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9 février 2011

Le discours d’Helsinki de Ségolène Royal sur "l’UE après la crise" hier, un franc succès selon la Fondation Kalevi Sorsa (PHOTOS

Extrait:   Aujourd’hui, c’est un regard lucide que l’Europe doit porter sur elle-même.



  TROIS VERITES ET TROIS PROPOSITIONS  

    1/ Première vérité, l’Europe surendettée est aujourd’hui étranglée par les spéculateurs     qu’elle a nourris.  

 

    L’ironie tragique de cette histoire, c’est que nous avons laissé prospérer les oiseaux de malheur qui planent désormais     au-dessus de l’Europe. Voyez-les bien : ils ne se contentent pas d’attendre l’effondrement qu’ils prédisent ; ils cherchent à le provoquer. Ils étaient hier au dessus de la Grèce ou     l’Irlande ; ils sont aujourd’hui à l’affût des faiblesses espagnoles ou portugaises. Et demain ?  

Ces spéculateurs-vautours, nos pays les ont nourris et engraissés.   Cela ne date pas d’hier, mais de longtemps.  

    Premièrement, la source de notre endettement abyssal réside dans les baisses d’impôts massives dont ont profité les     plus riches, ceux-là même qui demandent à leur banque ou à leur gestionnaire de fortune d’obtenir les rendements les plus élevés pour leurs placements financiers. Le hold up s’est fait     au nom d’une vertu appelée compétitivité, mantra dissimulant dumping fiscal, moins-disant social, alignement par le bas.  

 

Bouclier fiscal, fiscalité avantageuse sur le patrimoine, les filiales, les sièges sociaux ou les revenus de l’épargne,     abattements, niches, déductions et crédits d’impôts en tout genre : le budget de nos Etats a été grevé par ceux, grandes entreprises et particuliers fortunés, qui ont été les bénéficiaires     de toutes les largesses et de tous les cadeaux. Ceux qui ont fait leur beurre sur la compétition de tous contre tous au sein de l’Union. Les profiteurs d’une guerre économique qu’ils ont     orchestrée.  

    Deuxièmement, la dette publique vient des banques et des fonds spéculatifs que les citoyens ont renfloués     par leurs impôts via les Etats, au bord du gouffre, et qui se retournent contre les Etats en leur reprochant leur endettement. Aucune reconnaissance du ventre. Juste le dérèglement irrationnel de     leur voracité.  

Hausse des primes de risques, chantage au « triple A » de la part d’agences de notation vendues aux banques,     spéculation à la baisse… L’irrationalité confine à la folie du système lorsque les spéculateurs qui s’alarment de l’endettement et exigent la rigueur sanctionnent les Etats qui obéissent à leurs     oukases et voient leurs perspectives de croissance dramatiquement diminuées.  

    Il y a un vieux proverbe dans lequel un serpent susurre : « si tu bouges, je te mords, si tu ne bouges pas je te     mords aussi ». « Si tu ne mets pas en place une politique de rigueur, je te mords, et si tu appliques la rigueur, je te mords aussi » ! Voilà où nous en sommes et c’est     pourquoi l’Europe sociale doit se faire par un pouvoir politique qui décide au nom des peuples et pas contre eux.
  

 

    2/ Deuxième vérité, c’est la Chine qui nous prête de l’argent et finance nos     économies.  

Nous rêvons d’une Europe indépendante, forte, qui parle d’égal à égal avec les puissances du monde. Nous rêvons d’un monde     multipolaire, où les puissances s’équilibrent.  

   

    Nous découvrons une Europe mise à genou par le chantage des spéculateurs et achetée par les grands pays émergents. Ces     derniers, au moins, ont compris ce que la bêtise des marchés à occulté : qu’il est rentable de détenir des actifs grecs, portugais ou espagnol, parce qu’il s’agit d’Etats, parce que les     difficultés auxquelles ils font face n’effaceront pas cette évidence : qu’ils survivront et qu’ils retrouveront bientôt le chemin de la croissance.  

 

Mais voilà des pays européens qui s’exposent à vivre entre les mains de puissances non européennes. A leur merci.   Nous devons retrouver une politique d’indépendance européenne, qui ne soit pas le rêve illusoire de la forteresse isolée,     mais qui ne soit pas non plus la naïveté de l’ouverture à tous les vents.    


    3/ Troisième vérité, l’Europe paie en matière économique son désarmement politique et     intellectuel.  

   

L’Europe s’est affaiblie en endossant de la manière la plus radicale les dogmes les plus obtus. Elle a théorisé son propre     effacement politique derrière l’application indifférenciée, non circonstanciée et mécanique de règles juridiques : règles de la libre circulation des personnes, des biens, des     capitaux ; clause de non renflouement des Etats endettés et de non achat par la banque centrale européenne des dettes souveraines ; définition rigide et artificielle de la     convergence budgétaire avec le pacte de stabilité.  

    Elle a refusé pendant trop longtemps la faculté de discernement qu’exige la juste compréhension des circonstances, le     pragmatisme qu’appelle la réflexion authentique et la force d’adaptation que demande l’action au service de tous.  

 

Certains font de l’euro le responsable de nos maux. Mais l’euro n’est pas le problème en lui-même. Et à la question :     « est-il économiquement raisonnable d’envisager aujourd’hui un retour aux monnaies nationales comme le proclament les partis populistes ? » je réponds catégoriquement     « non ». L’effondrement économique et social serait violent.  

Non, le problème aujourd’hui n’est pas l’euro, qui nous protège dans la limite de ses possibilités. Le problème, c’est que     cette harmonisation radicale que fut la fusion de nos monnaies ne s’est accompagnée d’aucune harmonisation économique et fiscale.  

Avec l’euro, nous aurions dû inventer une nouvelle économie de droits et de devoirs. Les marges de manœuvre que les Etats     perdaient au niveau national, ils auraient dû les retrouver au niveau européen, au travers d’un budget jouant sa fonction de stabilisation macro-économique en cas de crise, de redistribution et     de financement des grandes politiques structurantes, de stratégies d’investissement dans les filières du futur.  

Cela n’a pas été le cas. (...)

Lire l'article sur MEAG avec Ségolène Royal

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