Pour sauver la gauche, il faut dépasser le PS !
(capture d'écran - dailymotion - apocalyptique01)
Marianne : Pour vous, tout changer au PS, c’est aussi changer son nom. Pour le sauver, il faudrait donc achever de le détruire ?
Manuel Valls : Il
n’y a pas de fatalité à l’échec de la gauche. En trois ans, il nous
faut faire un effort gigantesque sur quatre paramètres : projet,
leadership, organisation, alliances. Mais deux questions doivent
d’abord être résolues : celle de l’émergence de nouveaux dirigeants (et
ce n’est pas seulement une question d’âge) ; et celle du changement de
nom du parti. Le mot « socialisme » parle encore à de nombreux
militants. Mais il renvoie à une conception qui remonte au XIXe siècle
et qui se présentait comme une alternative globale au capitalisme.
Notre tâche est aujourd’hui différente : la crise a remis au premier
plan la lutte contre les inégalités, une redistribution juste des
richesses, le rôle de l’Etat-protecteur. Pourtant, la gauche s’avère
incapable de se réapproprier et de régénérer le modèle
social-démocrate. Il faut donc dépasser le PS.
Le PS
n’est-il pas d’abord menacé par la valse des ego ? Après tant d’autres,
vous voilà à votre tour atteint par le virus élyséen ?
M.V. :
Dans la Ve République, l’élection présidentielle structure tout.
Arrêtons l’hypocrisie ! Après les européennes, deux attitudes nous
menacent : le ravalement de façade fondé sur l’idée que ce n’est qu’un
accident électoral de plus ; ou l’appel au silence dans les rangs fondé
sur une conception tronquée de l’unité.
J’entends ceux qui disent qu’ils veulent rénover « pas à pas ». Mais je constate que, si l’on avance « pas à pas
», c’est vers la catastrophe que l’on se dirige ! Le seul moyen de
secouer tout ça, c’est de se lancer. Avec Pierre Moscovici, Vincent
Peillon, Arnaud Montebourg et bien d’autres, nous sommes légitimes pour
afficher une ambition. Depuis deux ans, j’ai formulé des propositions
pour réinventer la gauche. J’ai aussi alerté ma formation sur notre
façon de s’opposer. Or, qui doute aujourd’hui que les européennes
sanctionnent aussi l’échec d’une forme d’antisarkozysme ? Les Français
attendent de nous autre chose.(.....)