Taxe carbone : la redistribution ne doit pas être sacrifiée sous couvert d’écologie
Extrait: En quoi consiste la taxe carbone ? Cette taxe vise à rendre plus chers les produits qui
ont nécessité davantage de gaz à effet de serre pour être produits,
afin d’en détourner les consommateurs. Par exemple, la consommation de
carburants, la coupe des arbres émettent du dioxyde de carbone (CO2)
qui est le gaz à effet de serre le plus important. Ceci dit, d’autres
gaz ont un effet sur le réchauffement climatique plus élevé, à l’instar
du méthane qui se dégage des ordures en décomposition, dont le
potentiel de réchauffement équivaut à 25 fois celui du CO2, ou du
protoxyde d’azote (N2O), 300 fois plus puissant, qui se dégage des
procédés chimiques de fabrication des fibres polyamides qu’on retrouve
dans les habitacles des voitures et les filtres de cigarettes, ou
encore des hydrofluorocarbures (HFC), 2 800 fois plus puissants, et qui
servent à la réfrigération et aux aérosols. Concrètement, parmi les pistes évoquées par les ministères de l’économie et de l’écologie dans un livre blanc (lire en ligne),
figure une augmentation de la taxe sur l’essence, ou un supplément de
TVA sur les produits qui participent au rejet de gaz à effet de serre
tout au long de leur cycle de vie, c’est-à-dire depuis leur extraction
ou leur fabrication jusqu’à leur recyclage. Qui va payer ? Les ménages les plus modestes consacrent une part plus
importante de leurs revenus à la consommation, et notamment à l’achat,
d’énergie (voir notre article).
Toutes les taxes sur la consommation, comme la TVA, les frappent donc
davantage si l’on rapporte le niveau de la taxe aux revenus.
En effet, les ménages les plus aisés, qui épargnent plus d’un tiers de
leur revenu, ne seront taxés que sur les deux tiers restants. Les
ménages les plus pauvres consomment, quant à eux, tout leur revenu, qui
est ainsi intégralement taxé. En outre, une taxe supplémentaire sur le carburant est
elle aussi inéquitable. Les ménages modestes consacrent à la
consommation d’énergie une part de leur budget 2,5 fois plus importante
que les ménages les plus aisés (voir notre article). Rappelons qu’en France, le taux d’imposition du carburant est déjà un des plus élevés d’Europe. Les personnes qui vivent dans des milieux ruraux sans
transports en commun ni de réseau de distribution du gaz de ville
(moins polluant que le fioul) subiront aussi de plein fouet une hausse
de ces taxes car ils ne seront pas en mesure de réduire leur
consommation d’essence ou d’énergie. Paradoxalement, le ministère des Finances vient de
décider, le 11 juin 2009, d’exonérer de TVA les permis d’émission de
carbone que s’échangent les industriels soumis à des quotas annuels.
Ceux-ci diminuent tous les ans pour atteindre les objectifs du protocole de Kyoto, c’est-à-dire la réduction de 5 % des émissions de gaz à effet de serre entre 2008 et 2012. (............) Source: Observatoire des inégalités
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