Le préfet de police Grimaud, celui qui a géré Mai-68 à Paris, c'est Daniel Cohn-Bendit qui en parle le mieux. Les médias ne s'y sont pas trompés, qui tous n'ont interrogé que lui à l'annonce de sa mort (Europe 1, France Info, ...). On s'étonne, bien sûr, de la bienveillance avec laquelle l'ancien leader étudiant parle de l'action de son adversaire de l'époque. C'est que Maurice Grimaud a plutôt donné des consignes de modérations à ses troupes dans la répressions des manifestations: «Frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière, écrit-il le 29 mai 1968 dans une circulaire adressée à la “Maison”. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu'ils sont conduits dans les locaux de police pour y être interrogés.»
Les deux hommes s'étaient déjà parlé, par télévision interposée, en 1977 sur le plateau d'«Apostrophe», lorsque le haut-fonctionnaire publiait son récit de 68 sous un titre libertaire (En mai, fais ce qu'il te plait, Stock) et qu'à front renvers, «Dany» sortait son Grand Bazar (Belfond), autant dire la «chienlit»!
Pour partager ces idées, il faudra attendre avril 2008 et l'invitation du Point à célébrer de concert les quarante ans de Mai. Où l'on découvre, sous les questions d'un Dany passé du rouge au verts, un préfet promoteur de la ville sans voiture, à une époque où Pompidou ne rêvait que d'«adapter la ville à la bagnole».(...........)