Communiqué de l'AIRF à l'issue de l'élection à l'unanimité de Ségolène Royal
Communiqué de l'AIRF à l'issue de l'élection à l'unanimité de Ségolène Royal, le Jeudi 28 Octobre à Lyon lors des premiers Etats Généraux Décentralisés de la Francophonie.
« L'Association
Internationale des Régions Francophones (AIRF) est fière et honorée de
l'élection à sa tête de
Ségolène Royal, Présidente de la Région Poitou-Charentes, ancienne
ministre et candidate à l'élection présidentielle en 2007 .Elle a été
sollicitée par de nombreuses régions du monde et cette élection est la
reconnaissance d'une autorité morale et de
l'efficacité de son action pour défendre les valeurs du développement durable et de la diversité culturelle. L'élection de Ségolène
Royal à la tête de cette instance récompense l'excellence des actions de coopération décentralisée menées par la Région
Poitou-Charentes qu'elle préside, avec ses régions partenaires situées au Québec, au Sénégal, au Vietnam et en Inde. »
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Chers amis,
C’est avec plaisir et honneur que j’ai
accepté de prendre la présidence de l'AIRF, l’Association
Internationale des Régions Francophones qui regroupe aujourd’hui 140
régions dans
prés de 30 pays du monde.
Composée de présidents de collectivités ou territoires régionaux où la langue française est en vigueur, l'association a pour but d’établir entre les communautés régionales francophones des coopérations et de mettre en oeuvre "une francophonie de proximité".Elle vise notamment à mettre en place "des actions concrètes pour l’écologie, l’éducation et l’emploi. »
J’ai été élue à l’unanimité jeudi 28
Octobre à Lyon, à l’issue des premiers Etats Généraux décentralisés de
la Francophonie . J'ai été touchée par les nombreuses déclarations
de respect et de considération des délégations qui m'ont élue et je
mesure tout ce que cette unanimité porte en elle de confiance et de
désirs
d’aller ensemble encore plus loin.
Pour moi, la Francophonie n’est pas un combat
d’arrière garde. Bien au contraire, elle peut devenir un modèle dans le
nouvel équilibre du monde, comme je le disais, le 21 Septembre 2007, à
l’Université de Montréal , au Québec
« Il
y aura en 2050, 300 millions
d'hommes et de femmes qui parlent français. Nous souhaitons qu'il y en
ait davantage encore. Tous les Francophones sont de cultures, de
continents
différents et, pourtant, ils ne s'opposent pourtant pas. Et c'est en
cela que la Francophonie peut devenir modèle d'un nouvel équilibre
mondial(…) Or je sais aussi que pour certaines élites, en France,
promptes à épouser les conformismes dominants, la francophonie serait
dépassée, hors de la modernité. Quel contresens ! Je crois, moi, à la
modernité de cet espace dessiné par le partage d'une langue et la
volonté
de la défendre, de la promouvoir, dans le concert du monde.(..) Le
français est, avec l'anglais, la seule langue parlée sur tous les
continents :
que de fenêtres ouvertes sur le monde ! La langue n'est pas qu'un vernis
ou une marchandise, elle est ce qui porte et structure la pensée. Et au
risque de vous surprendre, je vous dirais que la monoculture appauvrit
la pensée comme elle appauvrit les sols. Et c'est pourquoi je crois
qu'il y a
un lien d'ailleurs très direct entre le combat culturel et le combat
environnemental, c'est-à-dire entre la diversité culturelle et la
biodiversité, toutes les deux étant en quelque sorte des sciences du
vivant »
Voilà ce que j’avais dit à nos amis québécois en 2007.
Et comme je ne crois qu’à la politique par la preuve, en Poitou-Charentes, j’ai fait des coopérations décentralisées l’une de nos priorités car il s’agit, à mes yeux, d’un enjeu fort pour la Francophonie.
Nous développons ainsi depuis plusieurs années des partenariats avec plusieurs régions francophones.
Avec le Québec, avec lequel nous sommes unis par
des liens historiques (le fondateur du Québec Samuel Champlain était
natif de notre région et un quart des migrants français aux 16ème
et 17ème siècles venaient du Poitou-Charentes) nous avons mis l’accent sur la recherche permettant de développer les technologies
agro-environnementales et les éco-carburants, les énergies renouvelables et la construction bois
Avec la Région de Fatick, au Sénégal, nous soutenons un programme de développement des énergies renouvelables. Dans cette région qui fait face aux effets du changement climatique, soumise à des sécheresses de plus en plus fréquentes, cela permet d’améliorer durablement les conditions de vie des populations en évitant la déforestation. Nous y avons accompagné la création d’une filière de production de fours économes en énergie pour préserver les ressources en bois, grâce à la formation d’artisans et à l’implication des femmes de plusieurs villages. La diffusion de lampes solaires dans les lieux isolés de la région, à la place des lampes à pétrole, a contribué à améliorer les conditions d’éclairage des ménages isolés des zones rurales. Est également développé un programme d’expérimentation d’éoliennes, pour valoriser les ressources naturelles de cette région.
Nous
avons également crée des bourses "Désirs
d'entreprendre" pour l'emploi. Inspirées des bourses " Désirs
d'entreprendre" qui fonctionnent parfaitement en Poitou-Charentes, le
programme a
pour objectif de réduire le sous-emploi et l'exode rural des populations
de la région en favorisant la création d'activités économiques, en
particulier au profit des jeunes et des femmes. Il appuie financièrement
des porteurs de projets et leur facilite l'accès au crédit
L’excellence de ce partenariat a été reconnu par le PNUD avec lequel nous travaillons désormais de concert.
En 2005, après le tsunami qui a ravagé une
partie de l’Asie du Sud-Est, le Poitou-Charentes a lancé une grande
mobilisation régionale afin d’aider à une reconstruction durable dans
l’Etat du Tamil Nadu et l’Union territoriale de Pondichéry, notamment
pour la désalinisation rapide de terres agricoles envahies par la mer
dans
des villages où la population vivait déjà sous le seuil de pauvreté.
Mais au-delà de l’urgence, il nous a semblé essentiel d’entreprendre un
partenariat au long cours avec le Tamil Nadu et Pondichéry.
Nous y soutenons des actions d’éducation et de formation et grâce à un système de micro-crédit innovant, nous avons pu soutenir le développement de l’élevage caprin et bovins auprès de 640 familles vivant sous le seuil de pauvreté.
Cet exemple invite à penser les nombreuses
possibilités pour renforcer la coopération Sud-Nord, comme nous le
faisons également dans le domaine de l’élevage caprin, de la
riziculture, de
l’éco-tourisme, de la formation et de la culture, avec nos amis
sénégalais, indiens, québécois, mais aussi vietnamiens et
haïtiens.
Tous ces exemples nous montrent à quel point la Francophonie peut contribuer à ce nouvel équilibre mondial.Présente sur les cinq continents, elle est confrontée aux grands Objectifs du Millénaire : lutte contre la pauvreté, renforcement de l’éducation, amélioration de la santé…
Cette Francophonie qui nous anime doit désormais
répondre à trois défis :
- Un monde juste
- Un développement durable et solidaire
- Une appropriation citoyenne des questions primordiales des populations
Pour cela, l’action des Régions est fondamentale car elle a démontré qu’elle pouvait associer les réalités locales dans un environnement global. Nous devons réussir cette nouvelle étape dans un monde où la globalisation touche au quotidien des peuples.
Notre nouvelle équipe devra pour cela entamer un dialogue constructif avec les Instances de la Francophonie et les grandes Organisations internationales pour que nos membres prennent leur place à part entière.
Je m’y engage en tant que Présidente de
l’AIRF, pour construire ensemble une Francophonie soucieuse d'efficacité
dans des actions communes pour l'éducation, l'écologie, l'emploi et la
santé. Je proposerai très rapidement des actions concrètes aux régions
du monde.
Trés amicalement
Ségolène Royal