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20 décembre 2009

Louis DALMAS: DEUX RAISONS DE L’ÉCHEC DE COPENHAGUE

Le sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique s’est terminé, comme prévu, par un échec.

Et nos médias se sont lamentés sur une Amérique qui ne s’engage pas, une Europe incapable de parler d’une seule voix, une Chine qui ne pense qu’à ses intérêts, une Inde ne sachant pas prendre parti et un Tiers monde se querellant dans l’impuissance. Bref, des larmes de crocodile sur un spectacle de cirque raté.
Et, comme d’habitude, personne n’évoque l’essentiel. En l’occurrence, deux points qu’on aurait bien aimé voir traiter dans les grands journaux et à la télévision, et qui expliquent ce qui s’est passé.

1) Le rôle du “Groupe des 77”. Vous ne savez pas ce que c’est ? Et pour cause.
Nos brillants commentateurs évitent soigneusement d’en parler. Pourtant son action a été capitale. Fondée le 15 juin 1964, cette coalition de pays en voie de développement compte aujourd’hui 130 nations membres, emmenées par la Chine et l’Inde. Elle est devenue un redoutable instrument de lutte contre l’hégémonie de l’impérialisme américain. Or, les analystes honnêtes de la situation internationale savent que toute cette énorme offensive de “sauvetage de la planète”, si elle pose des problèmes de pollution qu’il faut en effet résoudre, a aussi comme objectif de rassembler le monde sous la houlette de Washington. La réunion de Copenhague était conçue comme une étape importante dans ce formatage des Nations Unies par l’Occident.
Notre bonne “gauche” officielle, toujours à la botte du shérif, a vendu la mèche : “La simple combinaison des intérêts nationaux, cadre intellectuel des stratèges à l’ancienne, ne suffit plus à assurer l’avenir de la planète, dit Laurent Joffrin dans son éditorial de Libération du 18 décembre dernier. C’est la marche vers un directoire mondial démocratique qui conditionne maintenant l’avenir de l’humanité. Il dépend d’Obama que cette utopie nécessaire prenne ou non un début de consistance.” Inutile de dire que cette idée de gouvernance mondiale américaine ne plaît pas aux 130 pays du “Groupe des 77”, et ils n’ont pas manqué de le faire savoir. Avec le résultat que l’on sait. Mais ça, ça ne figure pas dans les causes de l’échec répertoriées dans nos grands médias.

2) Un autre grand sujet a été passé sous silence.
Quand a-t-on entendu les chantres de la dépollution, du style Nicolas Hulot, déplorer les dégâts causés à l’environnement par les guerres impériales ? Où a-t-on vu tous ces mesureurs de CO2, si acharnés à rationner nos automobiles ou nos radiateurs, se donner la peine de calculer ce que diffusent les milliers de chars, de véhicules blindés, de camions qui sillonnent sans arrêt les pistes d’Irak ou d’Afghanistan ? Dans quelle émission de télé a-t-on entendu les camelots de l’écologie, comme Cohn-Bendit, dénoncer les ravages des bombardements ou la contamination de régions entières par l’uranium appauvri ? Combien de fois nos représentants dans la capitale danoise ont-ils pris la parole pour dénoncer la destruction miliaire de la planète ? On peut penser que cette occultation des formes armées de la colonisation moderne n’a pas rassuré les cibles éventuelles dans le Tiers monde, et a aussi contribué à l’échec. Mais ça non plus, ça n’a pas eu l’honneur d’être évoqué dans nos médias.

Résistance à l’Empire US, dénonciation des guerres : voilà la véritable trame de la faillite du sommet. Que nos médias n’en disent pas un mot prouve simplement la servile médiocrité de notre information.

Louis DALMAS.
Directeur du mensuel B. I. Dernier livre paru : “Le bal des aveugles” (Editons Le Verjus).       

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