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11 mai 2009

HADOPI: Les alternatives nécessaires

Les alternatives nécessaires à la loi Hadopi : Ségolène Royal voit juste

                                                                                                        

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"C'est un crève-coeur que de voir des artistes rompre avec le Parti socialiste. Nos propositions, qui auraient dû faire consensus, se retournent contre nous",
avait déclaré Ségolène Royal le jeudi 7 mai lors d'un entretien au Monde. Elle faisait référence aux prises de positions d'artistes en faveur de la loi Hadopi, prises de position dont a droite a pu se réjouir : même si ces artistes étaient minoritaires, même si beaucoup d'autres  se sont déclarés et se déclarent toujours opposés à Hadopi, ceci a pu donner l'impression d'un divorce entre le Parti socialiste et les artistes traditionnellement à gauche.

Ségolène Royal a vu juste en mettant le doigt sur un point essentiel
:  l'absence apparente de contre-proposition du Parti socialiste au projet de loi Hadopi, absence qui a pu donner l'impression que le dispositif Hadopi était la seule méthode permettant de lutter contre les téléchargements illégaux et de garantir une rémunération aux artistes.

Au-delà de ses aspects liberticides qui soulèvent la polémique, la loi Hadopi est inapplicable et déjà obsolète.

Tout se passe comme si l'UMP et le ministère de la Culture se croient 10 ans en arrière aux débuts d'Internet.

Rappelons que des réseaux comme Kaaza et Naspter ont été fermés il y a longtemps et que ça n'a jamais empêché  les téléchargements illégaux. Le réseau PirateBay a déjà trouvé une parade à Hadopi en proposant le service Ipredator : pour 5 Euros par mois, l'internaute peut télécharger en toute discrétion (et tout aussi illégalement) par brouillage de son adresse IP. De même, détourner son adresse IP et faire accuser son voisin de piratage est extrêmement facile.

On pourrait multiplier les exemples pour arriver à une conclusion évidente : la loi Hadopi ert inapplicable et complètement dépassée. Elle refuse de tenir compte de l'ampleur des échanges et des téléchargements massifs via les réseaux Internet, qui sont une révolution dans la diffusion de la culture, révolution d'une importance aussi grande que la découverte de l'imprimerie au XVème siècle ou du cinéma fin XIXème siècle.

Si la loi Hadopi est mise en place, les téléchargements illégaux loin de faiblir vont continuer à prendre de l'ampleur et les artistes verront leurs revenus continuer à s'effondrer. Tenir compte d'Internet et des réseaux PeerToPeer est la meilleure solution pour garantir la rémunération des artistes.

La question est de savoir comment. Ségolène Royal dans son entretien au Monde proposait d'expérimenter la licence globale pour voir si ça marche. Le principe de la licence globale consiste à appliquer une rémunération aux artistes et ayants droits proportionnellement à l'ampleur des téléchargements des oeuvres. On a proposé aussi un système par abonnement ou par redevance. Ce dispositif n'a pour l'instant pas été appliqué, ses détracteurs affirmant qu'il était impossible techniquement à mettre en place. Il faudrait d'abord le tester pour le savoir ! Trois majors américaines sur quatre (Warner, EMI et Sony Music) se sont d'ailleurs déclaré favorable à une licence globale.
Le service Ipredator proposé par PirateBay (téléchargements illégaux en toute discrétion  pour 5 Euros par mois) remet sur le tapis l'opportunité d'une licence globale : si les internautes sont capables de payer 5 Euros par mois pour télécharger illégalement, il vaut mieux qu'ils déboursent cette somme pour la rémunération les artistes.

Il existe aussi d'autres dispositifs utilisant Internet pour casser la frontière traditionnelle entre artistes/vendeurs et acheteurs/consommateurs,
dispositifs introduisant un système participatif entre les créateurs et leur public. On se souvient de Radiohead qui il y a près de deux ans avait proposé son album In Rainbows en téléchargement sur Internet et pour lequel l'internaute pouvait choisir lui-même le prix d'achat, la gratuité étant possible ! On peut citer aussi un label comme Spidart qui fonctionne sur un mode participatif : les artistes présentent leurs créations et ce sont les internautes qui deviennent producteurs en décidant de financer (ou pas) leurs projets.

Autre phénomène important prouvant qu'Internet peut puissamment aider la création artistique : la Musique Libre. Kezako ? Certains artistes s'affranchissent des contraintes des circuits commerciaux traditionnels pour diffuser directement leurs oeuvres via Internet sous différentes licences libres (Creatives Commons, Art Libre), licences  garantissant la libre diffusion des oeuvres et protégeant en même temps la propriété du créateur. N'allez pas croire que la musique libre n'est pas une musique d'amateurs au rabais : certains artistes connus (Beastie Boys, Gilberto Gil,  Nine Inch Nails ..) ont déjà diffusé des albums via le circuit de la musique libre.
Ecoutez et téléchargez (c'est non seulement légal mais encouragé) les titres proposés sur des labels de musique libre comme Jamendo ou Dogmazic. Je propose aussi une section Supplément musique libre sur le blog Leftway. Tous les styles musicaux sont présentés en musique libre et la qualité n'a absolument pas à rougir de la comparaison avec les oeuvres diffusées par les circuits commerciaux traditionnels.
Le site Clubic avait réalisé courant 2007 un dossier complet sur la musique libre, dossier expliquant comment la diffusion gratuite de musique libre pouvait servir de puissant produit d'appel incitant à l'achat de disques et de places de concerts.

Ségolène Royal a eu entièrement raison de mettre l'accent sur la nécessité de trouver des contre-propositions à la loi Hadopi  : les dispositifs alternatifs existant permettent déjà d'élaborer des contre-propositions.

Crédit photo : Wikimedia Commons. Source : http://alliance.bugiweb.com/usr/Documents/repartition.jpg, Droits : Licence de documentation libre GNU.

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