Bouclier rural : le coucou UMP ne fait pas le printemps de la ruralité
L’idée du « bouclier rural » est née dans l’esprit d’élus
nivernais en 2009. Face aux provocations du Président Sarkozy et de son
enfant chéri, le « bouclier fiscal », qui donnent toujours plus à ceux
qui n’en ont déjà que trop, ces élus locaux ont soumis un texte au
Conseil Général de la Nièvre (qui l’a approuvé à l’unanimité). Puis,
cette proposition s’est enrichie d’un travail collectif intense et
créatif au cours de l’année 2010 qui a donné naissance à une note publiée par le Laboratoire des idées du PS.
Finalement, les principales propositions du « bouclier rural » ont été
reprises par la convention nationale du PS sur l’égalité réelle qui a
été approuvée par les militants début décembre.
Que la gauche se passionne pour les campagnes, voilà qui en était
trop pour certains députés UMP ! On ne doit pas piquer le joujou de ces
messieurs, même s’ils desservent en permanence les intérêts du monde
rural en suivant aveuglement la politique inégalitaire de Nicolas
Sarkozy. Les plus malins ont essayé de récupérer a posteriori le concept
(Yannick Favennec, Mayenne) ou de monter à la va-vite un groupe «
Droite rurale » à l’Assemblée nationale (Pierre Morel A l’Huissier,
Lozère), les plus bégueules ont crié à la supercherie (Jean Auclair,
Creuse). Face à la panique de ses partisans ne sachant plus comment
aller défendre leur cher président en 2012, l’UMP ne peut plus pratiquer
son bonneteau traditionnel à l’égard des campagnes. Elle passe donc au
plagiat en bande organisée. Quand on ne sait plus quoi dire, on vole les
idées des concurrents. Preuve que les idées nouvelles naissent
aujourd’hui à gauche !
C’est ainsi que l’on retrouve sur le site de l’Assemblée nationale une proposition de loi
déposée sans pudeur ce 20 décembre par une armada d’élus ruraux UMP sur
les « investissements et les services dans les territoires ruraux ».
L’exposé des motifs est hallucinant : « L’instauration d’un « bouclier
rural », grâce à une loi d’orientation sur les investissements et les
services dans les territoires ruraux, dans laquelle plusieurs mesures
concrètes seraient inscrites, afin de faire de la ruralité un atout pour
la France paraît aujourd’hui nécessaire ». A 180° des choix faits
depuis 2002 ! Bref, par un tour de passe-passe qui risque fort de faire
un flop, ces élus tentent de masquer leur propre bilan bien maigre pour
les campagnes françaises : du non-remplacement d’un fonctionnaire sur
deux partant en retraite (véritable saignée pour les services publics
ruraux), aux annonces jamais transformées pour un plan d’aménagement de
la fibre optique sur l’ensemble du territoire, en passant par les cartes
scolaire, hospitalière, judiciaire, militaire… sans oublier la «
réforme » des collectivités territoriales. Nous en oublions
nécessairement. Certes, personne n’a le monopole du monde rural qui a
besoin d’avocats ardents et de bâtisseurs sincères venus de tous les
horizons, mais la cause est entendue : les pyromanes ne seront jamais
les meilleurs architectes !
Face à la malhonnêteté intellectuelle érigée en doctrine de
gouvernement, le PS n’entend pas reculer. Le monde rural a besoin
d’investissements (concrets ou symboliques) de la part de la gauche,
tant la droite a rompu l’égalité territoriale pourtant au fondement de
notre République. La nouvelle société urbaine défendue par le PS va de
pair avec le développement de la ruralité moderne. Poursuivant cette
offensive pour revitaliser les campagnes, nous présenterons à
l’Assemblée Nationale dans les prochaines semaines une proposition
ambitieuse et innovante, tenant réellement compte de la situation des
territoires ruraux.
D’ores et déjà, nous donnons rendez-vous à tous les promoteurs de
la ruralité moderne le 5 février prochain à Guéret, dans la Creuse, pour
débattre du bouclier rural ! Nous préférons l’original à la copie. Si
un coucou UMP ne fera pas le printemps, l’alouette socialiste ne se
laissera pas plumer !
Christian PAUL, député de la Nièvre, président du Laboratoire des idées
Michel VERGNIER, député de la Creuse
Olivier DUSSOPT, député de l’Ardèche
Fabien BAZIN, conseiller général de la Nièvre
Philippe BAUMEL, vice-président du conseil régional de Bourgogne
Nicolas SORET, président de la communauté de communes de Joigny
Jean-Philippe HUELIN, militant socialiste dans le Jura et animateur du site « Vers un bouclier rural »
Marianne2, Mercredi 22 Décembre 2010