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13 avril 2011

Faut-il renoncer à exploiter les gaz de schiste ?

LEMONDE | 13.04.11 | 13h28  •  Mis à jour le 13.04.11 | 13h28

 

Cette fois-ci, la partie semble jouée : la France devrait interdire, par une loi votée avant l'été, l'exploration et l'exploitation des gaz et des huiles de schiste sur son territoire. Qui aurait imaginé un tel scénario il y a encore quelques semaines ? Qui aurait pensé que ce dossier allait déchaîner autant de passion ?

Un feuilleton de plusieurs mois La fronde contre le gaz de schiste débute fin 2010 dans l'Ardèche, l'Aveyron et la Drôme, départements visés par trois permis d'exploration accordés discrètement, en mars 2010, par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'écologie, à Total et à l'américain Schuepbach Energy associé à GDF Suez. Les habitants s'inquiètent de la manière dont est libéré l'hydrocarbure emprisonné dans la roche : il faut fracturer le schiste en injectant à de très fortes pressions de l'eau mélangée à du sable et des adjuvants chimiques. Avec le risque de polluer les nappes phréatiques.

Très vite la lutte gagne du terrain jusqu'en Ile-de-France, où des permis ont été accordés pour la recherche d'huile de schiste. Le gouvernement décide de calmer le jeu en décrétant un moratoire sur les autorisations de recherche. Le temps d'attendre la fin de deux missions d'expertise : la première émane du ministère de l'énergie et du ministère de l'écologie. Ses résultats doivent être annoncés fin mai, après un rapport d'étape remis le 15 avril.

La seconde, parlementaire, est pilotée par deux députés, François-Michel Gonnot (UMP) et Philippe Martin (PS). Ses conclusions sont attendues le 8 juin. Objectif ? Savoir si le gaz de schiste est, oui ou non, exploitable en France sans mettre à mal le territoire. Tout ce dispositif est désormais caduc.

Surenchère politique Ebranlés par l'abstention record et la percée du Front national qui ont marqué les élections cantonales des 20 et 27 mars, les élus entendent regagner la confiance de leurs administrés. Le dossier gaz de schiste est emblématique de cette volonté de reconquête. Tout comme l'est celui du nucléaire depuis la catastrophe japonaise de Fukushima.

Fin mars, deux propositions de loi visant à interdire l'exploration et l'exploitation des gaz et huiles de schiste ont été présentées à l'Assemblée nationale. La première, déposée le 30 mars par Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche (SRC), vise à interdire aussi les forages en eaux profondes. La deuxième est proposée, le 31 mars, par Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée, et député de Seine-et-Marne où un permis de recherche pour de l'huile de schiste a été accordé. Les deux textes mettent en avant le principe de précaution.

M. Jacob obtient du gouvernement qu'il déclare l'urgence sur sa proposition de loi afin qu'elle soit examinée en séance plénière le 10 mai, deux jours avant le texte de M. Ayrault. Jean-Louis Borloo dont l'administration a accordé les trois permis d'exploration à l'origine de la rébellion décide de déposer une proposition de loi anti-gaz de schiste. Pour Serge Grouard, député UMP du Loiret et président de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire à l'Assemblée nationale (dont les trois textes relèvent), c'en est trop : "J'ai souhaité remettre de l'ordre dans tout cela pour au moins éviter le ridicule." Après des heures et des heures de pourparlers, le parlementaire réussit, mardi 12 avril, à faire accepter l'idée de rassembler les trois textes en un seul, avec deux corapporteurs, un PS et un UMP. Les débats devraient débuter le 10 mai.

Une seule proposition de loi Ce front uni des parlementaires contre les gaz de schiste devrait permettre l'adoption de la loi à une large majorité. "Nous allons donc légiférer avant même d'expertiser. Nous sommes dans l'émotionnel pur", se désole Philippe Martin, député PS du Gers, l'un des deux chefs de file de la mission parlementaire d'information sur les gaz de schiste. Les écologistes à l'origine de la mobilisation n'en reviennent pas eux-mêmes : "Où est la cohérence ? Nous avions intégré l'idée d'un débat de fond sur les gaz de schiste. Personne n'était à deux ou trois semaines près. C'est le court terme et l'électoralisme qui ont pris le dessus", s'insurge Alain Chabrolle, vice-président Europe-Ecologie du conseil régional de Rhône-Alpes.

Pour le gouvernement, ce texte unique est aussi un camouflet. Cent vingt-trois députés UMP soutiennent l'initiative de Christian Jacob, faisant fi des appels au calme des deux ministres en première ligne sur le dossier : Eric Besson, ministre de l'énergie, et Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie. Implanté localement dans la Drôme, l'un des départements les plus frondeurs, M. Besson s'était fait discret ces derniers temps, laissant Mme Kosciusko-Morizet répondre, le 29 mars, aux questions des députés lors d'une séance publique houleuse. La ministre de l'écologie avait alors appelé à "travailler sereinement", en attendant de savoir s'il était possible d'exploiter "proprement" gaz et huile de schiste. Elle n'a pas été entendue.

Facture énergétique L'empressement des députés à vouloir interdire les gaz de schiste fait grincer des dents. "Nous sommes dans une schizophrénie totale, car ces élus qui privent la France d'une nouvelle ressource énergétique possible sont les mêmes à interroger le gouvernement plusieurs fois par semaine sur les hausses du prix du gaz et du pétrole. On marche sur la tête !", indique-t-on au ministère de l'économie. L'exploitation croissante des gaz de schiste aux Etats-Unis pourrait rendre le pays autosuffisant en gaz d'ici à 2030. En Europe, des puits sont déjà forés en Allemagne, en Suède, en Pologne. "Il faudrait rappeler à tous ces parlementaires, surtout intéressés par retrouver un siège en 2012, le montant de la facture énergétique de la France en 2010 : 35,6 milliards d'euros pour les importations de pétrole et 9,4 milliards pour celles de gaz", tempête un industriel.

Au ministère de l'énergie, outre s'inquiéter sur les sommes qu'il faudra verser aux industriels à qui les permis ont été accordés, on s'interroge sur le futur modèle énergétique de la France : "Depuis la catastrophe de Fukushima, le nucléaire est contesté. Maintenant, ce sont les gaz de schiste. Mais la montée en charge des énergies renouvelables, même dopée via une hausse des subventions, restera insuffisante. Savez-vous combien de milliers d'hectares d'éoliennes il faut pour remplacer une centrale nucléaire ?".

Porte de sortie Conscients du danger d'avoir fait avorter le débat sur les gaz de schistes, certains députés sont certains qu'un jour ou l'autre le soufflé va retomber. "Attendons l'après-présidentielle. Une loi peut en défaire une autre, vous savez", explique un élu UMP, précisant qu'il sera alors préférable de parler, non pas de permis d'exploration, mais de "recherche/expérimentation".

Marie-Béatrice Baudet Article paru dans l'édition du 14.04.11 LE MONDE 

Mon commentaire: on sait ce qui nous attend si nous ne savons pas VOTER JUSTE!!!
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Commentaires
J
est la date de la manif?
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V
dans le var tout le territoire est concerné. Rendez-vous à Brignoles 14 h et marche jusqu'à la sous-préfecture avec remise des pétitions, ne rien lacher !
Répondre
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