et la qualité n'a absolument pas à rougir de la comparaison avec
les oeuvres diffusées par les circuits commerciaux traditionnels.
Le site Clubic avait réalisé courant 2007 un dossier complet sur la musique libre,
dossier expliquant comment la diffusion gratuite de musique libre
pouvait servir de puissant produit d'appel incitant à l'achat de
disques et de places de concerts.
Ségolène Royal a eu entièrement raison de mettre l'accent sur la nécessité de trouver des contre-propositions à la loi Hadopi : les dispositifs alternatifs existant permettent déjà d'élaborer des contre-propositions.
Crédit photo : Wikimedia Commons. Source : http://alliance.bugiweb.com/usr/Documents/repartition.jpg, Droits : Licence de documentation libre GNU.