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26 juin 2010

Ségolène Royal, Paul Virilio, la crise et l’accélération du temps : spéculation ...

......automatique ultra-sophistiquée et trading algorythmique


Source: Militants de l'Espoir à Gauche avec Ségolène Royal

 

    Paul Virilio doit donner une conférence sur la crise et l’accélération     du temps le 4 juillet 2010 à l’Assemblée Générale de Désirs d’avenir qui se tient à Rochefort. La     spéculation automatique ultra sophistiquée associée au trading algorithmique  ou trading à haute fréquence (High Frequency Trading) y figurera certainement en bonne  place.  

 

    De quoi s’agit-il ? Ségolène Royal l’évoquait le 21 juin dernier dans     son intervention devant le Conseil de l'Internationale socialiste à New York – dont elle est     Vice-Présidente – à New York :  

 

    « Les 6 et 7 mai derniers, on a frôlé la débâcle généralisée des marchés     financiers, aggravée par les ratés du système de spéculation automatique ultra-sophistiqué qui travaille au millionième de seconde et     que plus personne ne maîtrise. Le prochain krach financier pourrait bien être un accident systémique intégral affectant ce High     Frequency Trading (Trading à haute fréquence) qui a traité, en 2009, 73% des actions échangées sur le marché américain et devrait, en Europe, en traiter bientôt     60%. »  

 

     "Un trader aurait très malencontreusement passé un ordre pour vendre des milliards d’actions Procter & Gamble à la     place de petits millions. Le Dow Jones a décroché subitement de 10% entraînant un mini-krach. On se rassure en se disant que, depuis la crise des subprimes, les marchés financiers sont contrôlés,     régulés, surveillés par de nos gouvernements. Il faut vraiment un truc grave et imprévisible, comme une faute de frappe, pour dérégler un système financier complètement sécurisé." (texte et     dessin humoristiques de Martin Vidberg, www.martinvidberg.com)  

 

    Depuis, en 1987, la fin de la Corbeille au     Palais Brongniart et l’abolition du statut des agents de change, l’informatisation du traitement des ordres (1986-1989) a fait passer la Bourse de Paris d’un lieu d’échange physique     à un lieu d’échange informatique.  

    Depuis quelques années, le système a encore progressé dans l’intégration, l’automatisation et     l’informatisation des opérations de bourse : c’est le Trading à haute fréquence ou trading algorithmique. Des superordinateurs aussi     puissants que ceux de la Défense nationale, grâce à des algorithmes – programmes de calcul -  complexes impliquant beaucoup de mathématique financière, traitent     les opérations financières à la vitesse de la lumière.  

 

    Comme le soulignait Paul Virilio dans son     entretien avec     Libération le 25 mai 2010 :  

 

    « Le 6 mai 2010 est une date clé : c’est la date où la finance vient d’emboutir le mur du temps.     Le mur de Wall Street est devenu le mur du temps. […]  

 

    Nous ne sommes plus dans le temps humain, mais dans le temps     machine. »  

 

    Les zones d’ombres sont nombreuses : du fait des coûteux moyens     ultrasophistiqués – matériel, logiciels, modèles mathématiques – nécessaires au trading algorithmique, en 2008 seule 2% des firmes de trading américaines utilisaient cette technique, mais     généraient près de 22 milliards de dollars de bénéfice. De plus, la part des opérations traitées par trading algorithmique captée par les « dark pools », les     plates-formes électroniques opaques, passeraient de 4,1% à 7% en 2010.  

 

    Les risques sont multiformes : le risque d’erreurs augmente     quand l’accès aux opérations des clients via des machines n’est pas filtré : les accidents se multiplient. En 2003, une société de trading américaine est devenue     insolvable en 16 secondes du fait de l’erreur d’un de ses employés sur une seule opération.  

 

    De plus, l’accès équitable au marché n’est plus assuré : seuls les gros intervenants peuvent     négocier de larges volumes de titres à la vitesse de la lumière.  

 

    Autrement plus grave, des pratiques inéquitables se sont développées :     les flash orders. Les clients peuvent, contre commissions, « regarder » brièvement (via des ordinateurs et des algorithmes, à     cette vitesse) les ordres avant qu’ils ne soient mis sur le marché par des plates-formes rivales, et ainsi arbitrer en se plaçant à son tour sur le marché avant même que l’ordre initial n’y soit     arrivé. C’est un moyen facile de gagner de petits montants sur d’énormes quantités d’opérations, ce qui dégage des gains spéculatifs substantiels au bout du compte     (voir l’exemple graphique ci-dessous « Un avantage de 30 millisecondes »). En fait, il s’agit presque de délits d’initiés     institutionnalisés ; certains opérateurs américains ont abandonné la pratique (Nasdaq OMX et Bats) mais pas tous.  

    "Un avantage de 30 millisecondes" : dans le trading à haute     fréquence, les ordinateurs achètent et vendent des actions à la vitesse de l'éclair. Certains marchés, comme le Nasdaq, offrent souvent à ces "traders" un aperçu rapide aux ordres pendant 30 millisecondes - 0,03 secondes - avant qu'ils ne soient montrés aux autres.     Cela permet d'acheter très rapidement des actions dont ils savent que la demande sera forte peu après. Chaque opération permet de gagner quelques cents, parfois des millions de fois par jour. Un     fonds commun de placement peu rapide passe un ordre d'achat pour 5 000 actions de la compagnie XYZ. Pendant 30 millisecondes, l'ordre est acheminé vers les traders à haute fréquence avant d'être     communiqué à l'ensemble de la place financière. À H+50 millisecondes, les traders à haute fréquence, sachant qu'un ordre arrive, innondent le marché d'ordres d'achat, raflant toutes les actions     de XYZ à 21,00 $. À H+300 millisecondes, l'ordre du fonds commun de placement est exécuté ; les traders à haute fréquence vendent leurs actions à 21,01 $, empochant 1 cent par action, soit un     total de 50 $ dans ce cas (The New York Times)  

 

    Le Prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman, s’interroge sur l’utilité     « sociale » du trading algorithmique : « La Bourse est censée allouer le capital aux utilisations les plus productives, comme par exemple aider les sociétés qui ont de bonnes idées à lever des     fonds. ». Mais l'économiste remarque que les     courtiers qui donnent leurs ordres « un trentième de seconde plus vite que les     autres » ne contribuent guère     à « l'amélioration de cette fonction     sociale ».  

 

    Le risque d’accroître les bulles spéculatives - donc les     krachs - n’est pas encore établi, mais le mini-krach du 6 mai 2010 a marqué les esprits.  

 

    Les régulateurs, tant américains qu’européens, ont lancé     une phase de consultation début 2010. L’accès équitable aux marchés et les « dark pools » focalisent l’attention. Mais comme le remarque Paul Virilio :  

 

    « La régulation devient impossible car on a fui dans l’accélération du réel. On a censuré le réel en quelque     sorte. Et même si le gendarme de la Bourse dépose plainte, que peut-il ? Il est question de mettre en place des coupe-circuits, mais cela montre     bien que nous ne sommes plus dans le temps humain, mais dans le temps machine. »  

 

    En effet, si la seule parade consiste à installer des coupe-circuits, c’est qu’on se prépare à     agir quand il sera déjà trop tard, quand une anomalie significative aura été détectée et déjà enregistrée. C’est en amont, au     niveau de la régulation financière qu’il faut agir vigoureusement contre cette spéculation folle et déshumanisée.  

 

    Ségolène Royal concluait son propos devant l’Internationale socialiste sur ce point en     martelant :  

 

    « Jamais la déconnexion de la finance et de la réalité n'a été poussée si loin. Jamais les noces vénéneuses de la     mathématique financière et de la révolution informatique, sous l'égide de la cupidité maximale, n'ont fait courir au monde autant     de dangers. »  

 

    Il est temps de réguler ces activités débridées d’une finance     de plus en plus déconnectée de l’économie réelle.  

 

    Frédérick     Moulin  

 

    -oOo-  

 

       

 

    "Algo-trading" : les Bourses sous     l'emprise des machines ?  

 

    L'essor vertigineux du trading     algorithmique  

 

    Qu'est-il donc arrivé le jeudi 6 mai 2010 à la Bourse de New     York ? En quelques minutes, l'indice phare Dow Jones a chuté de plus de 9 %. Un vent de panique s'est emparé des marchés et 1 000 milliards de dollars se sont     envolés. Si plusieurs causes sont évoquées, l'une d'elles, l'algotrading, est mise en avant. Peu connue, cette technique boursière a pourtant assuré en 2009 70 % du volume des 10 milliards     d'échanges quotidiens réalisés sur les différentes places boursières aux Etats-Unis, selon Tabb Group, une société américaine de conseil et de recherche sur la finance.  

    Traders de la Bourse de New York le 6 mai 2010     après le plongeon des marchés : sur l'écran : "Flash spécial  : la responsabilité du plongeon du marché imputée à une erreur de trading sur une des principales valeurs" ; sur la courbe, on     voit nettement le "plongeon" sur la droite (Ruth Fremson/The New York Times)  

 

    L'algotrading, contraction de "trading     algorithmique" (aussi appelé "high frequency trading", "trading à haute fréquence") ne cesse de gagner en importance. Cette pratique repose sur "des machines capables d'exécuter des ordres à toute vitesse et de tirer ainsi profit des écarts de prix minimes sur les     valeurs […]. Ces outils d'un nouveau genre arbitrent, fractionnent, achètent et vendent. Leur dieu est le même que celui du trader à tête d'homme : le temps. A la différence que leur échelle de     temps est le millième de seconde et que, en guise de cerveau, ils disposent de formules algorithmiques" (Mathieu Rosemain, Les     Echos, 14 avril 2010). Le phénomène     est  à relier au "turbo-capitalisme" identifié par le sociologue Paul Virilio dans une interview     à Libération (25 mai     2010) devenu, pour certains, emblématique de cette "finance folle" qui a gagné la planète.  

 

    Son histoire est récente. Né aux Etats-Unis à la suite de l'informatisation des     ordres sur les marchés financiers dans les années 1970, le trading algorithmique a pris son essor au début des années 2000, quand la décimalisation a modifié la taille des ordres en fractionnant     leur valeur, passée d'un minimum de 1/16 de dollar (0,062 5 dollar) à 0,01 dollar. Cela a changé la microstructure du marché en créant des différences plus petites entre prix offerts et prix     proposés, favorables aux opérations automatisées.  

 

    Une décennie plus tard, le boom de l'algotrading est     spectaculaire. Aux Etats-Unis, plus de 75 % des institutions financières et 95 % des traders institutionnels utilisent des stratégies de trading algorithmique. Selon la     société Celent, le trading à haute     fréquence constitue près de 42 % des volumes d'actions traités et atteindra 54 % au dernier trimestre 2010. Les plus grosses sociétés américaines de trading algorithmique, comme Getco ou Citadel,     traitent parfois de 10 à 20 % des actions de grandes sociétés cotées.  

 

    L'Europe est "en retard" en la matière : l'algotrading y     est responsable d'un ordre sur quatre, selon le cabinet d'études américain Aite Group. Mais il pourrait monter à 45 % des volumes quotidiens dans deux ans. Celent prévoit surtout un     développement en Asie, avec la modernisation notamment de la Bourse de Tokyo. Mais d'autres régions du monde s'intéressent à cette technique, comme l'Amérique     latine, attirées par la promesse de plus de liquidité, qui rend les investissements moins coûteux et plus simples.  

 

    Les enjeux financiers sont considérables : 2 % des 20     000 firmes de trading américaines utilisent ces techniques et ont réalisé en 2008 un bénéfice de 21,8 milliards de dollars. D'autant qu'une partie     des échanges se fait grâce à l'essor des "dark     pools". Ces plates-formes électroniques     opaques capteraient pas moins de 4,1 % des volumes échangés en valeur en Europe, selon Tabb Group. Les échanges opaques pourraient représenter 7 % des échanges de titres en 2010 et     bénéficieraient de l'essor et de la sophistication croissante de l'algotrading.  

 

    Les enjeux sont donc considérables et le ticket d'entrée ne cesse de s'élever.     Les teneurs du marché comme Getco, les fonds spéculatifs et les Bourses elles-mêmes se livrent à une bataille technologique coûtant des centaines de millions de dollars     d'investissements – pour gagner les quelques fractions de seconde qui leur permettront d'empocher des bénéfices juteux. Les opérateurs boursiers ont aussi compris leur intérêt.     Progressivement, ils proposent à leurs membres de louer des serveurs à quelques mètres, voire quelques centimètres du cœur des échanges électroniques. C'est ce qu'on appelle la "co-location". On     estime qu'à chaque centaine de miles (160 kilomètres) supplémentaire de distance du lieu de l'opération, 1 millième de seconde est ajoutée à celle-ci : ce qui peut faire perdre une opération ou     gagner des millions.  

 

    Edouard Pflimlin  

    -oOo-  

 

   
 

 

    Un faisceau de     risques multiformes  

 

    Les risques engendrés par l'algotrading sont multiples. D'abord le risque d'erreurs lors des     opérations est accentué lorsque l'accès des clients aux opérations se fait via les machines, sans que cet accès soit filtré. Selon Robert L. D. Colby, ancien     vice-directeur de la division trading et marchés de la Securities and Exchange Commission (la SEC, le gendarme de la Bourse américaine), en deux minutes, des centaines de milliers d'ordres valant     des milliards de dollars peuvent être donnés. L'accroissement de la vitesse des opérations sans contrôle peut donc générer des pertes considérables. L'indice Dow Jones Industrial Average avait     ainsi chuté de 100 points en 2002 quand un courtier de la banque Bear Stearns avait entré par inadvertance un ordre de vente de 4 milliards de dollars au lieu de 4 millions. Vu la vitesse des     opérations, plus de 600 millions de dollars d'actions avaient été échangés avant que l'erreur ne soit détectée. En 2003, une société de trading américaine était devenue insolvable en     seize secondes quand un de ses employés s'était trompé dans une opération, rapporte la Fed de Chicago dans un document récent.  

    Jatin Suryawanshi, directeur général actions chez     UBS Stamford, Connecticut, dirige la division trading algorithmique. Il est entouré de 5 écrans. Globalement, c'est la plus grande salle de marché du monde : 1 400 postes, 2 000 ordinateurs, 5     000 écrans et plus de 1 689 000 opérations traitées par jour.  

    L'algo-trading pose également le problème d'un accès équitable au     marché. Cette technique avantage les intervenants de grande envergure qui peuvent négocier numériquement de larges volumes de titres, presque à la     vitesse de la lumière. Ce qui pose la question de la formation des prix sur le marché : celle-ci est-elle sincère, dénuée d'intérêt ? Ou au contraire, est-elle biaisée     ? Si tel est le cas, on s'écarterait d'un fonctionnement efficient des marchés financiers.  

 

    QUELLE UTILITÉ SOCIALE ?  

 

    Sans compter que l'algo-trading a permis le développement de     pratiques inéquitables. A l'été 2009, une forme particulière de trading à haute fréquence a retenu l'attention : les flash orders. Par cette pratique, les Bourses autorisent certains clients, contre commission, à regarder brièvement les ordres avant qu'ils ne soient placés et     orientés vers des plates-formes rivales. Les flash     orders, très critiqués par les autorités de régulation     boursière, sont accusés de fausser les fondements du marché libre. Deux opérateurs américains, Nasdaq OMX et Bats, ont d'ailleurs décidé de les     abandonner.  

 

    Aussi, certains s'interrogent sur l'utilité "sociale" du trading     algorithmique. Le Prix Nobel d'économie 2008, Paul Krugman, s'est ému de la montée en puissance de ces méthodes de spéculation qui, selon lui, ont largement     contribué aux profits élevés de la banque d'affaires Goldman Sachs. "Cette méthode     constitue une sorte de taxe pour les investisseurs qui n'ont pas accès à ces ordinateurs super-rapides, écrit-il dans le New York     Times en août     2009. La Bourse est censée allouer le capital aux utilisations les plus productives,     comme par exemple aider les sociétés qui ont de bonnes idées à lever des fonds.". Or, relève l'économiste, les courtiers qui donnent leurs ordres "un trentième de seconde plus vite que les autres" ne contribuent guère à "l'amélioration de cette fonction sociale".  

 

    Quant au risque d'accroître les bulles spéculatives et     donc, éventuellement, de provoquer des krachs, il n'est pas encore établi. On se rappelle cependant que le krach d'octobre 1987 a été en partie aggravé par le trading     informatisé et la stratégie d'assurance de portefeuille, rappelle Paul Wilmott, fondateur d'une revue de finance quantitative, dans une tribune au New     York Times. Et plus récemment, le     mini-krach du 6 mai a renforcé les inquiétudes sur cette pratique boursière. Si l'on ne sait pas qui a déclenché cette chute boursière, le trading à haute fréquence est mis à l'index par les     régulateurs, notamment la SEC. La question d'une meilleure régulation du phénomène est posée.  

 

    Edouard Pflimlin  

   
 

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