Guéant aurait orchestré des fuites dans l'affaire Bettencourt
Il aurait validé les fuites dans la presse d'extraits tronqués du procès-verbal d'audition de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt.
Claude Guéant (AFP)
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Libération affirme, lundi 12 juillet, que Claude Gueant
a "validé" les fuites des extraits du procès-verbal
d'audition de l'ex-comptable de Liliane
Bettencourt, un témoin clef dans l'affaire Bettencourt / Woerth, qui ont été
publiés jeudi dernier sur les sites du Monde et du Figaro.
Le
quotidien répond ainsi à la question posée, samedi, par la députée
socialiste Aurélie Filippetti : "A qui profitent les
fuites ? Quels en sont les auteurs ou les commanditaires?", se
demandait-elle dans un communiqué.
Morceaux choisis de PV
"Alors que cette audition était toujours en cours, on a pu prendre connaissance dans la presse en direct de déclarations 'partielles' ou 'choisies' de Mme Thibout, permettant tout aussi simultanément à l'Elysée et à la majorité d'orchestrer leur communication sur l'affaire", écrivait Aurélie Filippetti dans un communiqué, en indiquant ainsi sur qui portaient ses soupçons.
Au cours de cette audition, Claire Thibout, l'ex-comptable de l'héritière de L'Oréal, avait démenti le remise à Nicolas Sarkozy "d'enveloppes" en espèces, mais elle avait maintenu ses accusations de soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Seulement, les premiers extraits du PV de l'audition publiés dans la presse n'avaient trait qu'à la première information, passant sous silence la seconde.
Vendredi, l'avocat de l'ex-comptable, Me Antoine Gillot,
avait, lui, carrément accusé "M. Hortefeux, le parquet, voire
plus haut, l'Elysée" d'avoir "orchestré" les fuites de ces
procès-verbaux d'audition "défavorables à sa cliente".
Ce qui lui
avait valu d'essuyer la colère de Brice Hortefeux : "De telles
allégations sont aussi calomnieuses qu'inacceptables", avait tonné le
ministre de l'Intérieur.
Compte tenu de ses soupçons, Aurélie Filippetti a demandé, samedi, à Brice Hortefeux et à la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie de "diligenter au plus vite une enquête" sur la transmission de ces extraits à la presse. Me Antoine Gillot lui a emboîté le pas lundi. En demandant, en outre, "officiellement au ministère de la Justice que des poursuites judiciaires soient immédiatement engagées" contre le Figaro, qu'il accuse de faire de la "désinformation".
Une intervention "en direct" de Claude Guéant
Or, dans un article publié lundi, Libération croit pouvoir répondre à la question d'Aurélie Filippetti. "Cette intox a été gérée au plus haut niveau, le point culminant étant la validation des fuites par le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant", affirme le quotidien.
Bien que l'Elysée ait démenti, dimanche, avoir eu "le moindre PV en
sa possession", comme le souligne Libé, le quotidien rapporte que dans
plusieurs rédactions, on confirme qu'il y a bien eu une "intervention
'en direct'" de Claude Guéant.
Au Figaro, un membre de la
rédaction raconte que la publication des extraits a été faite "dans le
dos du service société. D'au-dessus", écrit Libé, qui ajoute que dans ce
journal, "le nom de Guéant est avancé comme la source probable des
fuites".
Le quotidien cite également le journaliste du Monde qui
suit l'affaire, Gérard Davet. Ce dernier a déclaré, samedi dans
l'émission Arrêt sur images : "Le PV qu’on nous donne, il est vrai, mais
il est tronqué. C’est une stratégie élyséenne très précise de
communication". Sans pour autant confirmer que les extraits provenaient
des services du chef de l'Etat, souligne néanmoins Libération.