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24 novembre 2009

Vincent Peillon, l’idiot utile

 

Ce lundi, aux alentours de 2h00 du matin, Vincent Peillon et François Rebsamen ont publié le cinquième numéro de la Newsletter électronique du courant « L’Espoir à gauche ».

Il s’agit, pour l’essentiel, d’interminables et pénibles considérations sur la nécessité d’un « Rassemblement » (mot qui revient dix neuf fois) et dont on a vu qu’il passait paradoxalement par les exclusives à l’encontre de Ségolène Royal, laquelle, pourtant, fut désignée, en 2006, par 63% des militants socialistes comme candidate du PS à l’élection présidentielle.

Certains passages ne manquent pourtant pas d’intérêt et méritent que l’on s’y attarde.

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Vincent Peillon ou la technique du Coucou


Dans la Newsletter n°5, on peut lire notamment ceci (nous soulignons) :

« [Notre rencontre] organisée et portée par le Rassemblement, c’est-à-dire des personnalités issues du Parti Socialiste, des Verts, d’Europe Ecologie, des anciens communistes, du Modem, du Parti radical de gauche, il était convenu entre nous d’annoncer la naissance de ce lieu de convergences politiques, « www.le-rassemblement.fr ». »

Voici donc l’objet de la manœuvre clairement énoncé : la création à gauche d’un mouvement autonome et transversal sur la base des réseaux militants socialistes du courant « Espoir à Gauche », voire de l’association Désirs d’avenir, et à partir desquels Vincent Peillon espère assouvir ses ambitions personnelles.

Autrement dit, le prétendu « Rassemblement » (avec un grand « R », faisant référence non à un substantif mais bien à une organisation politique) n’est en réalité que l’expression d’un fractionnisme, doublé d’une tentative de captation de réseaux nés autour des idées et de l’action politique de Ségolène Royal.

A ce sujet, je conseille la lecture du billet de Samuel Baillaud qui met en lumière les raisons inavouables de la dispute Peillon/Royal.

Celui-ci observe judicieusement (nous soulignons) :

« Le problème de Peillon, c’est qu’il ne peut créer à lui tout seul ce « Rassemblement » dont il serait la pièce maitresse. Peillon a besoin pour soutenir son projet, d’une importante organisation politique, riche en militants de base pouvant remplir une salle de meeting, riche en hommes politiques influents pour garnir la premiere rangée de sièges de cette salle, riche en moyens financiers et en mécènes pour financer des meetings, des brochures, un site internet. Peillon a donc besoin d’utiliser l’organisation « Espoir à Gauche », pour y inséminer la graine du « Rassemblement » qu’il souhaite voir se développer autour de lui, puis pour que cette graine s’y developpe comme un embryon dans le ventre de sa mère. »

Ce fractionnisme explique aujourd’hui, d’une part, le manque de lisibilité entourant l’initiative de Peillon qui parle de rassemblement tout en excluant Royal et, d’autre part, l’embarras des militants socialistes dont une majorité sincère peine à comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui s’est produit à Dijon le 14 novembre 2009.

En d’autres termes, il s’agit de la technique utilisée par le Coucou : le Coucou parasite les nids   des autres oiseaux en y déposant ses oeufs.

Tout ceci rend même cocasse l’hommage que Peillon et Rebsamen adressent aux autres personnalités non socialistes qui, dans cette affaire, ont été bien évidemment instrumentalisées :

« Daniel Cohn-Bendit avait encore déclaré le vendredi dans le Figaro qu’il n’était pas candidat à la présidentielle. François Bayrou, qui souhaitait venir, a compris et respecté cette démarche. C’est ainsi que les autres présidentiables socialistes, dont l’aura médiatique aurait été susceptible de dénaturer le consensus de la rencontre, n’ont pas été invités. »

Cette prévenance contraste douloureusement avec insultes dont Royal a été abreuvée. Elle montre en tout cas que la camaraderie est chose éminemment relative qui a bien du mal à résister à la fatuité.

Comme quoi, l’égotisme n’a pas là où certains, effectivement mal placés, croient le déceler parce qu’ils ne saisissent pas ce qui est en train de se jouer.

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Vincent Peillon ou la technique du cocu

Je devine l’objection : la présence de François Rebsamen qui a co-signé la newsletter à laquelle j’ai fait référence au début de ce billet.

Cette présence ne doit pas faire illusion, car elle aveugle déjà suffisamment Vincent Peillon.

François Rebsamen a-t-il lâché politiquement Ségolène Royal ? Sans aucun doute.

Mais François Rebsamen a-t-il lâché Ségolène Royal pour Vincent Peillon ? Rien n’est moins sûr.

Car le Maire de Dijon ne roule évidemment pas pour l’ex-lieutenant de Ségolène Royal, mais bien pour François Hollande, son ami de toujours.

En bon manoeuvrier (il fut pendant des années secrétaire national du PS aux fédérations), François Rebsamen accompagne tout simplement le mouvement de Peillon, dans le but de le contrôler et, lorsque le temps sera venu, de le circonvenir pour les besoins de la campagne de François Hollande lors des prochaines primaires socialistes.

Vous verrez que dans les prochaines mois, il y aura progressivement un rapprochement entre Vincent Peillon et François Hollande. Le premier pensera alors piéger le second sans se rendre compte que le second l’aura déjà ferré depuis belle lurette.

Vincent Peillon est donc ce que l’on appelle, dans la phraséologie politico-révolutionnaire, un « idiot utile », qu’on laisse s’agiter le temps de créer la confusion à gauche, tout comme Olivier Besancenot est l’idiot utile de Nicolas Sarkozy.

L’initiative de Peillon est ambiguë. Et cette ambiguïté sert précisément à François Hollande qui a besoin d’un courant pour mettre toutes les chances de son côté dans la perspective des primaires socialistes et pour se positionner (même si cela peut faire sourire) comme le premier opposant à la direction actuelle du PS.

Quand Vincent Peillon ne sera plus d’aucune utilité, c’est-à-dire lorsqu’il sera parvenu à déstabiliser « L’Espoir à Gauche » au profit du « Rassemblement », il sera alors lâché et politiquement liquidé.

Et Vincent Peillon sera d’autant plus vite écarté qu’il ne représente strictement rien au sein du PS.

En effet, celui-ci est entré en politique il y a une quinzaine d’années à peine ; il n’a aucun fief (il n’est ni maire, ni conseiller général, ni conseiller régional, ni député, ni sénateur) ; son mandat de parlementaire européen ne lui donne aucune « épaisseur politique » ; il n’a jamais assumé la moindre responsabilité au niveau national (aucun ministère) ; et de surcroît, le succès de la motion E au Congrès de Reims n’est pas le sien.

C’est donc l’homme de paille idéal, l’imbécile à la belle gueule chargé de donner et de recevoir les coups en lieu et place de François Hollande.

Le Coucou se révèlera très vite cocu.

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Et Ségolène Royal ?

C’est bien parce que Ségolène Royal a compris (mais peut-être un peu tard) la manoeuvre décrite plus haut, qu’elle s’est rendue à Dijon malgré les oukases médiatiques de Vincent Peillon.

En août dernier, Ségolène Royal ne s’était pas rendue à la réunion du courant « L’Espoir à Gauche », qui avait eu lieu à Marseille, afin justement d’apaiser les tensions quelques jours avant l’université d’été du PS à La Rochelle.

Contrairement à ce que Peillon a déclaré à ce sujet, cette absence n’était ni du désintérêt ni du snobisme. Ségolène Royal ne voulait tout simplement pas que sa présence puisse être instrumentalisée par la direction du PS pour dénigrer le travail de son courant.

Erreur ? Avec le recul dont on dispose aujourd’hui, assurément. Mais, à la décharge de Ségolène Royal, était-il seulement possible d’anticiper à l’époque la profonde déloyauté de Vincent Peillon ? Difficile de répondre avec certitude.

Il ne faut pas oublier non plus que le livre des journalistes André et Rissouli mettant au jour le système de fraudes massives lors du vote du 20 novembre 2008 n’était pas encore paru.

C’était aussi le temps où les médias et les militants socialistes se surprenaient à croire à une réconciliation possible entre Martine Aubry et Ségolène Royal.

Depuis lors, de l’eau a coulé sous les ponts et la prudence de Ségolène Royal s’est malheureusement retournée contre elle.

La réconciliation avec Aubry s’est avérée impossible suite aux révélations du livre des deux journalistes.

Ambitieux, Peillon l’a ensuite trahie en se laissant déborder par une haine qu’il avait soigneusement contenue tout au long de ces derniers mois.

Quant à François Rebsamen, celui-ci, fidèle à sa stratégie, s’est contenté de souffler sur les braises, laissant entendre plus ou moins clairement qu’il avait invité à Dijon la dame du Poitou et que cette dernière avait naturellement vocation à assister aux débats du courant « L’Espoir à Gauche ».

Pour l’instant, Ségolène Royal apparaît comme la partie faible. Mais cette faiblesse ne durera qu’un temps ; et elle pourrait même s’avérer une force à plus ou moins court terme.

Les attaques dont elle fait actuellement l’objet cesseront lorsque Peillon aura maille à partir avec Hollande et, plus généralement, lorsque tous les autres leaders socialistes, ou qui se pensent comme tels, seront trop occupés à se tirer dessus les uns les autres, primaires obligent.

Ségolène n’a donc pas vraiment de souci à se faire, car le concert de faux culs, qui a habitué jusqu’à présent l’opinion publique à des symphonies anti-Royal, va très rapidement révéler des dissonances le rendant proprement inaudible.

Gabale,  sur AGORAVOX

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Commentaires
J
quel plaisir de te "revoir"! Toi non plus, tu n'es pas passif!!!... Je t'aperçois de temps en temps chez Michèle, J'ai mis un commentaire à la suite de ton article... <br /> <br /> Et pour cet interview de lundi sur France Inter, le PREUVE y est: deux gros mensonges que j'ai souligné en apportant les preuves. http://blogdejocelyne.canalblog.com/archives/2009/11/23/15898819.html#comments. A le regarder, et mieux encore qu'en l'écoutant, on aperçoit nettement le mépris, envers les citoyens, les militants, qui suinte . Ecoeurant ce petit homme...
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G
Salut Joyce,<br /> <br /> Si longtemps qu'on s'était "vus"...<br /> Heureux de te retrouver toujours aussi combative.<br /> <br /> Voilà ce que je pense du paillasson de dsk :<br /> <br /> http://centpenseespourvous.blogspot.com/2009/11/laffaire-de-dijon.html<br /> <br /> Et voilà ce que j'avais posté sur ce même pénible sujet sur le blog de Najat VB :<br /> <br /> <br /> <br /> Peillon.<br /> <br /> C'est l'imbécile qui a cru justifier son "diagnostic" de psychiatrie lourde en osant hasarder que :<br /> <br /> -les poissons ne volent pas,<br /> -les oiseaux ne nagent pas...<br /> <br /> ( J'ai entendu ça sur FR Inter)<br /> <br /> Il était "organisateur" d'une journée consacrée, dit-on, à l'éducation.<br /> <br /> Et ce type a le culot de considérer comme quantité négligeable les charmants poissons volants ?<br /> Et d'exclure (selon les mêmes critères peut-être que les duettistes Besson-Hortefeux) les cygnes, canards, foulques, mouettes, albatros,...de la "race" des oiseaux ?<br /> <br /> Dans mon jardibn, les merles, moineaux, mésanges,...sympathisent avec les poissons, en partageant la même cascade.<br /> <br /> Et tout ce petit monde dit :<br /> <br /> " Merde au paillasson" !<br /> <br /> ( Note, si je ne l'avais déjà signalé ici : peillon n'est que le paillasson du libéral dsk, qu'il avait qualifié de "chance pour le PS".)<br /> <br /> Voilà...<br /> <br /> J'espère qu'on se reverra quand il fera plus beau...<br /> <br /> Bizzz<br /> <br /> GE
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