Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 945
Newsletter
12 juin 2009

Lettre ouverte à Martine Aubry, agent de la Sarkozye

 

Madame Aubry,

 

En ces douloureux lendemains d’élections, c’est avec une infinie tristesse que je prends ma plume pour vous écrire ces quelques mots. Madame la première Secrétaire du Parti Socialiste, permettez-moi tout d’abord vous dire que le peuple de gauche ne vous remercie pas.

 

Durant le congrès de Reims, nous avions assisté, atterrés, au grand déballage médiatique des querelles intestines socialistes. Nous vous avions vu combattre Ségolène Royal bec et ongles, avec férocité et ténacité, dans l’unique but de conquérir le poste tant convoité de Première Secrétaire du Parti Socialiste. Nous l’avions compris : vous étiez portée dans votre lutte par tous les apparatchiks du parti et adoubée par l’élite dirigeante de la France, alors même qu’une grande majorité de vos militants aspirait à une rupture profonde avec les pratiques du passé. Nous avions bu le calice de la division jusqu’à la lie, sous les regards rigolards des umpistes et du reste de la France. Mais tout au fond de nos cœurs naïfs, nous avions toutefois conservé l’infime espoir que votre renaissance politique marquerait peut-être un tournant dans la reconstruction du PS et le renouveau de l’idéologie sociale-démocrate.

 

A l’heure des comptes postélectoraux, force est de constater que telle n’était pas votre mission. Votre campagne européenne hésitante et molle nous a conduits droit dans le mur. Au lendemain de cette baffe électorale monumentale, loin de constituer l’électrochoc dont le PS avait besoin, votre discours manquait toujours cruellement de souffle et d’ambition. Pire : au lieu de vous lancer corps et âme dans la reconquête idéologique socialiste, vous avez préféré vous afficher sur le perron de l’Elysée, main dans la main avec Nicolas Sarkozy.

 

Mon objectif aujourd’hui n’est pas de hurler notre désespoir. Mais d’en appeler à ce qu’il vous reste de sens de l’honneur et de la responsabilité pour exiger de votre part un ultime sursaut républicain.

 

Madame Aubry : la France va mal, elle traverse une crise historique dont les conséquences sociales et économiques risquent encore de s’aggraver. Demain, le chômage atteindra sans doute des records inégalés. Notre pays est dirigé par un homme dont l’objectif principal est de préserver, et pour longtemps, les privilèges de sa caste. Il n’a en aucun cas mis en œuvre les réformes dont la France avait besoin, et il ne pourra sans doute jamais réformer notre état et nos institutions, tant ses qualités et sa légitimité de réformateur sont décrédibilisées. Il laissera après lui la France dans un état exsangue, et l’aura transformée entre temps en une terre d’inégalités et d’injustices sociales. Cet homme-là, qui reste porté par une ambition strictement personnelle et les lobbies de l’argent, n’a pas de véritable projet pour la France et l’ensemble des français.

 

Madame, l’heure est venue pour vous d’endosser vos responsabilités : l’Histoire, avec un grand H, vous offre une opportunité unique de contrer la mise à sac de la France. Pour cela, vous devez prendre la mesure de la débâcle qui est la votre aujourd’hui et en tirer les conséquences pour mieux nous conduire demain, nous l’espérons encore, vers de nouvelles victoires électorales.

 

Quel est donc le constat que vous devriez tirer aujourd’hui ?

 

 

1/ Tout d’abord, le PS subit une crise profonde de leadership.

 

Tout le monde vous le dit : Madame Aubry, vous devez vous affranchir de la vieille garde socialiste qui est complètement dépassée pour assoir votre autorité. Il vous faut également parvenir à mettre au pas les jeunes quadras, afin de faire parler le parti d’une seule voix. Pour accomplir une telle révolution, il parait urgent de mettre en place au sein du PS un organigramme simplifié et renforcé, et également de réussir à convaincre les uns et les autres que vous croyez fermement à une victoire socialiste en 2012. Encore faudrait-il que vous soyez la première convaincue du caractère réalisable d’un tel projet.

 

 

2/ Le PS a besoin d’une nouvelle idéologie réformatrice.

 

Pour cela, Madame Aubry, vous devez cesser de prêter l’oreille aux seules élites et mieux apprendre à écouter la vox populi. Ainsi seulement, vous parviendrez à bâtir un discours structuré et percutant. Dans cet objectif-là, pourquoi ne pas organiser une profonde réflexion à tous les étages de la société, qui réunirait simples travailleurs, syndicalistes, jeunes philosophes, enseignants, penseurs et blogueurs de tous horizons ? Voilà qui vous permettrait d’identifier les grands thèmes sociétaux qui préoccupent les français, ainsi que ceux auxquels la droite apporte de mauvaises réponses aujourd’hui.

 

Madame Aubry, il faut que vous convainquiez les français que les enjeux de la social-démocratie ne sont pas dépassés, que l’éducation et la médecine pour tous ne sont des acquis ad vitam aeternam et que les mauvaises réformes de la droite conduiront les français vers de lourdes désillusions sur ces sujets-là.

 

Madame Aubry, il vous faut contrer la politique actuelle du gouvernement qui consiste à organiser sciemment la fracture générationnelle dans notre pays et qui laissera sur le bord de la route une jeunesse écœurée et spoliée, un pays sans avenir. Pour cela, pourquoi ne pas se réapproprier les thèmes de l’insécurité en sortant de l’angélisme socialiste et en proposant des vraies solutions constructives, alors même que la politique sécuritaire actuelle est un véritable échec ?

 

Madame Aubry, la crise et le chômage qui vont déstructurer en profondeur notre société appellent à des véritables solutions collectives. Le développement durable, l’intégration des minorités restent autant de sujets en friche au sein de la société française.

 

Madame Aubry, vous nous restez redevable d’une victoire à la Pyrrhus au sein du Parti Socialiste. L’heure est venue de nous rendre des comptes et de respecter enfin vos engagements. J’en appelle à l’héritage idéologique de votre père, Jacques Delors, qui passera sans doute à la postérité comme un grand homme politique, ainsi qu’à votre sens du devoir et de l’honneur. Entreprenez la reconstruction du Parti Socialiste et de son idéologie, ou bien alors cédez votre place à d’autres, plus combatifs, et démissionnez. Mais comprenez que nous ne vous laisserons pas participer au saccage de la France sans réagir.

 

Madame la Première Secrétaire du Parti Socialiste, ce coup de semonce électoral du 7 juin 2009 vous offre une dernière chance de prouver à la face de l’Histoire que vous n’êtes pas seulement le fruit gangréné d’une élite pervertie et par conséquent, un simple agent à la solde de la Sarkozye, mais bien une grande femme politique.

 

Madame Aubry, nous comprenons que la tâche qui vous attend est immense et la route parsemée d’embûches, mais sachez enfin que vous n’êtes pas seule pour relever ce défi historique, et que le peuple de gauche se tient à votre entière disposition pour entamer avec vous, dès que possible, la construction de la nouvelle idéologie socialiste du XXIème siècle.

Source: AGORAVOX, DeClèvesPrincesse

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité