Construction à Jérusalem-Est - soit dans la partie de la ville revendiquée par les Arabes - de 1.600 nouveaux logements !
Par Michel Colomès
Barack Obama et Benyamin Netanyahou dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, le 18 mai 2009 © KEVIN DIETSCH/UPI/MAXPPP
Depuis qu'il est entré à la Maison-Blanche, Barack Obama, n'en
déplaise à ses thuriféraires, a collectionné les revers diplomatiques :
avec l'Iran qu'il n'a pas convaincu de renoncer à la bombe ; avec la
Chine qui ne s'est jamais montrée aussi arrogante ; à Copenhague où il
n'a réussi à convaincre personne.
Mais le plus douloureux des camouflets, c'est à Jérusalem qu'il
vient de lui être infligé. Même si c'est son vice-président Joe Biden
qui a reçu la gifle à sa place : au moment où il arrivait en Israël pour
convaincre Netanyahou de la nécessité de faire aboutir les négociations
prévues avec les Palestiniens, en gelant notamment toute colonisation
dans les territoires occupés,
le gouvernement israélien a annoncé la construction à
Jérusalem-Est - soit dans la partie de la ville revendiquée par les
Arabes - de 1.600 nouveaux logements
. Si cela ne s'appelle pas une provocation !
Certes, la riposte américaine a été immédiate. Avec d'abord, à la manoeuvre, Hillary Clinton, pour une conversation téléphonique de 43 minutes avec le Premier ministre israélien. Ce que les diplomates appellent pudiquement une mise au point et d'autres, moins policés, une avoinée. Avec ensuite une sortie très médiatisée, dimanche matin, sur une télé américaine, de David Axelrod, le conseiller spécial du président pour le Proche-Orient, parlant "d'affront" et même "d'insulte". Avec enfin le report de la visite à Jérusalem de George Mitchell, l'envoyé spécial d'Obama.
Réponse de Netanyahou : "Les constructions continueront à Jérusalem
comme cela a été le cas depuis quarante-deux ans. Israël et les
États-Unis ont certes des intérêts communs, mais nous continuerons à
agir en fonction des intérêts vitaux d'Israël." Fin de non-recevoir,
fermez le ban.
En théorie, Obama pourrait prendre des mesures de rétorsion. Par
exemple le gel de tout ou partie des 5 milliards de dollars d'aide
américaine, une perfusion qui permet chaque année à l'État hébreu de
boucler son budget. Mais c'est une illusion. Pour la bonne raison que
pour faire passer ses réformes intérieures et notamment son plan de
protection sociale, le président américain a besoin du vote des
parlementaires et notamment des démocrates qui sont les soutiens
indéfectibles de l'État d'Israël, ce qu'il est convenu d'appeler le
"lobby juif". Voilà pourquoi l'affront fait à Obama restera impuni et
les 1.600 logements annoncés par Netanyahou en pleine ville arabe de
Jérusalem seront bientôt construits, réduisant d'autant les frontières
de l'État promis depuis tant d'années aux Palestiniens .
Rien d'étonnant après cela que la restauration et l'inauguration, le 16 mars, d'une synagogue dans le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem - une démarche en théorie parfaitement justifiée - échauffe les Palestiniens au point que leurs quartiers s'embrasent et que certains commencent à évoquer une troisième intifada.