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7 décembre 2009

Lefebvre versus Hamon : le match des porte-paroles

Par Julien Martin | Rue89

L'un à l'UMP, l'autre au PS, les deux quadras ont imposé un nouveau style de porte-parolat. Portraits croisés.

Frédéric Lefebvre et Benoît Hamon (Reuters et Rue89)

Fini le temps des porteurs de paroles policées. Frédéric Lefebvre a inauguré l'ère des puncheurs à l'UMP. La langue déjà bien pendue, Benoît Hamon a pris le même poste au PS pour lui faire face. Issus de la même génération, le premier a 46 ans et le second 42 ans, ils ont également comme caractéristique commune d'avoir débuté en politique sans expérience professionnelle préalable. Différences et ressemblances.

Comment sont-ils devenus porte-paroles ?

Benoît Hamon. 20 novembre 2008, au soir du premier tour de l'élection du premier secrétaire du PS, il obtient 22,83% des voix. Il choisit sans surprise de soutenir Martine Aubry pour le second tour, contre Ségolène Royal. Un soutien qui n'est pas sans contrepartie : en retour de l'apport de près d'un quart des suffrages des militants socialistes, la maire de Lille lui promet le poste de porte-parole du parti en cas de victoire.

Frédéric Lefebvre. Il a lié sa carrière politique à celle de Nicolas Sarkozy. Attaché parlementaire puis conseiller dans les différents ministères occupés par ce dernier, il prend pleinement part à sa campagne présidentielle. Mais Cécilia ne l'aime pas et Nicolas ne le récompense pas. Il n'entre pas au gouvernement et n'est que le suppléant d'André Santini aux dernières législatives. Il finit toutefois par entrer à l'Assemblée nationale à la faveur de l'attribution d'un secrétariat d'Etat à son député titulaire et accède aux projecteurs médiatiques par le porte-parolat de l'UMP.

Quels est leur parcours politique ?

Benoît Hamon. Elu président du Mouvement des jeunes socialistes en 1993, il prend des responsabilités au PS en 1995, en tant que conseiller pour la Jeunesse. Puis vient le temps des cabinets ministériels, aux côtés de Martine Aubry. Son premier mandat sera celui de conseiller municipal de Brétigny-sur-Orge (Essonne) en 2001. En 2004, il devient également député européen.

De deux mandats, il est aujourd'hui passé à zéro. Il ne se représente pas aux municipales de 2008 et n'est pas réélu aux européennes de 2009. En attendant les régionales de mars 2010 pour lesquelles il s'est porté candidat, il est professeur associé à l'Université Paris VIII et a réintégré Le Fil, la société d'études d'opinions qu'il avait cofondée en 2002.

Frédéric Lefebvre. Député sans avoir donc été élu directement, il a toutefois affronté le suffrage universel à plusieurs reprises. Responsable des jeunes RPR de Garches (Hauts-de-Seine), il devient adjoint au maire de la même ville en 1989. Poste qu'il ne quittera qu'en 2007. Conseiller régional d'Ile-de-France depuis 2004, il n'est plus député depuis juin dernier et le retour d'André Santini à l'Assemblée nationale.

Parallèlement, il a créé en 1996 Pic Conseil, un cabinet de communication et de lobbying. Encore propriétaire de 49,9% des parts, il affirme ne plus y exercer d'activité, donc ne pas être en situation de conflit d'intérêts. Ce qui ne l'a pas empêché, comme l'a révélé LePost.fr, de toucher, en 2008, 199 325 euros de la part de la société, à titre d'actionnaire. Faute de voir enfin arriver un poste au gouvernement, il est devenu avocat au mois d'octobre.

Quel est leur style de porte-parolat ?

Benoît Hamon. Son porte-parolat tranche avec celui de ses prédécesseurs en ce qu'il est à la fois leader d'un courant et porteur de la parole collective. Et il ne cache pas que, dans ses déclarations au nom du PS, il « essaye de tirer la position du parti » vers ce en quoi il croit, vers ce qu'il estime être « la parole la plus socialiste possible », surtout lorsque la cacophonie règne dans les rangs.

Frédéric Lefebvre. Adepte du coup d'éclat permanent, il publie des communiqués comme il respire. Son crédo ? Attaquer les autres pour faire parler de lui et du parti. Les autres sont autant les socialistes (il n'hésite pas à considérer que « Ségolène Royal a besoin d'une aide psychologique ») que les journalistes (selon lui, ils cherchent « par tout moyen à détruire le président de la République »).

Quel est leur positionnement politique ?

Benoît Hamon. Il représente l'aile gauche du Parti socialiste. L'intervention étatique plutôt que le libéralisme économique généralisé. Partisan du rassemblement de toute la gauche, il est plus que réticent à l'idée-même de faire alliance avec le MoDem. Son entrée dans la direction du Parti socialiste l'a toutefois obligé à taire certains de ses combats : opposé au traité constitutionnel, il sait que Martine Aubry y était favorable.

Frédéric Lefebvre. Difficile de connaître son réel positionnement politique, tant il se borne à défendre les positions de l'Elysée. Lui se dit « plus social que libéral ». Reste qu'il a été l'un des porte-drapeaux de la loi Tepa dite « paquet fiscal » à l'Assemblée nationale ou a récemment bataillé pour que les salariés puissent travailler même durant un congé maladie ou maternité.

Quel est leur rapport au Web ?

Benoît Hamon. Interrogé mi-janvier sur RMC sur la définition du Web 2.0, il bredouille une réponse avant d'avouer : « Je ne sais même pas ». Une fois l'explication donnée, il tente de se rattraper en affirmant qu'il gère « directement son Facebook et son Twitter ». (Voir la vidéo)


C'est sur Twitter que le porte-parole du PS est le plus actif. Mélangeant vie privée (« ma voiture a été fracassée-visitée vendredi soir ») et vie politique (« très très gros succès partout de la votation citoyenne sur la Poste »), il n'est jamais avare en piques en tout genre, notamment envers les internautes (« t'es trop intelligent et sérieux pour moi, je m'incline »).

Frédéric Lefebvre. Pressenti fin 2008 pour devenir secrétaire d'Etat en charge de l'Economie numérique, l'hypothèse prend du plomb dans l'aile après sa diatribe anti-Web en pleine séance de l'Assemblée nationale le 15 décembre 2008 (« les proxénètes ont trouvé refuge sur Internet et les psychopathes, les violeurs, les racistes et les voleurs y ont fait leur nid ») et après son patinage sur la définition du Web 2.0, toujours sur RMC, peu avant Benoît Hamon. (Voir la vidéo)


Aujourd'hui, s'il gère plutôt classiquement sa page Facebook, il vient de faire une entrée remarquée sur Twitter, où son compte a été bloqué au bout de 24 heures par une action collective de détracteurs-farceurs. A son retour, il a préféré s'adresser à ses supporteurs : « I'm back, merci pour votre soutien massif et vos nombreux mails ! »

Que pensent-ils l'un de l'autre ?

Benoît Hamon. « Frédéric Lefebvre fait un porte-parolat de sniper exclusivement. Il se place généralement dans une position de défense ciblée. Il ne porte que la parole présidentielle. L'UMP disparaît derrière le Président. Il est le symbole de la droite actuelle : décomplexée, agressive, arrogante et vaniteuse.

Après, j'ai bien conscience que ce sont certains de mes arguments -pas toujours excellents- qui le poussent aussi à agir ainsi… De l'homme, en revanche, je ne connais pas grand-chose, mais ils est moins agressif en off qu'en on. »

Frédéric Lefebvre. Il préfère visiblement se servir de son téléphone pour tweeter que pour répondre aux nombreux appels de Rue89.

Quel est leur dernier débat ?

Pour vous donner un aperçu immédiat du travail des deux porte-paroles, voici le dernier débat qui les a opposés. C'était le 13 novembre dernier sur France Info. Animé par Jean Leymarie, l'émission portait sur l'identité nationale, au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy sur le sujet dans la Drôme. (Ecouter le son)

 

 

Photo : Frédéric Lefebvre et Benoît Hamon (Reuters et Rue89).

                   

 

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