Le sommet de Copenhague
Par Naomi Klein
Le sommet de Copenhague s’ouvrira quasiment 10 ans jour pour jour après que quelques milliers de militants ont bloqué le sommet de l’OMC à Seattle - le "coming out" d’un nouveau mouvement, dont Copenhague marquera le passage à l’âge adulte. Adulte, mais désobéissant, nous explique Naomi Klein.
L’autre jour, j’ai reçu une copie promotionnelle du livre "La bataille de l’histoire de la bataille de Seattle" par David et Rebecca Solnit. Le livre doit paraître 10 ans après qu’une coalition historique d’activistes ait réussi à bloquer le sommet de l’OMC à Seattle - l’étincelle qui a déclenché un vaste mouvement global contre les multinationales. (...)
Les militants présents à Copenhague répondront que,
loin de résoudre la crise climatique, le marché carbone représente une
privatisation sans précédent de l’atmosphère, et que les compensations
et puits menacent de déboucher sur un pillage des ressources d’ampleur
coloniale.
Ces solutions basées sur le marché ne vont pas simplement échouer à résoudre la crise climatique : leur échec augmentera de manière dramatique la pauvreté et les inégalités, parce que les plus pauvres et les plus vulnérables sont les premières victimes du changement climatique - en même temps qu’ils sont les premiers cobayes de ces marchés carbone.
Mais les militants présents à Copenhague ne se
contenteront pas de refuser tout cela. Avec détermination, ils vont
proposer des solutions qui permettent de simultanément réduire les
émissions et les inégalités.
Contrairement aux sommets précédents, au cours desquels les alternatives semblaient n’être que des arrières pensées, à Copenhague, les alternatives joueront un rôle central. (...)
Certaines des solutions proposées dans le camp des activistes sont les mêmes que celles promues par le mouvement altermondialiste depuis des années : l’agriculture locale et durable ; des projets énergétiques de petite taille et décentralisés ; le respect des droits fonciers indigènes ; le choix de laisser les ressources fossiles dans les sous-sols ; l’assouplissement des protections (brevets) sur les technologies vertes ; et le financement de ces changements par la taxation des transactions financières et l’annulation de la dette. D’autres solutions sont nouvelles, telle la demande croissante que les pays riches paient une "dette climatique" en réparation des dommages causés aux plus pauvres. Ce sont des revendications très élevées. Mais l’an passé, nous avons pu constater la quantité de ressources que nos gouvernements peuvent débloquer quand il s’agit de sauver les élites. Comme l’exprime un slogan lancé avant Copenhague, "si le climat était une banque, il aurait déjà été sauvé" - et non abandonné à la brutalité des marchés.
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