HADOPI : “Oui, l’internet libre est un combat socialiste !”
Alors que le Parlement européen a adopté (à nouveau) un amendement rendant le principe de risposte graduée français incompatible avec la législation européenne, la majorité UMP continue à vouloir imposer la loi Hadopi.
Je vous invite à lire ce courrier sincère et "remonté" d’un simple militant :
"A l’attention de MME Martine AUBRY
Première Secrétaire du Parti Socialiste
Madame la première secrétaire, chère Camarade,
Je ne suis pas Pierre Arditi, ma notoriété se limite à mon
quartier et à ma section locale de Vauvert, aux portes de la Camargue,
tout au bout du Gard, le genre de localité où l’on ne s’arrête pas.
Mais je n’en pense pas moins que ma voix soit moins importante que la
sienne pour autant.
D’autant qu’elle ressemble à celle de centaines de milliers d’autres,
qui forment les rangs de vos militants, de vos cadres et élus locaux,
qui devant la violence des propos de certains artistes se prétendant de
gauche et se livrant à l’égard de notre parti tout entier à un
véritable chantage n’ayant pour seule motivation que leurs intérêts
financiers, je ne pouvais rester silencieux plus longtemps.
Depuis des décennies pour certains de nos camarades, à vous comme à
moi, depuis des années pour beaucoup en tous cas, nous, les militants
de base qui donnons de notre temps et de notre sueur sans compter, avec
un dévouement constant au Parti, n’avons jamais défendu que l’intérêt
général et le bien public. Comme le font avec honneur nos députés
aujourd’hui à l’Assemblée Nationale en s’opposant au projet de loi de
MME ALBANEL instaurant l’HADOPI.
Et il était sans doute opportun, alors que le Parlement Européen vient
encore une fois, aujourd’hui même, de marquer son attachement au fait
qu’"aucune
restriction ne peut être imposée aux droits et libertés fondamentaux
des utilisateurs finaux sans décision préalable des autorités
judiciaires, conformément à l’article 11 de la charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne, sauf lorsque la sécurité publique
est menacée", de manifester notre soutien à nos députés face au
chantage des "artistes" qui se croient propriétaires, plus que nous, de
notre Parti.
Je ne reviendrai pas sur les arguments en faveur de la lutte acharnée
menée depuis des mois contre le projet HADOPI du régime sarkozyste.
Vous les savez autant que moi et nos députés les ont porté avec force
depuis plusieurs semaines maintenant.
Non, et vous excuserez, j’espère mon culot de vous écrire ainsi alors
que je ne suis qu’un tout petit militant de base du fin fond de la
Camargue, bref un cul terreux d’informaticien de campagne, pour vous
demander simplement de tenir bon face à ces gens qui ne sont et n’ont
jamais été ni vos militants, ni vos cadres, ni ces petits élus locaux,
qui avec leurs faibles moyens, subissent chaque jour la droite à tous
les étages, en tant que citoyens, en tant que socialistes, en tant
qu’élus d’opposition.
Non, je vous demande simplement, de tenir bon face à ce qui est un
chantage ignoble de la part de gens, dont la presse PEOPLE dévoile aux
pauvres gens, chaque semaine sur les tables des salles d’attente des
medécins ou aux rayons de la maison de la presse, comment vivent les
"ayant droit" comme on les appelle.
Et je ne peux que ressentir un sentiment profond de désarroi en voyant
ces gens se plaindre la bouche pleine quand 8 millions de personnes
vivent en état de pauvreté dans notre pays, 1 français sur 5 vit avec
moins de 880 euros par mois, que des centaines de milliers de salariés
ont perdu leur emploi en quelques mois, que des millions de familles
ont souffert depuis tant d’année de la baisse du pouvoir d’achat et de
la précarité croissante, et ce bien avant la crise.
Oui je ressens du désarroi et de la colère aussi contre ces nantis qui
au nom de l’argent roi se proclament de gauche, font du chantage à
notre parti, tout en soutenant l’un des projets les plus régressifs et
dangereux depuis la seconde guerre mondiale. Pourquoi les députés
européens, de droite comme de gauche, s’opposeraient, sinon, à ce
projet français si ils n’y voyaient pas le risque de voir instaurer une
société totalisante où les citoyens seraient surveillés en permanence
dans leur moindres faits et gestes, au mépris du moindre respect de la
vie privée et des libertés publiques, pour le seul profit des
industries du divertissement, complices de ceux qui ont relégué au bas
du monde les prolétaires d’un schéma ultralibéral que les crédits, la
star-académie et l’information officielle ("labellisée" comme le dit
Sarkozy) n’ont déjà plus réduit qu’à leur condition de "consommateurs".
Oui notre société est malade de cet argent roi dont l’absolutisme en
vient ici à contester la moindre des libertés à ses "sujets". Tout ne
devrait donc être que marchandise et commerce ?
Oui l’internet libre est un combat socialiste, parce qu’il porte les
valeurs d’un "autre monde possible", fondé sur le partage et l’échange,
sur la liberté et le refus de la marchandisation outrancière de la
culture. Oui des solutions existent d’une rémunération juste de la
création, que des centaines d’artistes, de véritables ceux là, des
dessinateurs de BD aux créateurs de Science Fiction, en passant par les
auteurs, compositeurs et interprètes sous licence "creative common",
défendent d’ailleurs en s’opposant eux aussi à l’HADOPI.
Et dans mon petit domaine, celui de l’informatique, tous ceux qui
défendent le logiciel libre mis en danger par l’HADOPI qui sera un
moyen supplémentaire d’écrasement de l’open source au profit de la wold
company Microsoft, alors que Linux est une chance pour qui croit en
l’informatique pour tous et luttent contre la fracture numérique en
proposant des systèmes libres face au mur de l’argent des licences
propriétaires. Je rappelle d’ailleurs à cet égard que les français sont
même leaders mondiaux en innovations et utilisation de Linux et des
logiciels open-source
Madame la première secrétaire, chère Camarade, je vous demande
simplement de tenir bon sur nos valeurs et nos principes qui ne sont
évidemment pas celles des peoples et des millionaires du top50, qui par
les insultes de M. Maxime Leforestier traitant le monde de l’internet
libre de "pétainistes" n’ont montré qu’un visage de mépris pour le
peuple et de cupidité les amenant à des errements verbaux bien peu
honorables, auxquels il serait pourtant facile de rappeler avec
cruauté, tel cet article de Paris Match du 9 février 2009, copie
ci-jointe, que pendant que le bas peuple souffrait la guerre et
l’occupation, le tout Paris des Arletty et autres Mireille Balin, des
chanteurs et des comédiens, se retrouvait à la maison d’Edith pour
coucher, au sens propre comme au figuré, avec l’occupant nazi.
Et je n’ose imaginer dans les années 80s, Daniel Balavoine soutenant un
projet visant à fliquer les cours de récréation des lycées où l’on
s’échangeait les cassettes copiées et recopiées de ses albums, pas plus
que Coluche portant plainte contre une radio associative diffusant un
de ses sketchs "sans autorisation" (et surtout sans passer à la caisse).
Au nom de nos valeurs, Madame la première secrétaire, au nom de qui
nous sommes, je vous demande simplement de tenir bon au nom du peuple
de gauche, celui qui, c’est vrai, télécharge, mais subit aussi la crise
et les injustices de cette société plus que ces artistes d’une gauche
qui n’est pas la nôtre et qui a d’ailleurs tant contribué à éloigner
notre Parti de ses vrais amis, les ouvriers, les infirmières, les
instituteurs, les chômeurs, les précaires, les jeunes, tous ceux qui
sont la force vive de la gauche dans ce pays.
Merci de votre attention, et de rester déterminée aux côtés de nos députés contre le chantage des nantis.
Amitiés socialistes
Bruno LEBEAU (PS du Gard)"
°°°°
Réponse (précisions intéressantes!) de JL Bianco à l'un des commentateurs:
@Maël :
Je comprends votre raisonnement mais l’amendement dit “Bono” ne peut
pas tout à fait être ainsi réduit dans sa signification. Si en effet il
oblige à obtenir une décision judiciaire préalable à toute sanction
envers l’internaute, il a une portée considérable puisqu’il considère
internet comme un droit fondamental.
De plus la loi Hadopi fait fi du
principe de présomption d’innocence (cela devient une présomption de
culpabilité) et refuse d’admettre qu’une ligne ADSL peut être piratée
facilement. Aujourd’hui, le réseau wifi le plus sécurisé peut être
cassé et utilisé sans que l’internaute propriétaire le sache. Pour ceux
qui souhaiteront prouver leur honnêteté, il faudra accepter
l’installation d’un mouchard sur son ordinateur. Mais rien n’indique
que le programme se contentera de surveiller les éventuelles tentatives
de piratages…
De plus, ce que l’hadopi ne prend pas en compte, c’est qu’un mouchard peut facilement être trompé : il est possible de faire croire à n’importe quel programme que l’on est honnête, tout en piratant avec le même ordinateur.