A propos du Banquet de "Platon"
Le Banquet
Il y a quelques jours est arrivé Boulevard Raspail un très beau texte, rédigé par un écrivain qui souhaite pour l’instant garder l’anonymat. Un artiste épris de politique qui voulait exprimer avec ses mots et son regard ce que lui inspiraient les sommes considérables de papiers et d’échos de presse négatifs, parfois diffamatoires, consacrés depuis des semaines à Ségolène Royal. Nous avons choisi, dans un premier temps de publier ce texte à l’état brut sur le site de Désirs d’Avenir, sans toucher une ligne par respect pour le travail de cet auteur qui se révèle également être un observateur attentif de la vie politique et médiatique de ce pays.
La publication de cette lettre ayant suscité quelques réactions anormalement épidermiques, l’écrivain a donc proposé d’en modifier certains passages en se plaçant sous la protection de Platon, comme un pied de nez à tous ceux qui pensent que l’on peut, par pression détournée ou boules puantes lancées régulièrement à travers les échos de presse, manipuler, voire faire plier une personnalité politique aussi courageuse que Ségolène Royal.
Comment expliquer par exemple que le journal l'Express soit devenu le relais de Monsieur Stéphane Chomant qui se permet de porter atteinte à l'honneur et à la considération de Ségolène Royal à propos du site internet, de diffuser de fausses informations sur ses proches et de relater à sa sauce des entretiens que Ségolène Royal a eu avec Pierre Bergé, et auxquels il était seul à assister, sans qu'à aucun moment Ségolène Royal soit en mesure de rectifier ces propos malveillants?
Une telle désinformation est intolérable. Elle émane d’une réelle volonté de nuire, systématiquement, à Ségolène Royal, dans les moindres détails. Et même si les éléments relatés dans cette page d’écriture se sont déroulés le mois dernier, cette pollution programmée, quasiment institutionnalisée de tout ce qui touche de près ou de loin à Madame Royal justifie d’autant plus la publication de cette lettre. Qu’on ne s’y trompe pas ! Certains, pour atténuer la force du propos, s’empresseront d’abaisser ce courrier au rang de lettre anonyme. Mais ça n’est pas le cas. Il s’agit bel et bien du cri de colère d’un artiste qui nous fera parvenir régulièrement son regard sur le monde et dévoilera son identité en temps voulu.
Ségolène Royal aurait pu choisir de riposter en justice. Il y avait matière à le faire dans la déferlante, pour ne pas dire le harcèlement, de papiers écrits notamment par le JDD, Libération, l'Express, le Point depuis plus d’un mois, et même ces jours-ci dans Jeune Afrique, là où travaillait Elise Colette. L'équipe de Ségolène Royal a choisi cette fois d’utiliser la plus belle des armes : celle des mots. Mais, à partir d’aujourd’hui, la justice sera saisie pour toute allégation qui peut porter atteinte à sa vie privée et à l'honneur de ses proches. Il est inacceptable de lire dans la presse des retranscriptions totalement inventées de conversations téléphoniques ou de sms comme dans le Point. Et surtout il est inacceptable de découvrir des portraits diffamatoires ou portant atteinte à la considération de Monsieur André Hadjez ne reposant que sur la rumeur et sur l'intention de nuire indirectement à Ségolène Royal.
Madame Royal respecte infiniment la
liberté de la presse, même lorsqu’elle exerce son droit de critique
aussi virulent soit il. En revanche, elle ne tolèrera plus le moindre
mensonge, la moindre déclaration en in ou en off diffamatoire. Toute
déclaration de ce type fera désormais systématiquement l’objet de
poursuites conformément à la loi. Ségolène Royal ne déclare pas la
guerre à la presse. Elle déclare la guerre à la rumeur.
Cela méritait d’être dit. Place à l’écriture.
L’équipe de Ségolène Royal
Le Banquet
J’ai
découvert, partagé entre stupéfaction et points d’interrogation, la
narration d’un diner, qui a eu lieu, le 19 Septembre à Paris dans
plusieurs journaux nationaux ! Libération, Le Point, et d’autres.
Un
diner comme il en existe des dizaines de milliers, en France, un samedi
soir. Entre amis. Des amis d’un genre un peu particulier. Anciens
collaborateurs de Ségolène Royal, ou amis, plus quelques manipulateurs,
invités. Ce diner, a priori totalement anodin, est devenu, semble t-il,
un évènement politique majeur, relaté par le menu dans deux organes de
presse, et non des moindres : Libération et le Point. Une page entière
avec appel de Une pour le quotidien. Mazette ! 5 pages avec photos pour
l’hebdomadaire…. Sur le même diner.
Avec
les mêmes dineurs, dans le même restaurant, le même jour et à la même
heure. La, je me pinçais en me disant d’abord : « Mince ! On doit
vraiment bien manger dans ce restaurant. Pour que tant de gens aient
envie de s’y retrouver et tant de journalistes d’en parler »
Faut
il qu’il se soit dit des choses essentielles, faut il qu’il se soit
échangé des secrets d’états pour que cette réunion improbable autour
d’un verre d’Ovietto dans un restaurant italien parisien se soit
transformée en conjuration de Catalina. Sur un mode mineur, il est vrai.
Ah
! Une société secrète, structurée, planifiant un assassinat en règle,
et se réunissant à la lueur des bougies dans une cave, avec mot de
passe à l’entrée pour évoquer l’impitoyable Ségolène Royal,
l’indisciplinée Ségolène Royal, la terrrrrible Ségolène Royal ! Voilà
qui aurait eu un certain panache, une certaine envergure. Voilà qui eut
mérité cette encre !
Mais
non..rien de tel. Seulement la tristesse réelle des uns, la mauvaise
foi des autres , les critiques, peut être justifiées, tant de
sentiments complexes qui font la vie des entourages politiques , tant
de sentiments recyclés et retransmis à la presse dans un calcul
politique évident. D’ailleurs, certains, se retrouvant piégés dans un
film qui n’était pas le leur, comme Jean Pierre Mignard ont
immédiatement démenti. Des démentis sincères contre une narration
perverse et orientée.
Tout y était dans les moindres détails. Comme ses supposées conversations téléphoniques dans une voiture.
Faut- il être diablement renseigné pour connaître même la teneur des coups de fil de l’ex candidate .
Lorsqu’on
connait les précautions dont s’entoure Ségolène Royal ou n’importe quel
homme ou femme politique de ce niveau pour passer ses coups de fil, on
se dit qu’il y a soit de l’espionnage, soit de la romance.
Mais
continuons sur ces inénarrables papiers. On apprend qu’un grand
dirigeant socialiste est tellement inquiet pour elle qu’il envoie des
sms à son cabinet sur lesquels on peut lire " Protégez la " La
protéger… Mais de quoi donc ? Voyons… réfléchissons ! Ah, bien sur… la
protéger de Monsieur André Hadjez !
Nous y voilà. Le voilà donc
l’affreux jojo, le Méphisto de Casablanca, le Nosfératu de l’internet .
Voilà André Hadjez affublé d’un sombrero bien large.
Il nous en
deviendrait presqu’immédiatement sympathique à force d’être détesté à
ce point par ce sérail, qui impose ses codes et brule sur le bucher de
sa vanité tout ceux qui n’en sont pas. Car il faut en être, du sérail.
J’en suis ! Et je sais à quel point tous les André Hadjez du monde
représentent tout ce que ce petit monde méprise du plus fort de son
être.
Mais
revenons à ce diner et aux analyses qui en ont été faites, en public ou
en privé. Ségolène Royal était donc en danger, faible femme qui ne sait
pas ce qu’elle fait, qui ne sait pas où elle va, flanquée d’un homme «
étrange » « énigmatique » « mystèrieux. » L’abominable homme des
sables, accusé aussi d’avoir voulu faire les poches de Pierre Bergé,
via le nouveau site internet de l’ex candidate.
Faible femme,
soumise aux influences sentimentales, voilà qui complétait le tableau
tracé depuis sa conquête en 2006 :girouette, incompétente et devant
être protégée surtout d’elle-même d’ailleurs….forcément.
Ce diner,
dont plusieurs convives ont eu un électrochoc en retrouvant leur nom et
leur propos dans la presse, ce diner aurait donc été, la dernière
illustration de cette fragilité chronique, donc d’une disqualification,
de fait, pour toute compétition nationale à venir. CQFD
Car
c’est bien cela, plus largement, qu’il fallait démontrer, à travers ces
fuites organisées, depuis 1 mois. D’abord sur le site internet, ensuite
sur le compagnon, enfin sur la vie au sein même de ses bureaux, de sa
voiture, de ses mails.
Il fallait démontrer que Ségolène Royal est seule !
Nous y voilà !
Il y a 1 mois, elle était isolée.
Une semaine plus tard , elle était trés trés isolée !
La semaine suivante, elle était carrément seule !
Avant de découvrir , à travers ces articles, que « cette fois elle est VRAIMENT seule » tout étant dans le VRAIMENT
Seule
Ségolène Royal ? C’est d’abord faire injure à son conseil politique,
qui se réunit, chaque semaine, composé de fidèles de la première heure
, qu’il s’agisse de Jean Louis Bianco ou de François Rebsamen et de
cette jeune garde, la relève , Delphine Batho, Guillaume Garot ou Najat
Varaud-Belkacem.
Seule Ségolène Royal ? 6 à 8000 adhérents à Désirs d’Avenir, au bas mot. Entre 300 et 600 personnes à chacune de ses Universités Populaires Participatives, ce laboratoire d’idées où se cotoient régulièrement et en public les meilleurs spécialistes des sujets traités, que ce soit sur les liens Afrique-Europe, la Valeur travail, la crise économique ou la sécurité alimentaire.
Seule
Ségolène Royal, qui réunit 3500 personnes à la Fête de la fraternité à
Montpellier sans l’aide de la Fédération, encore moins des élus dont
certains ont même gentiment encouragé les militants à ne pas venir à
montpellier ?
Seule Ségolène Royal ? C’est oublier un peu vite les centaines de milliers de connexions sur son site internet.
Seule
Ségolène Royal, dans sa région en Poitou Charente, lorsqu’elle fait les
marchés, rencontre les salariés, discutent avec les gens ?
Seule
Ségolène Royal, à l’étranger lorsqu’elle est invitée en Grèce, aux USA,
dans les balkans , en Afrique ou en Amérique Latine pour exposer son
expertise sur la démocratie participative ou le développement durable ?
Cessons ces fadaises, ces analyses tirées par les cheveux qui
consistent à démontrer à travers chaque détail, que cette femme est
disqualifiée pour la présidentielle.
J’ai même lu et j’avoue que
les bras m’en sont tombé, l’interview d’un spécialiste de la spécialité
internet expliquant le plus sérieusement du monde que le site
démontrait qu’elle ne savait pas s’entourer, donc qu’elle ne savait pas
décider, donc qu’elle n’écoutait personne, donc qu’emmenée à diriger un
pays, elle serait forcément incapable de diriger une armée ou de
prendre des décisions stratégiques. Tout cela à partir d’un site qui a
buggé !
« Socrate est mortel. Les chats sont mortels. Donc Socrate est un chat »
Ce syllogisme d’Eugène Ionesco illustre à merveille la bêtise crasse de
ce type de raisonnement qui empoisonnent l’analyse politique .
Oui,
derrière ces fuites, incessantes, cet analyse décortiquée de tout
évènement qui touche de prés ou de loin l’ex candidate à la
présidentielle, il y a bel et bien une opération politique rondement
menée pour affaiblir une personnalité politique au moment le plus
sensible : après une défaite et avant une reconquête. Cet instant,
connu par François Mitterrand, ou Jacques Chirac, cet instant de
mutation où l’on quitte ses réflexes anciens, ses vieilles habitudes où
l’on se reconstruit personnellement, politiquement, après avoir fini
son deuil. Ce moment délicat où la nouvelle armure n’a pas encore
remplacé l’ancienne, où l’on réfléchit à ce qu’on n’a pas fait et ce
que l’on fera la prochaine fois, où l’on recompose ses équipes, son
corpus idéologique, ou l’on s’ouvre à d’autres horizons pour faire son
miel et repartir à la bataille. On appelle cela une traversée du
désert. Tout les hommes et les femmes politiques majeurs l’ont subie,
l’ont dépassée, pour finalement triompher. J’ai traversé suffisamment
de septennats pour pouvoir l’affirmer : Ségolène Royal vit cet instant
là et ce mois infernal était destiné, non pas à la faire réfléchir mais
bel et bien à la disqualifier durablement, à miner son terrain avant
son tremplin des régionales.
Pierre Bergé l’a bien compris qui, en
petit comité , tance ses troupes et rappelle à qui veut l’entendre
qu’il soutiendra l’ex candidate jusqu’au bout. Il était là, le 5
octobre dernier, avec BHL à l’université populaire consacrée à Barak
Obama. Et il sera là jusqu’au bout, malgré la tentative de l’un de ses
collaborateurs qui alimente depuis des mois la chronique
politico-médiatique et ne s’en cachent même plus.
Quelles
que soient les errances, les zones d’ombre, les fulgurances et le
tempérament intraitable de Ségolène Royal, méritait elle ce flot
venimeux, ces articles en cascades, ce bashing permanent total de
gauche, de droite, du centre, des verts ?
Non, évidemment . Mais à bien y réfléchir, elle devrait en être flattée.
Qui peut se vanter de subir un tel traitement ?
Qui peut se vanter d’être en permanence l’objet d’échos aussi farfelus
que sa supposée soirée new yorkaise avec une astrologue célèbre ou la
vraie fausse mission confiée par le PNUD ?
Combien de pages
consacrées aux incohérences permanentes de Nicolas Sarkozy, aux valses
et aux portes qui claquent dans les cabinets de tel ou tel ministres ?
Combien ? Si peu à dire vrai au regard de ce que le moindre de ses faux
pas, la moindre de ses déclarations, la moindre de ses sorties privée,
déclenche comme coulée d’encre et de lave malveillante.
Si
Ségolène Royal doit s’interroger sur ce qui peut déclencher ce type de
comportement irrationnels, l’autre face de son charisme, elle aurait
tort de se poser en victime.
Il y a dans ce monde à genou, une
forme de grandeur à rester libre, à tenir debout et à le rester, même
face au vent le plus violent. Surtout face au vent le plus violent.
Il
y a là la marque des grands guerriers à faire de la politique comme on
l’entend, comme on le croit juste, en dépassant les codes qu’elle juge
obsolètes, à tort ou à raison.
Il y a la une véritable raison de se
réjouir, pour qui aime démocratie et le débat d’idée, de voir une femme
qui a déjà vécu une vie que peu de leaders politiques ont eu la chance
de construire : plusieurs fois ministre, députée, finaliste d’une
présidentielle. Oui, il y a toutes les raisons de se réjouir a voir
cette femme poursuivre sa route, tracer son chemin avec son sabre , sa
principale qualité : le courage. Renverser la table, ouvrir la voie,
chercher, proposer, trébucher, se relever , avancer comme un brise
glace : l’ordre juste , la fraternité, la démocratie participative, la
France métissée, la rénovation du parti socialiste. Elle a impulsé
toutes ces idées et l’on voit bien à quel point son propre parti,
obsédé, encore et toujours par sa candidature à la prochaine
présidentielle, siphonne ces idées sans en produire de nouvelles.
Il
y a enfin quelque chose de réjouissant à voir une femme assumer
pleinement sa vie privée, même si cette vie privée ne convient pas aux
codes germanopratins.
On ne
devrait pas sous estimer Ségolène Royal. L’an dernier, à la même
époque, Bertrand Delanoé devait gagner le Congrés de façon écrasante.
On vit ce qu’il advint. En Juin dernier, c’est François Bayrou qui
devait dépecer le parti socialiste aux Européennes. On vit ce qu’il
advint. Il fut un temps peu lointain ou Olivier Besancenot était
considéré comme l’opposant principal à Nicolas Sarkozy. On vit ce qu’il
advint. Aujourd’hui, c’est Dominique de Villepin . Et demain ?
Ainsi
va la presse , qui fabrique périodiquement des diables et des dieux,
des héros et des salopards. Mais seules comptent vraiment les courbes
de vie qui viennent de loin, s’enracinent dans les victoires, se
nourrissent des défaites, pataugent dans la boue de leur campagne, de
leur rue, emballent les foules et prêchent dans le désert, marchent
très accompagné ou les mains dans les poches, seuls, sous la pluie.
On
appelle cela un destin politique. Peu de dirigeants sont capables de le
forger. Ségolène Royal en fait partie. Et il se pourrait bien qu’un
jour, à force d’avoir été isolée, elle soit majoritairement seule.
Platon