Eva Joly : « Une rémunération maximum de 500 000 euros »
Si Hulot est très à l'aise sur les questions environnementales, Joly est sur son terrain dès qu'il s'agit de parler d'affaires, d'équité sociale ou des institutions.
Elle a en général des réponses plus tranchées : oui, si elle est présidente, elle abolira les lois Hadopi et Loppsi, elle le « promet solennellement » ; oui elle est pour la dépénalisation du cannabis ; oui, la corrida peut être maintenue dans les régions dont c'est la tradition ; oui, il faut une VIe République, même si Joly ne sait pas si celle-ci sera obtenue par la mise en place d'une assemblée constituante ou par des réformes profondes de la constitution actuelle…
Eva Joly propose une tranche supérieure de l'impôt sur le revenu à 70% au delà de 500 000 euros, mais elle propose aussi, dans les entreprises, l'instauration d'une rémunération maximum de 500 000 euros. Elle ne rejette pas le principe des niches fiscales, à condition d'orienter celles-ci vers l'environnement ou le logement. Elle estime que l'économie verte ne doit pas être anti-industrielle, mais les énergies nouvelles doivent en être le moteur :
« Nous allons avoir une économie verte, qui n'est pas anti-industrielle. Et maintenir une toute petite croissance. »
Si les socialistes gagnent la présidentielle, elle juge que les écolos pourront demander de grands ministères, comme les Finances ou les Affaires étrangères. Le ministère de la Justice, en revanche, ne la tente pas : « J'aurais pu l'avoir il y a quinze ou vingt ans ».
Nous l'avons aussi interrogée sur la remise en cause de la binationalité : Franco-norvégienne, elle est directement concernée. Selon elle, ceux qui veulent l'abroger « ne comprennent rien à la France d'aujourd'hui ».
La binationalité est une victoire des femmes, qui peuvent garder leur nationalité d'origine quand elles se marient, juge-t-elle. Et ceux qui la remettent en cause sont les mêmes qui rêvent d'une France vieillissante et refermée sur elle même, les même qui défendent l'idée d'une « Europe forteresse ».
L'eurodéputée croit à l'Union européenne et refuse l'équivalence Europe = libéralisme. Pour changer la donne, la voie la plus simple passe selon elle par les urnes : il suffit d'envoyer au Parlement européen « une majorité qui permette une Europe moins libérale »…
Pascal Riché
Question par question, les réponses d'e. Joly
Maxmaxence. Comment remédier au manque de transparence de l'Union européenne ?
MaxMaxence. Faut-il aller, sur le long terme, vers un système fédéral européen ?
Rue89. Vous sentez-vous personnellement visée par le projet d'interdiction de la binationalité ?
Le Yéti. Pensez-vous instaurer un revenu maximum ne dépassant pas 30 fois le salaire minimum vital ?
Rue89. Que votez-vous en cas de second tour Sarkozy-Hollande ou Sarkozy-Le Pen ?
Photos : Audrey Cerdan
Vidéo : Emilie Rossot