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20 janvier 2011

TUNISIE: Comment mener à bien la transition?

Un blogueur esquisse quelques pistes d’avenir et dit faire confiance au gouvernement provisoire nommé le 17 janvier, malgré la présence en son sein de ministres de l’ancien régime.



Voici quelques idées et souhaits d’un citoyen tunisien nouvellement libre.

1. Qu’une enquête publique sur le Rassemblement constitutionnel démocratique [RCD, le parti de Ben Ali] soit réalisée afin de pouvoir purger le parti.
Mais, avant cela et au plus vite, il faut commencer par notre gouvernement de transition. Nous devons être sûrs de ces hommes et femmes, car le peuple tunisien doit avoir confiance en son gouvernement. Et n’oublions pas que même l’opposition “légale” (puisque légalisée par Ben Ali pour le servir), à quelques exceptions près, a fricoté avec l’ancien régime. Donc elle est aussi dangereuse que le RCD. Pour que le gouvernement actuel soit purgé des brebis galeuses, que cesse la contestation – à juste titre, surtout que le RCD détient les postes clés de ce gouvernement – et qu’ils puissent se mettre au travail, il faudrait un comité de réconciliation nationale (vu le grand nombre d’adhérents, volontaires ou semi-volontaires, de ce parti, on n’aura pas le choix) qui permettrait de rétablir le lien de confiance entre nous et notre gouvernement. Le RCD, une fois affaibli par ce nettoyage, deviendra un parti comme un autre. Pourquoi le dissoudre puisqu’il pourrait toujours revenir sous une autre forme, un autre nom (ce qu’il fera probablement) ? Il faut simplement le nettoyer après une enquête publique et impartiale, ce qui l’affaiblira immanquablement. Nous avons un pays à reconstruire et nous ne pouvons nous permettre d’exclure les RCDistes qui sont propres. Et, s’ils sont propres et compétents, la Tunisie a besoin d’eux et de leur expérience, et de leurs réseaux. Par exemple, Kamel Morjane [le ministre des Affaires étrangères reconduit] est intègre et compétent, et, surtout, il a ses entrées dans les chancelleries américaine et européennes, et ces dernières le connaissent bien. Nous aurons besoin d’un soutien de la part de ces démocraties, tôt ou tard, ne serait-ce que pour nous protéger de nos voisins immédiats, qui ont intérêt à détruire notre révolution au plus vite. N’oubliez pas que Kadhafi a déjà essayé de nous envahir et de renverser le régime de Bourguiba [en 1974], et, maintenant, une démocratie représenterait une menace très grave pour lui. Sans oublier les généraux algériens, qui voient cela d’un très mauvais œil. Nous devons rassurer nos principaux bailleurs de fonds et nos pourvoyeurs de devises. Une certaine continuité au niveau des affaires étrangères me semble capitale pour rétablir un climat qui permettra à notre économie de croître à un rythme suffisant pour absorber les chômeurs (on devra d’ailleurs la repenser, puisque nos nombreux diplômés ne trouvent pas de débouchés dans une économie axée sur le low cost). Cette stabilité aura aussi le mérite de rassurer la bourgeoisie locale. Peut-être rapatrieront-ils leurs devises et les investiront-ils au pays ?

2. Etablir au plus vite une Assemblée constituante en vue d’aboutir à un système de type parlementaire.
Plus de “père” de la nation : on est assez grands ! Il faut que toutes les tendances de la population y soient représentées. Cela veut dire y inclure les communistes et les islamo-conservateurs, démocrates, contrairement à ce qui a été fait jusqu’à présent. Pour ces derniers, il faudra repenser l’article de loi qu’avait instauré Bourguiba et qui interdit les partis politiques fondés sur la religion. Une contrepartie pourrait être un Etat laïc à la turque. On pourrait souhaiter garder le statu quo, mais on s’aliénerait, à mon avis, la frange la plus conservatrice de la population, qui doit être représentée. Le plus important dans cette Constitution : un équilibre des pouvoirs, des garde-fous (y compris de la part de la société civile), et qu’y figurent les acquis précédents et nouveaux, arrachés grâce à la révolution.

3. Pour plus tard, se prémunir de la corruption par tous les moyens.
Il faut que les Tunisiens, mais aussi le monde, aient confiance en la Tunisie et en son Etat de droit à venir. Confiance et transparence, qui découlent de l’Etat de droit, sont capitales pour garantir la pérennité de notre système financier et de notre système économique. Et permettront l’investissement local et étranger, moteur de l’emploi.

4. Au sujet du gouvernement provisoire :
Personnellement, je suis pour son maintien (malgré tout ce que j’ai dit plus haut et bien qu’il soit logique de vouloir sa fin, surtout si l’on pense que certains ont le sang de nos frères et sœurs sur les mains), car ma perception de ce gouvernement fait que j’ai confiance en certains de ses membres réputés intègres, et je suis certain que le tout s’est fait avec l’approbation de l’armée, qui, ne l’oublions pas, nous a protégés de la tentative de retour de l’ancien régime. Cela veut dire que des variables (l’avis des Américains, de l’UE et même des Israéliens, qui étaient relativement proches de l’ancien régime) ont été prises en compte et que ce gouvernement est le plus consensuel possible. J’ai confiance en Néjib Chebbi [avocat et ancien opposant devenu ministre du Développement régional], respecté par les avocats et les juges de ce pays pour son intégrité. Je pense qu’il pourrait mener à bien la transition, dans son cadre légal, jusqu’aux prochaines élections. (La Justice est, selon moi, le ministère le plus important dans ce gouvernement… Ça nous change.) Celles-ci, je pense, n’auront pas lieu avant six mois, et c’est assez pour affaiblir le RCD et donner une chance aux autres partis. On a encore beaucoup de travail devant nous. Je pense que le temps n’est pas à la manifestation, mais à la réflexion. Pensons à ce que nous faisons, car, dans le tourbillon de la révolution, tout va très vite.

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Commentaires
V
tu as vu sur you tube la visite de DSK en Tunisie, après la Lybie , ben ali, encensé le décorant et l'autre heureux qui dit que tout va bien dans le pays et que la Tunisie en aurait à montrer aux mauvais élèves de l'Europe, si, si, tu vas pas le croire !!!
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