Mignard: "Ségolène Royal ne doit pas s'enfermer dans son statut de candidate à la présidentielle"
Par La rédaction du Post le 15/10/2009
Sur Le Post, l'ami de 20 ans de Royal lâche ce qu'il a sur le coeur: ses divergences avec elle, avec Hadjez, son nouveau rapport avec Peillon...
Quels rapports Jean-Pierre Mignard entretient-il vraiment avec Ségolène Royal actuellement? Depuis la rentrée, l'avocat et l'ami de 20 ans de la socialiste semble s'éloigner de plus en plus de la présidente de Poitou-Charentes, sans rompre totalement avec elle.
Certains anciens soutiens ont déjà pris leur distance avec Royal. Mais que Jean-Pierre Mignard se montre désormais moins proche -depuis qu'il a perdu la présidence de Désirs d'avenir, le 3 septembre dernier- en a surpris plus d'un. Pour une simple et bonne raison: Jean-Pierre Mignard a toujours été un fidèle parmi les fidèles.
Son absence à la fête de la Fraternité organisée à Montpellier, le 19 septembre, a d'ailleurs été très remarquée. Le Nouvel Observateur et Le Figaro rapportent la même histoire: l'ex-candidate à la présidentielle aurait justifié son absence, en expliquant qu'il était retenu par des obligations professionnelles, à Libreville, au Gabon. En fait, il a expliqué à ses amis qu'il était à Paris, à son bureau, en train de préparer le dossier Clearstream...
Comme un symbole, Jean-Pierre Mignard a d'ailleurs participé au dîner des "déçus" de Royal, qui a eu lieu le soir de la fête de la Fraternité, à Paris.
Mais après une période trouble, Jean-Pierre Mignard semble vouloir calmer le jeu. En témoigne sa présence lors de l'enregistrement du Grand Jury RTL-Le Figaro dimanche dernier, où Ségolène Royal était invitée.
Sur Le Post, Jean-Pierre Mignard se livre.
Quel rapport entretenez-vous désormais avec Ségolène Royal?
"Comme je l'ai déjà dit, je suis autonome politiquement et fidèle en
amitié avec elle. Je demeure toujours proche de bien des positions
qu'elle a défendues. Je reste reconnaissant du rôle de défricheuse qui
est le sien. Par ailleurs, je suis animateur du courant 'L'Espoir à gauche' [le courant qui l'avait soutenue au congrès de Reims, dirigé par Vincent Peillon, ndlr] et je souhaite qu'elle nous y rejoigne. Enfin, je suis aussi membre de Désirs d'avenir."
Vous avez bien des divergences avec elle...
"Oui, j'ai une divergence avec elle. C'est une appréciation politique.
Je pense qu'à l'avenir, elle ne doit pas s'enfermer dans son statut de
candidate à la présidentielle, qui risque de l'isoler. En restant
enfermée dans ce statut, elle s'isole comme ont pu le faire avant elle
Rocard et Chévènement. Il sera bien le temps de dire au moment venu, si
elle est candidate. C'est un débat que j'ai avec elle depuis plusieurs
mois et je l'ai toujours. Je pense au contraire qu'elle doit sortir de
la prison de ce statut pour participer à tous les projets de
rénovation. Compte-tenu de son histoire, elle n'a aucun risque de se
faire oublier. Qu'elle reste sereine..."
Selon Le Point, vous auriez des rapports plus que compliqués avec le compagnon de Ségolène Royal, André Hadjez.
L'hebdo affirme que vous le fuyez depuis qu'il est au côté de Royal et
vous auriez même refusé de dîner avec le couple à la fin de l'été.
Est-ce vrai?
"Je ne connais pas André Hadjez donc je ne veux pas qu'on me fâche avec
quelqu'un que je ne connais pas. Nous avons d'ailleurs décidé de nous
rencontrer. Tout cela est lié à des maladresses de comportement, dont
Ségolène Royal a une part de responsabilité. Mais nous avons aussi une
part de responsabilité. Les excès d'autorité et de fermeté de Ségolène
Royal sont liés à nos excès de timidité et à notre manque de courage.
Mais le temps de la réconciliation est venu..."
Une réconciliation qui semble difficile puisque plusieurs personnes qui la soutenaient ont déjà quitté le bateau Royal?
"Justement, il est temps de construire un nouveau bateau, qui pourrait
s'appeler "Oublier Reims". Un bateau qui quitterait le mauvais port du
congrès car je pense que les courants et les lignes issus de ce congrès
sont désormais obsolètes. Il faut donc se rassembler avec tous les
autres socialistes, qui pensent la même chose, issus des autres
courants, dans une grande convergence pour dépasser le PS et lancer une
nouvelle dynamique. Il faut refonder une nouvelle vie politique autour
d'un nouveau PS."
À quelles personnalités du PS pensez-vous?
"À François Rebsamen, à Jean-Louis Bianco, à Gilles Savary notamment, mais aussi à Manuel Valls, à Pierre Moscovici, à Gérard Collomb ou à Arnaud Montebourg.
L'idée n'est pas de leur demander de nous rejoindre mais que nos
chemins respectifs se rejoignent. Dans ce mouvement, Ségolène Royal a
une place insigne."
Est-ce vrai qu'elle vous en a voulu d'avoir participé à la réunion marseillaise de
"L'Espoir à gauche", y voyant un soutien apporté à Peillon et Rebsamen, qu'elle considère comme "des félons", selon Le Point?
"Non. Je pensais seulement qu'elle devait être présente à cette
réunion. Il faut qu'elle s'ouvre au courant 'L'espoir à gauche'. Elle y
aurait d'ailleurs été magnifiquement accueillie."
Mais les relations semblent compliquées entre elle et Vincent Peillon...
"Tout est soluble... Il suffit de faire des efforts. Vincent Peillon
est prêt à faire l'effort, d'autant qu'il n'est plus candidat pour 2012
et n'est donc plus un concurrent pour elle."
Certains ont affirmé que Vincent Peillon avait repris le
courant "L'Espoir à gauche", au service de ses ambitions personnelles...
"Vincent Peillon n'a pas pris le courant. Il le pilote car Ségolène
Royal n'y est pas venue. Mais des gens comme Jean-Louis Bianco,
François Rebsamen, Najat Belkacem
ou moi y jouons un grand rôle. Il faut rassembler tout le monde.
Ségolène doit maintenant mettre la main à la pâte dans ce courant, à
égalité avec tous."
Tous les ponts sont-ils rompus entre elle et Dominique Besnehard, l'agent des stars qui la soutenait depuis la présidentielle?
"Ce qui s'est passé avec lui est injuste à son endroit. Mais c'est une
femme de coeur et elle réparera cette injustice car c'est un
merveilleux ami."
N'est-ce pas trop tard? Il dit qu'il ne veut plus la voir?
"Elle doit se réconciler avec lui et elle verra qu'il n'a pas
d'hostilité à son égard. Il a eu des sentiments affectueux envers elle,
qui ont été mal interprétés."
Ségolène Royal
a-t-elle menti, en justifiant votre absence lors de la fête
de la Fraternité organisée à Montpellier, comme l'affirme Libération?
"Pas du tout! Elle ne pouvait pas savoir que mon voyage au Gabon avait
été annulé à la dernière minute. D'ailleurs, elle avait insisté pour
que je sois présent à cette fête."
Avez-vous empêché Ségolène Royal de participer à une réunion parisienne de Désirs d'avenir, le 29 septembre, comme l'affirme Libération?
"C'est encore faux... D'ailleurs, ce n'était pas une réunion de Désirs
d'avenir mais du courant 'L'Espoir à gauche'. Contrairement à ce qui a
été écrit, je lui ai dit qu'elle serait la bienvenue. Cela m'aurait
fait plaisir qu'elle vienne. Cela aurait été une bonne surprise."
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(Source:
Le Post.fr)
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