Attali veut plus d'Europe. Et moins d'élections ?
Régis Soubrouillard | Jeudi 6 Mai 2010
Plutôt que de proposer une pause dans la marche folle de
l'intégration européenne, Jacques Attali a expliqué sur France Inter
qu'il fallait profiter de la crise grecque pour passer à une nouvelle
étape de l'intégration européenne : un gouvernement économique. Intégrer
toujours et encore...
N’y tenant plus Jacques Attali, invité sur France Inter à
l'occasion de la parution d'un nouvel ouvrage (1), a fini par lâcher le
morceau. La crise grecque impose la nécessité de passer à un
gouvernement économique commun. Invité de France Inter, l’ancien
conseiller de François Mitterrand a fait le récit de « ses » crises
européennes : « C’est la troisième crise que je vis. J’ai vécu celle
de 1983-84, une crise qui a failli tuer l’Europe, où il a fallu passer
du protectionnisme au marché unique. Deux hommes l’ont fait : François
Mitterrand et Helmut Kohl. La suivante où il y a eu des dévaluations
compétitives qui ont failli faire exposer le système. Trois hommes l’ont
fait : François Mitterrand, Helmut Kohl et Jacques Delors. Aujourd’hui
où sont leurs remplaçants ? »
Et Jacques Attali de
constater l’abime politique européen : « Monsieur Barroso est
inexistant. Le pouvoir de Monsieur Van Rompuy est inexistant. Tout va se
jouer dans le couple franco-allemand et dans la capacité du président
Français et de la chancelière allemande d’incarner une volonté de dire «
assez ! On passe à l’étape suivante, on intègre davantage. On fait un
gouvernement économique commun ». C’est maintenant que Monsieur Sarkozy
et Madame Merkel doivent se voir. si tous les deux ne sont pas capables
de s’entendre… » .
Marquant une pause, finit donc par
lâcher le morceau en question: « j’espère que les reculades ne sont
liées qu’aux élections allemandes et lorsqu’elles seront
passées…J’espère qu’une heure après les élections allemandes Monsieur
Sarkozy et Madame se réuniront et annonceront qu’on passe à l’étape
suivante de l’union européenne ».
A chaque crise, toujours le
même remède, quelque soit le mal. Intégrer encore et encore. Toujours
plus… Un genre de Golem. Un train fou, lancé à toute vitesse.
Une Europe insaissable aux peuples
L’air de rien, le président de Planet Finance fait ici une nouvelle démonstration, très claire, du stratagème européen, tout en faux-fuyants et dérobades. Angela Merkel et son parti chrétien-démocrate (CDU) sont engagés, jusqu’au 9 mai, dans une épreuve électorale, en Rhénanie du Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé de la République fédérale. Les sondages ne sont pas bons et le CDU de Merkel pourrait perdre la majorité au Bundesrat. « L’aide » - en fait un prêt assez juteux à 5% - promise aux Grecs est très impopulaire, et les thématiques européennes d’autant plus sensibles. Attali résume la situation : faire le dos rond jusqu’au 9 mai et repartir de plus belle comme si de rien n’était après s’être débarrassé de l’encombrante étape électorale.
Nouvelle démonstration, après tant d’autres, que l’Europe des
politiques avance, claudiquante, presque pathétique, et toujours contre
ou au moins insaisissable aux peuples qui la composent. Jusqu’au jour où
comme l’écrit Le Figaro ce matin, les trois morts d’Athènes «
viennent brutalement rappeler aux institutions européennes qu'elles
traitent avec des êtres de chair et de sang, pas seulement avec des
déficits et des taux de change ».
(1) « Tous ruinés dans
dix ans ? », Fayard.
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Mon commentaire:
j'apprécie le sens critique développé dans MARIANNE d'habitude, mais ici, le compte rendu qui semble vouloir répercuter l'essentiel de l'intervention de J Attali sur France Inter ce matin me semble tout à la fois partiel et partial.
Une lecture de ce compte rendu là, rétablirait avantageusement l'essentiel de ce qui a été dit: http://www.lepost.fr/article/2010/05/05/2061645_le-citoyen-est-mort-vive-le-contribuable.html