Eva Joly: «Oui, l'élection présidentielle m'intéresse»
L'ancienne juge d'instruction
Eva Joly avance un peu plus ses pions vers l'élection
présidentielle. «Oui, l'élection présidentielle m'intéresse. C'est
clair», explique l'eurodéputée dans une interview à Sud-Ouest Dimanche
dans son édition du 15 août, une interview accordée quelques jours
avant les Journées d'été de son mouvement Europe Ecologie à Nantes
(19-21 août).
«Une élection de ce type n'est pas une partie de plaisir pour qui s'y présente. Elle exige un engagement total. Il faut y dédier un an de sa vie», explique l'ancienne juge d'instruction franco-norvégienne qui avait instruit notamment l'affaire Elf.
«Je ne m'y consacrerai que si je me sens portée par le mouvement dans sa totalité», précise cependant Eva Joly, 66 ans. «Ma candidature doit correspondre au désir des militants». Et d'ajouter, prudente, qu'elle «comprendrait très bien une décision inverse de leur part».
En juin dernier, Eva Joly avait déjà déclaré qu'elle n'excluait pas d'être candidate à l'élection présidentielle française de 2012 pour le parti Europe Ecologie, au journal norvégien Aftenposten. «Si tout un mouvement me sollicite, je me présenterai», avait alors affirmé l'ancienne juge d'instruction.
Dès le printemps, Daniel Cohn-Bendit avait apporté son soutien à la candidature de l'ancienne juge d'instruction. Cécile Duflot - un temps pressentie - pourrait d'ailleurs ne pas se présenter. Les deux femmes qui affichent leur unité depuis plusieurs semaines, devraient d'ailleurs conclure ensemble les journées d'été de leur parti. La voie serait donc libre pour Eva Joly.
Un retour sur les affaires qui concernent le gouvernement
La candidature qui tombe à pic, alors que le gouvernement fait face au soubresauts de l'affaire Woerth-Bettencourt. «Cette affaire démontre une concentration des pouvoirs très malsaine et des dysfonctionnements dans le fonctionnement de la justice», souligne Eva Joly.
Interrogée sur la proposition de Nicolas Sarkozy de retirer la nationalité française à certains délinquants d'origine étrangère elle a déclaré : « Nous vivons une crise sociale très profonde, avec un million de chômeurs supplémentaires et 400 000 personnes tombées dans la précarité depuis un an. Plutôt que de traiter ce problème énorme, on fait porter la responsabilité du mal-être sur les étrangers». «Le gouvernement (...) veut s'adresser à l'imaginaire et aux sentiments xénophobes». Il y a quelques jours, la future candidate à la candidature pour les écologiste accusait Sarkozy de pratiquer un «racisme d'Etat».
«Insister en permanence sur la répression comme le fait le gouvernement permet peut-être d'encaisser une plus-value politique, mais cette attitude est totalement inopérante sur la réalité que vivent les Français. Le gouvernement insiste sur la question alors qu'il a diminué le nombre de policiers» précise cette femme politique dans cette interview.
Les journées de Nantes
Dans cet entretien, Eva Joly annonce ce qu'elle attend des journées de Nantes. Pour elle, il est primordial que sont parti règle au préalable la question des structures. «Ce seront nos assises pour fonder le mouvement à l'automne» dit-elle.