13000 enfants handicapés dans l’impasse
... une situation inadmissible
14 avril 2010 - 12:28
C’est le quotidien LeParisien-Aujourd’hui en France qui relayait mardi le cri d’alarme des parents d’enfants handicapés, mais aussi leur colère et leur ressentiment envers des pouvoirs publics et un Etat défaillant.
Le chiffre fait en effet froid dans le dos : 13 000 enfants et adolescents polyhandicapés et jeunes autistes, dont la situation nécessite une prise en charge dans des établissements spécialisés, ne trouvent aucune place. Privés de structure d’accueil, ils ne peuvent bénéficier des progrès qu’accomplissent les enfants confiés aux enseignants des établissements médico-pédagogiques.
« Il n’y a pas de place, vous devez vous inscrire sur une liste d’attente. Ça peut prendre trois à cinq ans avant d’avoir une solution, car on est débordés de demandes » explique ainsi une mère au journal le Parisien. « Je gère mais ça devient compliqué et très fatiguant. Augustin a besoin de l’aide de professionnel pour progresser et pas seulement de sa famille » explique aussi la maman d’Augustin 6 ans, désespérée de ne trouver aucune place dans un institut médico-éducatif.
Cette situation qui désespère les parents d’enfants handicapés et nous révolte tous, nous dit le manque de respect que constitue une démarche politicienne qui consiste à énoncer des droits sans jamais ou si peu les traduire dans la réalité des faits.
Quand en 1999 Ségolène Royal, alors ministre déléguée à l'Enseignement scolaire, met en place le plan Handiscol, il s’agit de réaliser concrètement l'intégration des enfants handicapés en milieu scolaire ordinaire, un droit établi pourtant depuis 1975 !
Le handicap et l’attention que l’on porte à nos enfants handicapés nous décrivent simplement la société que nous voulons, pour aujourd’hui comme pour demain. Cette société nous voulons qu’elle donne à toutes et à tous les moyens de maîtriser de leur destin, y compris lorsqu’elles ou ils sont différents. Outre qu’il s’agit là de leur droit le plus fondamental, c’est aussi la plus belle des chances pour l’ensemble de la collectivité. Quelle que soit leur situation, la persévérance et les progrès de nos enfants handicapés montrent à tous, grands et petits le chemin de la liberté, du courage et de la dignité. Une richesse qui doit être la notre.
N’attendons pas des décennies pour que le droit le plus fondamental de tout enfant à l’éducation soit réalisé. Il s’agit simplement de savoir où sont nos priorités.
Interview de Ségolène Royal par des autistes du Papotin le 11 janvier 2010
Commentaire: pour comparer les promesses de N. Sarkozy, et l'échange entre Sarkozy et S. Royal sur ce thème, voici l'extrait du débat Sarkozy/Royal sur ce thème:
(...) " Nicolas Sarkozy :
Ce n'est pas gentil de dire des choses comme cela. Je
vais prendre un exemple qui va peut-être vous toucher. L'affaire des
enfants handicapés dans les écoles. Je considère qu'il est scandaleux
qu'un enfant ayant un handicap ne puisse pas être scolarisé dans une
école "normale." C'est important pour l'enfant ayant un handicap et pour
les autres enfants qui n'ont pas de handicap, qui au contact de cet
enfant différent apprendront que la différence est une richesse. Dans
les démocraties du nord de l'Europe, 100 % des enfants ayant un handicap
sont scolarisés en milieu scolaire classique. En France, c'est 40 %. Je
veux créer un droit opposable. Cela veut dire quoi ? Qu'une famille au
bout de cinq ans, à qui on refuserait une place dans une école, pourrait
aller devant le tribunal en disant : la République m'a promis un droit.
Un homme politique s'est engagé et n'a pas tenu sa promesse. Que se
passe-t-il ? Je veux en finir avec les discours creux (pas le vôtre, je
ne veux pas être désagréable) avec ces promesses incantatoires, cette
grande braderie au moment de l'élection, on rase gratis, on promet tous.
Quand on ne sait pas promettre, on promet une discussion. Je veux
m'engager sur des résultats, sur du concret. Je veux dire à toutes les
familles ayant rencontré le drame du handicap que je ferai une place à
chacun de leurs enfants dans les écoles, que je donnerai les moyens aux
écoles pour les accueillir. La preuve de ma bonne foi sera le droit
opposable et la capacité d'aller devant un tribunal pour faire-valoir
ses droits. Ce n'est ni ridicule, ni accessoire. C'est peut-être même ce
qui fait la différence entre la vieille politique et la politique
moderne.
Ségolène Royal :
Là, on atteint le summum de
l'immoralité politique. Je suis scandalisée par ce que je viens
d'entendre, parce que jouer avec le handicap comme vous venez de le
faire est proprement scandaleux. Pourquoi ? Lorsque j'étais Ministre de
l'enseignement scolaire, c'est moi qui ai créé le plan handiscole qui a
demandé à toutes les écoles d'accueillir tous les enfants handicapés.
Pour cela, j'avais créé parmi les aides éducateurs que vous avez
supprimés, 7000 postes d'aides éducateurs, d'auxiliaires d'intégration.
J'avais doté toutes les associations de parents d'enfants handicapés des
emplois liés à l'accompagnement et aux auxiliaires d'intégration dans
les établissements scolaires. C'est votre gouvernement qui a supprimé
non seulement le plan handiscole, qui a supprimé les aides éducateurs,
qui fait qu'aujourd'hui, moins d'un enfant sur deux qui était accueilli
il y a cinq ans dans l'école de la République ne le sont plus
aujourd'hui. Vous le savez parfaitement. Je trouve que la façon dont
vous venez de nous décrire, la larme à l'œil, le droit des enfants
handicapés d'intégrer l'école, alors que les associations des parents
d'handicapés ont fait des démarches désespérées auprès de votre
Gouvernement pour réclamer la restitution des emplois, pour faire en
sorte que leurs enfants soient à nouveau accueillis à l'école, y compris
les enfants en situation de handicap mental à l'école maternelle, où
avec moi tous les enfants handicapés mentaux étaient accueillis à
l'école maternelle dès lors que les parents le demandaient. Laissez de
côté les tribunaux, les démarches pour les parents qui en ont assez de
leurs souffrances, d'avoir vu leur enfant ne pas pouvoir être inscrit
lors des rentrées scolaires lorsque vous étiez au Gouvernement. Laissez
cela de côté. La façon dont vous venez de faire de l'immoralité
politique par rapport à une politique qui a été détruite, à laquelle je
tenais particulièrement, parce que je savais à quel point cela
soulageait les parents de voir leurs enfants accueillis à l'école. Vous
avez cassé cette politique! Et aujourd'hui, vous promettez en disant aux
parents qu'ils iront devant les tribunaux?! Tout n'est pas possible
dans la vie politique, ce discours, cet écart entre le discours et les
actes, surtout lorsqu'il s'agit d'enfant handicapé, ce n'est pas
acceptable. Je suis très en colère.(...)
L'INTERVENTION DE SEGOLENE ROYAL SUR CE SUJET
http://www.dailymotion.com/video/x2i816_la-colere-de-sego_news
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Pour mémoire: LE DEBAT
La retranscription exhaustive du débat : http://www.liberation.fr/politiques/010118726-la-transcription-exhaustive-du-debat
La vidéo du débat: http://fr.kiwivid.com/mathieu/2023,debat+royal+sarkozy.htm