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31 janvier 2010

Aubry-DSK: ""l’entente cordiale" scellée le 15 août 2008 dans le riad du couple Strauss-Kahn-Sinclair à Marrakech."

Quand Aubry et DSK ne s'aimaient pas                            


Aubry et Strauss-Kahn affichent une relation apaisée. Mais ils ont été longtemps rivaux et ennemis.          

   "Je ne serais jamais la rivale de Dominique, il représente l’aile droite du PS et moi l’aile gauche." Ainsi parlait Martine Aubry en 1998. Elle était au faîte de sa gloire, symbole pour le peuple de gauche des réformes phares du gouvernement Jospin, les 35 heures ou les emplois-jeunes, et ne ratait pas une occasion d’insister: elle et DSK ne portaient pas les mêmes valeurs. On était alors au sommet de la haine entre les deux stars de la "dream team"…                                

Car si, aujourd’hui, Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry affichent une relation apaisée, longtemps ces deux-là se sont détestés. Les ministres de l’époque en attestent tous, la période Jospin fut très dure. Les relations entre la ministre de l’Emploi et de la Solidarité et celui de l’Economie et des Finances étaient "houleuses", "tendues", se souviennent-ils. Pas seulement parce Strauss-Kahn tenait les cordons de la bourse et qu’Aubry faisait des réformes coûteuses. A l’époque, Aubry avertissait ses collaborateurs: "Bercy et DSK sont le loup, il ne faut pas s’en approcher." Les membres de l’équipe Aubry pouvaient même se voir interdire de déjeuner avec des collaborateurs de DSK! C’était une guerre, et "Martine" voulait la gagner. Chaque différend entre son ministère et les Finances était arbitré par le patron, Lionel Jospin en personne. A chaque fois, elle revenait en triomphatrice Rue de Grenelle. "Sous Jospin, je gagnais tous mes arbitrages", dit-elle encore aujourd’hui. Humilié, DSK? Vue des strauss-kahniens, c’est une autre histoire qui se raconte. "On lui faisait croire qu’elle gagnait", corrige, retrouvant la morgue de l’époque, un ancien du cabinet DSK.


Elle n’avait pas confiance en lui. Lui disait qu’elle mentait tout le temps"

Ainsi se narre une rivalité, qui se renouera peut-être à l’approche de 2012. Aubry s’est voulue la plus à gauche: "Il connaît l’économie, je connais le social et c’est ce qui compte pour les Français", disait-elle. DSK lui, la prenait de haut, raillait "l’incompétence" en matière économique et la "méchanceté" de sa rivale. Dans l’intimité, il pouvait surnommer Aubry "la Tarentule". Une haine pour de vrai, ou une comédie dans le pouvoir?                                

  "Entre les deux, c’était un jeu de rôle, raconte un patron, ami d’Aubry et de Strauss-Kahn. Martine a dû mettre en place des mesures qui étaient celles de Dominique, comme les emplois-jeunes ou les 35 heures. Ils jouaient au chat et à la souris. Elle n’avait pas confiance en lui. Lui disait qu’elle mentait tout le temps." DSK méprisait. Aubry se fâchait, se sentant menacée. Lors du succès du livre à charge contre elle, La Dame des 35 heures, Aubry accusait en privé: "J’en ai les preuves, c’est lui qui a alimenté le livre." Mais elle n’a jamais obtenu les aveux du rival: "Il n’assume pas, il fuit les conflits, il se défausse, c’est un mec", soupirait-elle alors.                                

Une haine, donc, et rien d’autre? Pourtant non. Entre les deux vedettes de la gauche, tout a plutôt mieux commencé. "Ils ont eu une vraie période de proximité, ils l’ont gâchée, et elle n’est jamais revenue", se désole un ami commun. En 1991, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn font ensemble leur entrée au gouvernement. Deux ministres juniors d’Edith Cresson puis de Pierre Bérégovoy. Elle au Travail, lui à l’Industrie. Deux brillants espoirs à qui tout viendra toujours sur un plateau, leurs ministères comme leurs circonscriptions.

                               

Deux réformistes. Ils sont proches, ils se ressemblent, démontrant une même aisance auprès des patrons comme des syndicalistes. Puis ils s’éloignent, après 1993, sur fond de déroute électorale de la gauche. La Mitterrandie se finit, l’étoile de Martine Aubry est à son firmament, et pas seulement parce que son père, Jacques Delors, passe pour le sauveur de la gauche. Les intellectuels, les patrons, les artistes s’arrachent l’ancienne ministre, icône du social à la tête de sa fondation, Agir contre l’exclusion. Strauss-Kahn est sur un créneau idéologique similaire, plus brillant, mais plus dilettante, et moins repéré par l’opinion, un des hommes de Lionel Jospin au PS.

Il va sauver le monde à Washington, elle se ressource à Lille                                                                              

Y a-t-il la place pour deux jeunes loups réformistes? Lionel Jospin le croit, qui doit sauver l’honneur du PS à la présidentielle de 1995. Le choc des ego sera tonitruant. Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn sont tous deux porte-parole du candidat socialiste, mais les faire tenir une conférence de presse ensemble se révèle quasi impossible! La divine surprise de la dissolution en juin 1997 les propulse au premier plan. A eux deux, ils incarnent la "dream team", mais leur rivalité s’exacerbe. A la présidentielle de 2002, Aubry et Strauss-Kahn sont les deux Premiers ministres potentiels d’un Jospin président. Le beau schéma s’effondre le 21 avril 2002. Ils passeront ensuite quelques années à survivre, l’un à Sarcelles, l’autre à Lille. Quand, en 2006, DSK croit pouvoir triompher de la tornade Ségolène, Aubry ne s’implique pas dans la bataille.

  Pendant la présidentielle, ils partageront "quelques ricanements anti-Royal". Puis Strauss-Kahn s’en va sauver le monde à Washington. Aubry, elle, se ressource à Lille. Quand, à l’été 2008, Aubry et DSK comprennent que leur ennemie commune, Ségolène Royal, peut prendre le PS, ils scellent leurs retrouvailles. Un mariage de raison qui préserve les chances de l’une et l’autre. C’est "l’entente cordiale" scellée le 15 août 2008 dans le riad du couple Strauss-Kahn-Sinclair à Marrakech. A elle le parti, à lui la possibilité d’un retour. Martine Aubry devient la patronne du PS, à 100 voix près, grâce aux troupes de Strauss-Kahn notamment. Mais, aujourd’hui, Aubry échappe à ceux qui l’ont faite. Elle réussit au-delà de tout ce qu’ils ont imaginé. Un ami commun en est sûr: "Martine va avoir des régionales entre très bonnes et excellentes, elle ira à la présidentielle et Dominique ne pourra pas revenir, il l’a mise en place, l’a toujours soutenue, il ne pourra pas dire: 'Elle est nulle.' La partie est jouée, elle est maîtresse de son destin et lui ne le maîtrise plus. » Celui-là, qui aimait les deux, a choisi Aubry. A un moment, chacun choisira son camp.

Cecile AMAR  sur   Le JDD

                           
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Commentaires
E
J'avais lu en son temps le bouquin "La dame des 35 heures". <br /> J'ai failli le jeter il y a deux ans en faisant du ménage, je ne l'ai pas fait...<br /> Il paraît qu'elle en avait pleuré !
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