Heuliez, l'anti-Gandrange et l'anti-Jospin
A mon grand étonnement, plusieurs personnes croisées ça et là et qui connaissent mon engagement m'ont parlé d'Heuliez, de son sauvetage et de ses véhicules électriques.
J'en ai été étonné, oui. Parce que Heuliez, c'est tout de même loin de
Paris. Je ne pensais pas les gens si concernés, sauf bien sûr les
personnes les plus engagées ou les plus intéressées par la politique.
Cet intérêt m'a amené à plusieurs réflexions, issues de souvenirs, à la fois personnels et politiques.
J'ai abord pensé au formidable cadeau de Noël que
représente ce sauvetage pour les familles des 600 salariés qui vivaient
dans l'angoisse depuis des mois. Très jeune, j'ai connu cette angoisse.
C'était au début des années 80 lorsque l'industrie quittait Paris et
délocalisait en province et licenciait à tout va pour réduire les
coûts. Le soulagement vécu par les salariés et les ouvriers d'Heuliez a
été partagé par nombre d'entre nous.
Souhaitons-leur d'excellentes fêtes de fin d'années à eux Mais aussi à ceux qui en France vivent encore dans l'angoisse de 2010.
Ce conte de Nöel est aussi et d'abord une grande leçon de politique.
C'est d'abord le fruit de l'intense mobilisation des salariés et des
ouvirers d'Heuliez ainsi que le travail ininterrompu des services de la
région Poitou-Charentes.
Mais c'est surtout le succès de Ségolène Royal.
Un double succès. Résultat d'une part de sa capacité d'anticipation, de
vision à long terme et d'autre part de ce que Jean-Louis Bianco
appelle sa « ténacité indestructible », son obstination à aboutir et à lever l'un après l'autre les obstacles.
Anticipation?
Oui, Ségolène Royal n'a pas attendu que les difficultés soient là pour lancer dès fin 2007, un appel à projet pour la réalisation d'une voiture électrique à bas coût (5000 €) qui aboutissait 9 mois plus tard à la présentation de 3 prototypes
au salon de l'automobile et à l'industrialisation de
ceux-ci.
Obstination?
Les services du gouvernement lui expliquait que son schéma de sauvetage
nécessiterait des décisions du Conseil d'Etat qui prendraient 3 ans...
quand il a fallu 3 mois. La semaine dernière encore l'UMP traitait
encore Royal de menteuse. Et l'ancien Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin déclarait
La Nouvelle République à propos d'Heuliez :
"Le véhicule électrique ne marchera pas car les constructeurs ne
sont pas intéressés. C'est une gestion populiste et médiatique du
dossier ".
Alors que le géant Véolia a déjà
commandé l'un des véhicules électriques d'Heuliez pour AutoLib le futur
service parisien de véhicules en libre service et que nombreux sont les
salariés habitant loin des centre-ville qui
Voilà en tout cas qui a dû surement plaire aux 600 salariés et à leurs
familles, comme à tout ceux qui se battaient pour sauvegarder les
emplois.
Une grande leçon politique qui tranche avec les échecs qui ont marqué les esprits ces dernières années.
Je pense notamment à Lionel Jospin et à son célèbre "l'Etat ne peut pas tout", phrase prononcée en 2000 lors de l’annonce des licenciements «boursiers» par Michelin. Une phrase qui a sans doute beaucoup compté dans l'échec en 2002.
Je pense aussi à ce "je reviendrais" de Nicolas Sarkozy à Gandrange quand il promettait: "Avec ou sans Mittal, l'Etat investira dans Gandrange", tout en déclarant "je dois dire que Gandrange, comme voyage de
noces, y a pas mieux".
Depuis Mr Mittal a fermé l'usine de Gandrange provoquant la suppression
des 575 emplois de l'aciérie de Moselle. Et Nicolas Sarkozy n'est
retourné à Gandrange qu'en catimini pour annoncer des mesures
d'accompagnement.
Ici en vidéo les images de sa première visite, celle des promesses non tenues:
Voilà pourquoi le sauvetage d'Heuliez représente la parfaite anti-thèse du Sarkozy de Gandrange comme du Jospin de Michelin et de Renault Wilvorde.
Une démonstration renouvelée de la démarche de Ségolène Royal, de ce qu'elle: la politique par la preuve, une certaine morale de l'action.
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