Vincent Peillon ou l’art de camoufler un bide

  Par RichardTrois     sur LE POST
le 24/01/2010 à 11:05    

Ceux d'entre nous qui ne suivent l'actualité politique que d'une oreille ignorent qu'hier devait se tenir une grande journée de travail sur le fond pour la gauche. Mais le vacarme de ce qu'il faut appeler l'affaire Peillon aura tout emporté...

Cette journée de travail fut un bide. Un gros bide. A peine, 200 personnes se sont déplacés ce samedi pour assister à cette réunion nationale organisée par Vincent Peillon intitulée « Pour une république nouvelle ».

Force est de constater que Vincent Peillon a réussi le tour de force qui consiste à rassembler moins de monde à Paris que lors d'une des étapes du tour de France de Martine Aubry. Bravo.

Ce n'est pas très surprenant me direz-vous. Vincent Peillon a commencé par annoncer via une interview de François Rebsamen au journal le bien public, que le rendez-vous prévu de longue date serait fermé aux militants :

« Et nous tiendrons, le 23 janvier, un colloque qui ne sera pas, en raison des élections régionales, ouvert aux militants comme avaient pu l'être ceux de Marseille et Dijon. Il s'agit d'un colloque sur la justice, les institutions, l'organisation territoriale de la République. »

Au sein d'une force politique qui porte très haut la participation et la « démocratie jusqu'au bout », voilà qui fait l'effet d'une douche froide. Une nouvelle preuve du renoncement de Vincent Peillon à nos idées. Et une décision qui trouve son origine dans la clash de Dijon avec Ségolène Royal : puisque les militants soutiennent Royal, n'invitons pas les militants...

Puis sentant le vent de la fronde militante, vient le moment des invitations sous le manteau. Au compte-goutte. Certains reçoivent des mails, d'autres pas. La plupart des invitations sont arrivées Jeudi soir dans les boites mail. Soit à peine 2 jours avant l'événement... Drôle de manière d'inviter à la participation.
Surtout quand l'organisation invitante « le rassemblement » est inconnue de nombre de militants. Ils connaissent le Parti Socialiste, Désirs d'Avenir, l'Espoir à Gauche. Mais qu'est-ce donc que « le rassemblement »? Une association? Dirigée par qui? Dans quel(s) but(s)? Avec quels textes fondateurs et quels mandats populaires?

Voilà pourquoi nombre de militants ont préféré décliner l'invitation et être utiles au PS et à la gauche sur leurs territoires en engageant la campagne des régionales. Y compris Daniel Cohn-Bendit et Christiane Taubira qui une nouvelle fois n'était pas présent au côté de Vincent Peillon.

Voilà pourquoi plus de 10 jours après son altercation avec la direction de France 2, Vincent Peillon a remis le couvert, traitant les responsables du service public de « serviles » (en termes étymologiques esclaves du pouvoir). Cela permet tout simplement de jeter un beau rideau de fumée sur un bide.

L'action serait, in fine, utile à la gauche si Vincent Peillon s'en prenait aux bonnes cibles. En l'occurrence et à 2 jours un show présidentiel coproduit par la Présidence de la République et par TF1, où le journalisme est réduit à la portion congrue, on s'attendait à une vraie dénonciation du Sarkozysme plutôt qu'à une attaque en règle contre ses serviteurs.

Mais voilà c'est sans doute le destin des seconds couteaux de se tromper de cibles plus qu'à l'accoutumée et de s'en prendre à d'autres seconds couteaux. 

   (Sources Le Point,     Le Point,   Le Bien Public,    Le Monde)

  Par RichardTrois