Le 4 juillet pique nique Rochefort : Objet médiatique non identifié
Tout ceci se passait avant la démission de deux sous-ministres. Une éternité. Le service public de l’audiovisuel avait fait le déplacement. Pour les médias privés, l’affaire était réglée : la polémique construite dans les couloirs de l’UMP suffisait. Vérifier la réalité des faits, peu importait.
F2, F3, Radio France étaient donc là, avec comme objectif de confirmer les dire de la droite : à Rochefort, des militants politiques (de gauche naturellement) se réunissaient aux frais de la Région. Il fallait donc interviewer ces militants venus débattre grâce aux contribuables picto-charentais. Mais à chaque question, ils n’obtenaient que des mines interloquées. « Non, monsieur, je suis venu à mes frais participer à une fête solidaire ! »
Réponse non satisfaisante ? Peu importe, ils continuaient à chercher de tout ce qui pourrait prouver leur postulat. Et quelle surprise lorsque ces journalistes tendaient leur micro à des Rochefortais ou des Picto-charentais venus pour l’événement. Ils cadraient tellement mal avec l’histoire que les médias avaient choisi de relayer.
Et pourtant, à Rochefort, il s’agissait bel et bien d’un pique-nique de solidarité pour lesquels des centaines de personnes avaient fait le déplacement. Militants politiques ou non. En voisins ou de passage.
Oui, il y avait les habitants directement concernés. Oui, des producteurs locaux, bravant l’interdiction faite par l’UMP, étaient venus vendre huitres, langoustines, moules ou fromages frais. Oui, l’office du tourisme profitait de la tenue du pique-nique citoyen pour vanter les atouts de sa belle région. Et puis, il y avait les associations des victimes de Xynthia, celles qui s’opposent à la gestion calamiteuse de la crise et de l’après-crise par l’Etat.« Le Litto-Râle » affirmait en titre le journal du collectif « Xynthia solidarité ». « Achetez nos t-shirts !» clamait l’association « Boyard doit vivre » (www.xynthia-boyardville-la-perrotine.org). Tous étaient ravis de voir des centaines de personnes s’associer à leurs démarches. « Il nous faut un peu d’argent et surtout beaucoup d’adhérents dans nos associations pour pouvoir peser face aux choix souvent absurdes faits à Paris » me confiait Hélène du village de Port-des-Barques.
Finalement, à Rochefort, nous étions tous présents pour témoigner : d’une catastrophe, de la médiocrité gouvernementale, d’un geste solidaire. C’était, tout simplement, ce que l’on peut appeler un moment de Fraternité.
Mais n’en voulons pas aux médias. C’est difficile de relayer une solidarité au long court. La compassion et l’émotion qui suit immédiatement les catastrophes sont faciles à mettre en scène. La solidarité qui s’inscrit dans le temps est un objet médiatique non identifiée, trop subtil à raconter, pas crédible à montrer en ces temps d’égoïsme froid.
Pourtant, aucun doute possible. Nous avons tous écouté, échangé, partagé. Nous nous sommes engagés. De la Fraternité, juste de la fraternité !