La Une de Libération de ce matin est consacrée à une nouvelle de taille:
La banque française BNP Paribas, dont la santé est florissante malgré la crise, pourrait distribuer des bonus
faramineux à ses traders, en fin d'année.
Ainsi selon ses comptes semestriels, BNP Paribas compte distribuer à ses courtiers et autres golden boys un milliard d'euros de plus en 2009 qu'en 2008. Le montant total des bonus qui seront distribués n'est en revanche pas indiqué mais la banque précise dans un communiqué que le chiffre d'un milliard calculé par Libération est proche de la réalité...
Une nouvelle qui tombe malheureusement dans la torpeur de l'Eté, au même moment où nous sont assénées nombres d'autres mauvaises nouvelles et au moment où beaucoup (pas assez) sont vacances la tête ailleurs...
Difficile donc pour les citoyens français de se faire une opinion sur le comportement d'une banque qui a reçu au total 5 milliards d'€ de la part du gouvernement et donc sur la manière dont Nicolas Sarkozy gère cette crise.
D'ici quelques heures ou quelques jours, nous aurons droit à une intervention de Christine Lagarde ou même peut être bien de Nicolas Sarkozy lui même, qui sortant de son bain de mer, et viendra magnanime fustiger ces banquiers et ses traders, voire exiger que des têtes tombent... Pour mieux retourner se baigner sans que rien ne change vraiment.
Pourquoi
? Tout simplement parce que cet éternel recommencement, c'est Nicolas
Sarkozy lui-même qui l'a voulu en choississant de ne pas prendre une
part du capital des banques
et alors que tous sont convaincus que ce sont ces pratiques qui ont
largement contribué à créer les conditions de la crise bancaire et
financière.
Il sera alors important de rappeler ce que disait Ségolène Royal le 22 octobre dernier, alors que l'Etat annonçait un prêt de 10,5 milliards d'euros sans aucune contrepartie en faveur de 6 banques dont BNP Paribas?
Ségolène Royal expliquait alors sur Europe 1:
« Ce qui est choquant dans ce dispositif, c’est que l’Etat se contente d’apporter cet argent frais aux banques mais refuse d’entrer au capital.
Or nos voisins ont fait en sorte de rentrer au capital. Gordon Brown
par exemple a nommé des administrateurs au conseil des banques, même
chose en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg. Et ce qui est
incompréhensible, c'est que pour des raisons idéologiques, l'Etat
refuse cette nationalisation partielle des banques.
Qui lui permettrait de quoi faire, au non des Français ?
Qui lui permettrait de surveiller que cela ne recommence pas,
cela lui permettrait d'exiger, enfin, la baisse de la rémunération des
banquiers et la réforme de la rémunération des traders, qui ont
aujourd'hui encore intérêt à spéculer.
Qui pourrait exiger des banques une baisse du train de vie des banques,
qui pourrait exiger une réforme des tarifications bancaires qui pèsent
très lourdement sur les ménages.
Et enfin qui garantirait effectivement que les banques reviennent dans
leur cœur de métier qui est de prêter à l'économie réelle, c'est à dire
aux entreprises qui sont aujourd'hui étranglées parce que les banques
ont réduit leurs apports financiers pour le fonds de roulement des
entreprises. »
Voilà aujourd'hui tout recommence. Un tout petit
nombre de traders et de golden boys va toucher une somme qui représente
une moyenne de 59000 € par salariés de BNP Paribas (d'après Libération).
A
l'autre bout de la France, les salariés de New Fabris jetés à la rue se
sont vu refuser une prime de licenciement de 30000 € par celui qui se
présente comme le "ministre des ouvriers".
Ils doivent l'avoir mauvaise. Ils ne sont pas les seuls.
(Source: Libération)
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