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1 novembre 2010

Dilma Rousseff... ses premières paroles, le message de Ségolène Royal et une analyse du scrutin

 

Dilma Rousseff, dauphine de Lula, sera le première présidente du Brésil, la 8ème puissance économique mondiale : ses premières paroles, le message de Ségolène Royal et une analyse du scrutin

    Dilma Rousseff, la candidate du Parti des Travailleurs     (PT) de Lula, a été élue présidente de la 8ème puissance économique du monde hier. Elle l’a emporté face à son rival du     PSDB (centre-droit), José Serra, par 55,39% des voix contre 44,61%. Pour la première fois, une     femme gouvernera le Brésil.  

   Fidèle à ses convictions, elle a immédiatement rappelé qu’ « aucune région ne sera tenue à l’écart »     et a salué ses adversaires :  

 

« Premièrement, j’aimerais remercier le peuple brésilien, qui m’a accordé sa confiance. Je lui en serais     éternellement reconnaissante pour avoir cette opportunité unique de servir mon pays à la plus haute fonction. Je promets de rendre toute l’attention que l’on m’avait apportée pendant la campagne,     dans toutes les régions que j’avais visité.    

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  Les supporters de Dilma Roussef célèbrent sa victoire la nuit dernière à São Paulo (AP/Silvia Izquierdo)    

    Aucune région de mon pays ne sera tenue à l’écart, ou considérée de second rang. J’aimerais     remercier aussi tous ceux qui ont voté au premier et au second tour pour d’autre candidats ou candidates. Ils ont eux aussi célébré la     démocratie. À eux aussi vont tous mes remerciements »  

 

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  À Sao Bernardo do Campo, des Brésiliens fêtent la victoire de Dilma Rousseff à l'élection présidentielle (Reuters/Paulo     Whitaker)  

 

    Dilma Rousseff a également chaleureusement remercié le président     Lula, « avec beaucoup d’émotion » : « Je frapperai souvent à sa porte et je     sais qu'elle sera toujours ouverte. (…) La tâche de lui succéder est difficile et représente un défi, mais je saurai honorer cet     héritage et amplifier son travail. »  

    Par ailleurs, elle a réitéré son « engagement     fondamental : l'éradication de la misère pour tous les Brésiliens et les Brésiliennes ». « Nous ne pourrons avoir de repos tant que des Brésiliens     souffriront de la faim. », a-t-elle ajouté.  

 

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Un supporter de Dilma Rousseff au meeting suivant l'annonce de son élection à Brazilia     (AP/Eraldo Peres)  

    Laudemar Aguiar, ministre conseiller de l’ambassade du Brésil à Paris, qui s’exprimait sur RFI,     a ajouté : « C'est la victoire tout d'abord des Brésiliens. C'est déjà 25 ans de régime démocratique au Brésil depuis [19]85 mais c'est sa     victoire évidemment et du projet politique de Lula. »  

 

    Carte des Etats

 

    Du côté des scores par Etat et par grande région (Nord, Nordeste, Sud,     Sud-Est, Centre-Ouest), la cassure est assez nette : le rouge du PT au nord, le bleu du PSDB au sud. Les scores de     José Serra (PSDB) sont globalement concentrés sur les Etats riches et peuplés, mais sont assez courts : 55,5% au maximum pour l’Etat méridional de Rio     Grande do Sul ; Roraima, à l’extrême nord, vote encore mieux (61,5%) mais est peu peuplé et représente 0,2% du PIB brésilien. À l’inverse, Dilma enregistre des scores impressionnants     dans le Nordeste et le Nord, avec 6 Etats à 70% ou plus.  

 

    2010

Vote par Etat, 2ème tour de l'élection de 2010 : en rouge, Dilma Rousseff (PT), en bleu, José     Serra (PSDB) (g1.globo.com)  

 

    Le Nordeste a voté en bloc et avec des scores de maréchal pour     Dilma Rousseff : Bahia (70,5%), le Pernambouco, l’Etat natal de Lula (75,5%), le Ceará (77%), le Piauí (70%) et le Maranhao qui grimpe à 79 %. C’est le Nordeste qui     a le plus profité des politiques sociales du président Lula, notamment de la bolsa família : dans l’Etat du     Maranhao, ce transfert de revenus atteint 54% de la population.  

 

    Nordeste

Carte des 5 grandes régions : en rouge, le Nordeste ; le Nord, le Sud, le Sud-Est et le     Centre-Ouest    

    La région Nord, peu peuplée mais très vaste, a plutôt voté pour     Dilma, parfois avec des scores de maréchal aussi : les grands Etats de l’Amazonas (80,5%), du Pará (53%) et du Tocantin (près de 59%), et le « petit »     Etat de l’Amapá (62,5%). 3 « petits » Etats du Nord ont voté pour le PSDB : l’Etat le plus septentrional du Brésil, le Roraima     (66,5%), dont le gouverneur est membre du PSDB et qui avait déjà voté pour le PSDB en 2006 ; l’Etat d’Acre (69,5%), d’où est originaire la candidate verte éliminée au     premier tour, Marina Silva, fidèle de l’Assemblée de Dieu, l’église pentecôtiste la plus puissante du Brésil, l’appellation « Acre » venant de l’Etat croisé de     Palestine ; et le Rondônia (52,5%), état où la déforestation est très active.  

 

    La riche région Sud a voté en bloc pour le candidat de PSDB,     José Serra : dans l’Etat de Santa Catarina, moins de 10% de la population bénéficie de la bolsa família.  

 

    «Cette corrélation ne suffit pas à affirmer que ces personnes ont voté Dilma seulement parce qu'elles ont reçu Bolsa     Família», remarque Marcelo Neri, économiste à la Fondation Getulio Vargas. Ce qui était perçu jusqu’en 2006 comme un « cadeau électoral » ponctuel     est maintenant devenu un programme structurel, et depuis les populations les plus pauvres votent pour lui par affection, reconnaissance et identification, notamment dans le Nordeste. Car la     croissance « à la chinoise » du Nordeste, et le plein-emploi dans les riches Etats du Sud-Est, Rio de Janeiro et le Minas Gerais, ont aussi contribué au vote en faveur de Dilma     Rousseff, comme en 2006 pour Lula : 60,5% des votes pour la candidate dans l’Etat de Rio de Janeiro, 58,5% dans l’Etat du Minas Gerais.  

 

    Le vote est donc moins clair dans les régions intermédiaires du Sud-Est et du Centre-Ouest. Dans le Sud-Est, seuls le plus riche Etat du Brésil, São Paulo (54%), et l’Etat d’Espírito Santo (d’extrême justesse, à 50,5%)     ont voté pour le PSDB.  

 

    Dans le Centre-Ouest, le Mato Grosso, où le lobby     agroindustriel est maître et où la déforestation fait rage, le PSDB de José Serra l’emporte avec un peu plus de 51% des suffrages. Comme en 2006, le Mato     Grosso do Sul reste aux mains du PSDB (plus de 55%). L’Etat très urbanisé de Goiás – la région métropolitaine de Goiânia, la capitale, compte plus de 2 millions     d’habitants sur un peu moins de 6 pour l’Etat, et l’axe métropolitain avec Brasilia compte 6 millions d’habitants – a voté pour le PSDB à près de 58%, tandis que le     District Fédéral (Brasilia) a penché en faveur du parti au pouvoir, le PT de Dilma Rousseff à près de 53%.  

 

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  2ème tour de l'élection de     2006 (g1.globo.com)

    Par rapport à 2006, où Lula avait réalisé un score de 60,82%, les Etats     qui avaient voté pour Lula mais n’ont pas voté pour Dilma sont Acre, le Rondônia, Goias, et Espirito Santo.  

 

    2002.jpg

    2ème tour de l'élection de     2002 (g1.globo.com)

    En 2002, Lula, opposé à José Serra, avait presque fait le grand chelem (seul le petit Etat de l’Alagoas du Nordeste n’avait pas voté pour Lula). 

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  Dessin de Plantu    

    Ségolène Royal a réagi très tôt, au milieu de la nuit dernière, à cette     réélection contre laquelle certains avaient, à tort, parié ces dernières semaines, notamment quand pendant un temps le débat s’était focalisé sur un sujet sensible au Brésil, la religion     (avortement, homosexualité) :  

 

    « Je salue chaleureusement la belle victoire de Dilma Rousseff à l'élection présidentielle     brésilienne. Je me réjouis que le peuple brésilien ait choisi de poursuivre et d'approfondir avec elle le changement économique, social et démocratique conduit avec audace et pragmatisme par le     Président Lula.
  

 

    Dilma Rousseff dont j'ai pu, lors de nos rencontres au Brésil, mesurer le courage, la compétence et la détermination, a     affronté une campagne dure au cours de laquelle les partisans de son adversaire ont alimenté les rumeurs les plus basses et tenté de jouer sur la peur.
Le     Président Lula avait dû, en 2002, subir le tir de barrage de ceux, marchés financiers en tête, qui prédisaient le chaos au cas où il serait élu.
Dilma Rousseff a eu, elle aussi, sa part     d'attaques violentes et de pronostics apocalyptiques décrivant un pays à feu et à sang au cas où elle en prendrait la tête.
Mais les électeurs brésiliens ne sont pas tombés dans le     panneau.
Après avoir, pour la première fois dans l'histoire de leur pays, porté un ouvrier à la magistrature suprême, ils ont, pour la première fois     encore, choisi une femme comme chef de l'Etat de la 8ème puissance économique mondiale.  

 

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Dilma Rousseff, le président Lula et Ségolène Royal le 30 janver 2009 à Belem    

    Les électeurs brésiliens n'ont, ce faisant, pas seulement approuvé le bilan     spectaculaire des années Lula : une croissance de plus de 7%, record du dernier quart de siècle, un chômage au plus bas, une classe moyenne désormais majoritaire, une pauvreté     efficacement combattue pour des dizaines de millions de familles, un poids diplomatique croissant.
Ils ont aussi exprimé cette confiance dans l'avenir     de ceux qui savent leur pays en plein essor et l'avenir de leurs enfants assuré d'être meilleur.
  

    Du Brésil si légitimement fier de s'être « affranchi de la tutelle du FMI », comme aime à la rappeler     Dilma Rousseff, nous sont venues quelques fortes leçons d'une cuisante actualité.
La première, c'est que la justice sociale n'est pas l'ennemie mais le carburant du dynamisme     économique.
La seconde, comme l'a également souligné Dilma Rousseff durant sa campagne, c'est le rôle irremplaçable d'un Etat anticipateur et moteur pour qu'un pays     titre, au service de tous, le meilleur parti de ses atouts.
La troisième leçon, c'est la nécessité d'un dialogue permanent avec les citoyens, les mouvements sociaux et les organisations     syndicales car une démocratie participative et sociale accroît l'efficacité des politiques publiques.
  

 

    Une femme énergique et de conviction vient d'être élue à la tête d'un grand pays qui peut puiser dans ses succès la force     d'ouvrir de nouveaux chantiers et d'aller de l'avant.
Sa victoire est une bonne nouvelle pour le peuple brésilien et pour tous ceux qui veulent construire un ordre juste à l'échelle     planétaire. »  

 

    Frédérick Moulin  

Source: EAG avec S Royal

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