Quand des ministres poussent la presse à dénoncer la manière de gouverner de Nicolas Sarkozy
Par erlande le 23/12/2009 sur LE POST
A écouter Jean- François Kahn, Jean-Louis Borloo, l’un des
plus populaires ministres du gouvernement, serait en désaccord avec la
personnification du pouvoir actuelle. En privé, il dénoncerait la
"dérive monarchique du régime" impulsée par Nicolas Sarkozy. Il est vrai que
ce n’est pas la première fois que ce type de propos sont tenus par un ministre,
il suffit pour s’en apercevoir de lire les indiscrets des différents journaux
qu’ils soient de gauche ou de droite. Mais si l’on s’en tient à la conversation
rapportée par Jean-François Kahn, il va plus loin.
D’une part, Borloo
penserait que le Président n’est pas capable de faire face aux "problèmes
complexes du 21ème siècle". Il penserait même qu’en continuant ainsi, "on" (on
peut imaginer derrière ce "on" le gouvernement, la France...) "va droit dans le
mur". Ce n’est donc pas seulement une querelle de prérogatives, dans laquelle
les conseillers de l’Elysée tirent dans les pattes des ministres et s’accaparent
leurs fonctions. Evidemment, il dénonce cette relégation des ministres comme
simples exécutants de la politique décidée par leurs conseillers élyséens
attitrés. Il n’est pas étonnement qu’un ministre s’en plaigne, ce n’est jamais
gratifiant d’être la potiche d’un homme.
Mais en fin de compte serait-ce
si grave si les choix décidés d'en haut étaient bons ? Au contraire, les
ministres économiseraient leur temps en réflexion et seraient populaires
!
Loin de la solidarité gouvernementale, Borloo seraient au contraire en
désaccord avec la façon de gouverner du président mais aussi avec sa politique
actuelle (ou tout du moins certains de ces aspects).
Le deuxième aspect
intéressant, qui montre que le désaccord est profond, c’est que Borloo pousse en
privé les journalistes à dénoncer cette dérive. Il appelle les
journalistes à protester ouvertement contre la politique de Sarkozy !
On en serait à un tel point de connivence entre les politiques et les
journalistes (ou alors de peur des journalistes vis-à-vis du pouvoir, ceux-ci
risquant de s’attirer les foudres de l’Elysée et de mettre en péril leur
carrière) que se devrait être un éminent membre du gouvernement qui
les encourage à écrire dans leurs articles la dangereuse dérive dans la façon de
gouverner. On parle souvent des journalistes qui deviennent politiciens, on
devrait plutôt demander aux politiques de devenir journalistes !)
(Source: DDDebat sur Dailymotion)
On remet souvent en cause la dyarchie de l’exécutif qui remet en question la nécessité du poste de Premier Ministre, mais ne devrait-on pas aussi se demander de la nécessité du gouvernement ? Ou alors de la nécessité du cabinet du Président ? Pourquoi mettre des ministres si c’est pour les court-circuiter par un conseiller? Est-ce un problème de confiance envers le ministre ?
On sait que souvent les
conseillers Elyséens sont les hommes de confiance du Président (ils sont d’ailleurs souvent placés au fur et à mesure à la tête
d’institutions ou d’entreprises publiques pour accroitre la main mise du
Président sur les différents pouvoirs politiques et sur
l’Economique), alors pourquoi ne pas les nommer directement
ministres ? Cela permettrait des économies de fonctionnement et donnerait plus
de cohérence à la politique de l’Etat !
Note de la rédaction du Post
Cette vidéo a été tournée à l'occasion d'un débat organisé par l'association estudiantine Dauphine Discussion Débat le 25 Novembre dernier, et mise en ligne le 12 décembre.