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21 juin 2011

Pourquoi le départ de Lauvergeon fait tant de bruit

 

 Par Julie de la Brosse  : L'Expansion

Elle vient d'être débarquée... Mais cela fait plus d'un an maintenant que le départ de la patronne d'Areva fait l'objet d'un traitement médiatique hors-normes. Retour sur les raisons de cette très médiatique succession.
Anne Lauvergeon et Nicolas Sarkozy à New Delhi, le 6 décembre 2010.
REUTERS/Lionel Bonaventure/Pool

Rarement le départ d'un grand patron aura fait tant de bruit. Depuis plus d'un an maintenant, la succession de la patronne d'Areva fait la Une des journaux. Rumeurs, spéculations... tout ou presque a été dit sur les éventuels successeurs d'Anne Lauvergeon, qui se comptent par dizaine, son rôle dans la filière nucléaire, et ses relations tumultueuses avec Nicolas Sarkozy. Les informations vont et viennent : Anne Lauvergeon peut-être mise à la porte un jour, et le lendemain reconduite à la présidence d'Areva pour assurer le service après vente du nucléaire post-Fukushima. Aujourd'hui, l'heure est au départ. Nicolas Sarkozy a fini par trancher... et limoger jeudi soir la grande patronne pour la remplacer par Luc Oursel, l'actuel numéro 2 du groupe. Retour sur les raisons de cette très médiatique succession.

 

 

Les soutiens se multiplient

Alors que plusieurs titres de presse annoncent le départ imminent de la patronne d'Areva, de nombreux soutiens de poids sont venus jeudi épauler Anne Lauvergon. Une vingtaine de parlementaires de tous bords sont montés au créneau, appuyés par François Hollande. De son côté, le comité exécutif européen du groupe, en dehors de Luc Oursel, a remis une lettre à Jean-Cyril Spinetta demandant la reconduction d'Anne Lauvergeon à la tête du directoire d'Areva.

 

 

Parce qu'Anne Lauvergeon a fait d'Areva une boîte grand public

Quand elle finit par faire accepter aux pouvoirs publics un scénario de refonte totale du nucléaire français (par la fusion de CEA Industrie, Cogema et Framatome), qui la place à la tête du consortium, l'image du secteur est déplorable et poussiéreux. Avec la création d'Areva, Anne Lauvergeon est bien décidée à redorer la filière. Dès qu'elle arrive dans l'entreprise, elle n'hésite pas à placer des webcams au coeur de l'usine de La Hague, histoire de jouer la transparence. En l'espace de 10 ans toute la communication du groupe est repensée, voire pensée tout court. A grand coup de campagnes publicitaires, Areva se fait connaître du grand public, pour devenir un acteur incontournable de l'énergie en France, et l'un des joyaux du patrimoine industriel français. L'autre coup de maître d'Anne Lauvergeon aura assurément été de lier son image à celle de l'entreprise. Et donc de rendre la tâche très difficile à quiconque voudrait la remplacer ou la faire remplacer !

 

 

Parce qu'elle tient tête à Henri Proglio

...Et à tout le monde en général. Ce petit bout de femme de 51 ans n'a en effet pas volé son surnom d'"Atomic Anne". Pour défendre sa vision de la filière nucléaire, elle a dû faire face aux géants de l'énergie comme François Roussely (alors patron d'EDF) ou Patrick Kron (patron d'Alstom), qui nourrissaient alors des projets bien différents pour le fleuron du nucléaire français. Au fur et à mesure du temps, la liste de ses ennemis s'allonge. Tout comme celle de ses admirateurs d'ailleurs. Depuis plusieurs années, elle figure parmi les femmes les plus puissantes du monde selon le magasine Fortune. Ses proches la disent incorruptibles, ses détracteurs la jugent tenace, voire bornée. Aujourd'hui c'est avec Henri Proglio que les tensions sont les plus vives. En 2009, à peine arrivé chez EDF, il prend publiquement position contre le modèle intégré d'Areva. Depuis la querelle entre les deux, n'a jamais cessé. Pour certains observateurs, c'est parce qu'il est nécessaire de trouver une personnalité Proglio-compatible à la tête d'Areva qu'Anne Lauvergeon serait aujourd'hui en danger.

 

Parce qu'elle s'est brouillée avec Nicolas Sarkozy

Les relations d'Anne Lauvergeon avec Nicolas Sarkozy sont notoirement tendues. En 2007, il n'a pas dirigé le refus de la patronne d'Areva d'entrer au gouvernement. Plutôt classée à gauche, Nicolas Sarkozy misait sur elle pour symboliser l'ouverture. Depuis, les difficultés d'Areva -retards d'EPR, échec d'Abou Dhabi etc - n'ont certainement rien arrangé.

 

 

Parce que son entreprise est hyper-stratégique

En France, le nucléaire c'est sacré - même Fukushima n'a pas ébranlé la conviction des politiques- mais aussi ultra-stratégique. Depuis que le pays a fait le choix de l'atome, les gouvernements successifs ont toujours voulu faire du nucléaire l'une des grandes puissances industrielles hexagonales. Un projet revisité récemment par Nicolas Sarkozy. Mais vouloir faire du nucléaire la vitrine de la France à l'International suscite les convoitises, et nourrit les guerres de pouvoir. Depuis plus d'un an, le nom des candidats défilent inlassablement dans les médias: des proches de Proglio, comme Marwan Lahoud (EADS) ou Alexandre Djouhri, des anciens ministres, comme Anne-Marie Idrac. Ce jeudi, c'est finalement Luc Oursel, le directeur général délégué d'Areva, qui a été le grand favori.

 

 

Parce que c'est une femme ?

L'analyse est certainement un peu courte, mais jusqu'à présent la plupart des médias évoquant la succession d'Anne Lauvergeon ne manquent pas de souligner qu'elle est la seule femme à diriger une multinationale française. Depuis qu'elle dirige Areva, "Atomic Anne" est le modèle de la réussite française au féminin. De quoi rendre son éviction plus difficile. Selon une énième histoire sans source, un ministre qui la sommait de sanctionner certains cadres de son groupe se serait un jour vu répondre : "Vous ne pouvez pas me virer, je suis une icône dans ce pays." Anne Lauvergeon en est-elle toujours si sûre ?

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Commentaires
J
Finalement, c'est peut-être pour son bien et pour le nôtre aussi ;)<br /> <br /> Elle pourrait prendre la tête des énergies renouvelables avec son savoir-faire et laisser les successeurs se dépatouiller avec des projets qui n'iront nulle part et se casser le nez, parce que cette filière, les gens n'en veulent plus.<br /> <br /> Allons Madame, ne ratez pas le train en marche.
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