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4 juillet 2011

Petite fête entre amis de l'oligarchie sarkozyste

 

| Par Laurent Mauduit  SUR MEDIAPART


Film conçu et réalisé par Aurélien Pic.


Pour percer les secrets du capitalisme de connivence à la française, il ne suffit pas de tenir la chronique des accords financiers qui se concoctent entre quelques très grandes fortunes proches de l'Elysée; de tenir la géographie complexe des systèmes d'endogamie où l'intérêt général se confond avec les appétits privés.

Il faut aussi, à l'occasion, tenir la chronique sociale sinon même la chronique mondaine de tout ce petit monde qui vit et prospère entre les allées du pouvoir et de la vie des affaires. Car, au travers des réseaux d'amitiés ou des intérêts croisés qu'elle révèle, cette plongée permet de mieux comprendre comment fonctionne l'oligarchie qui a si fortement prospéré sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

C'est la raison pour laquelle, après avoir passé Un dimanche à Chantilly, Mediapart a choisi de suivre – à distance, bien sûr, parce que nous ne sommes pas invités et n'avons guère le goût de ce genre d'agapes – la soirée de fête qu'Alain Minc a organisée lundi 27juin, pour rassembler quelques-uns de ses amis (près de 300 environ, politiques, hommes d'affaires, journalistes), dans les jardins très précieux du musée Albert-Kahn, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Non pas que cette réunion ait eu un quelconque enjeu. Pas le moindre. Entremetteur du capitalisme parisien, conseiller occulte de Nicolas Sarkozy et de quelques grandes fortunes, Alain Minc aime périodiquement organiser ce type de fête. Une année au Grand Véfour, une autre année dans les jardins de l'Observatoire. Pour montrer qu'il compte. Pour montrer, avec ostentation, à ses clients qu'il a un carnet d'adresses fourni. Comme son métier est l'influence, il doit impérativement montrer qu'il en a.

Mais voilà ! Dans les galaxies complexes du capitalisme du Fouquet's, celle du « clanMinc » pèse lourd, même s'il a essuyé ces derniers temps pas mal d'échecs. Il est donc utile d'en suivre les opérations financières, et, à l'occasion aussi, les luxueuses mondanités.

Lundi 27 juin,donc, Alain Minc a organisé l'un de ces pince-fesses dont il a le secret. Le film vidéo ci-dessus, réalisé pour Mediapart par Aurélien Pic, présente les arrivées de quelques-unes des personnalités qui étaient conviées aux festivités.

 

Un passe-droit pour privatiser le musée

 

Le lieu même de la soirée prend valeur de symbole. C'est en effet dans le cadre magique des jardins Albert-Kahn que la soirée a eu lieu. Des jardins si précieux que le règlement de l'établissement (on peut le consulter ici, en page 3, ou se reporter à la reproduction ci-contre) est formel : sauf très rares exceptions, quand il s'agit de « manifestations participant à la communication générale du site (...) ou s'inscrivant dans le cadre des activités du musée », une privatisation des lieux est impossible.

Ce type d'interdit, qui s'applique, il va sans dire, avec une totale rigueur au commun des mortels, ne vaut visiblement pas pour l'oligarchie parisienne. Le conseil général des Hauts-de-Seine, qui administre le musée, a donc choisi de faire une entorse à son règlement et d'ouvrir les portes des célèbres jardins à Alain Minc et ses puissants amis, moyennant un chèque d'un montant, semble-t-il, de 39.000 euros, notamment pour réparer les possibles dégâts occasionnés sur les précieuses plantations.

Tout cela avec la bénédiction du président de l'exécutif départemental, l'UMP Patrick Devedjian, qui a accordé le passe-droit et qui était naturellement de la fête.

Comme à l'accoutumée, dirigeants politiques de tous bords, grandes fortunes (d'un seul bord), dirigeants de presse se sont pressés pour participer à la fête, à peine troublée à son entrée par une diffusion de tracts de militants d'Europe Ecologie-Les Verts, de la ville de Boulogne. Parmi d'autres, le réseau des amis d'Alain Minc est l'un de ceux qui comptent dans les sommets du pouvoir. Ou qui comptait beaucoup dans le passé, et qui compte sans doute un peu moins, depuis quelque temps : c'est ce que l'on pouvait deviner à mille petits riens, au fil de la soirée.

D'abord, Alain Minc qui s'est longtemps glorifié d'avoir autant d'amis à gauche qu'à droite n'en a visiblement presque plus dans le premier camp ou ceux qu'il a encore préfèrent se montrer discrets. Très proche d'Alain Minc qu'elle avait invité à son dernier anniversaire en septembre 2010 (voir mon billet de blog Quand Aubry fait la fête avec Minc), Martine Aubry n'est ainsi pas venue à Boulogne ce lundi soir, sans que l'on sache pourquoi. Sans doute avait-elle d'autres chats à fouetter la veille de sa déclaration de candidature aux primaires socialistes. L'autre très proche ami d'Alain Minc, Dominique Strauss-Kahn, n'était pas plus de la fête – mais lui, on sait pourquoi.

 

Hubert Védrine
Hubert Védrine
Résultat, il n'y avait parmi les convives que de très rares socialistes, tous de second rang, notamment Hubert Védrine et Elisabeth Guigou, deux anciens ministres du gouvernement de Lionel Jospin, ainsi que le député européen socialiste Henri Weber, visiblement peu embarrassés d'être vus en aussi bonne compagnie, avec pour hôte l'homme lige des très grandes fortunes et de la Sarkozie. De second rang, certes, mais tous de la même obédience: il n'y avait là que des responsables socialistes strauss-kahniens ou partisans de Martine Aubry.

 

Jean-Pierre Jouyet
Jean-Pierre Jouyet
Mais à droite, tout autant, on devine que l'astre d'Alain Minc a pâli. Pas beaucoup, mais un peu. Il y avait certes là quelques-uns de ses proches, l'ancien ministre Xavier Darcos notamment, ou le transfuge socialiste, Jean-Pierre Jouyet, rallié à la Sarkozie, et remercié de ses bons et loyaux services par un poste de président de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Mais pas d'émissaire visible de l'Elysée. Nicolas Sarkozy juge-t-il donc toujours qu'Alain Minc lui a finalement apporté beaucoup plus d'ennuis que d'aides, notamment depuis la privatisation avortée de France Télévisions ? Il est naturellement difficile de le savoir, car dans les coulisses du pouvoir, il y a des courtisans qui tombent en disgrâce et d'autres qui rentrent en grâce, sans que l'on puisse toujours en percer les raisons. Dans ce système de monarchie de moins en moins républicaine, il est des humeurs présidentielles qui agitent tout ce petit microcosme des obligés du Palais sans que l'on puisse toujours comprendre pourquoi.

Portrait de groupe du capitalisme du Fouquet's

 

François Pérol
François Pérol
Le fait en tout cas est là : Nicolas Sarkozy n'est pas venu aux agapes et n'a dépêché aucun de ses proches. A l'exception d'un seul, François Pérol, l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, qui a pantouflé dans les circonstances controversées que l'on sait à la tête de BPCE (retrouver ici toutes nos enquêtes) et qui a noué, dans le passé, du temps où il était associé gérant à la banque Rothschild, des liens de grande proximité avec Alain Minc.

En revanche, le patron de l'UMP, Jean-François Copé, qui ne rate plus aucun de ces rendez-vous, a répondu cette fois à l'invitation de son ami. Ces deux-là s'entendent bien et cela se voit.

 

Jean-François Copé
Jean-François Copé© Jean-François Copé
Pour la vie des affaires, Alain Minc occupe une place de choix. Non pas auprès des patrons du CAC 40 – l'intéressé se défie de la transparence à laquelle obligent les entreprises cotées et recrute ses clients surtout parmi les grandes fortunes.

Il y avait donc là quelques-uns de ses puissants clients historiques. Tel le milliardaire François Pinault, auquel il a longtemps prodigué ses petits conseils ; tel Louis Schweitzer, l'ancien patron de Renault qui lui a succédé pendant un temps à la présidence du conseil de surveillance du Monde ; tel le milliardaire belge Albert Frère (gros actionnaire notamment de Total ou encore de GdF Suez), qui a toujours démenti rémunérer les conseils d'Alain Minc, mais sans jamais emporter la conviction de qui que ce soit. Plus quelques autres des PDG qu'il conseille périodiquement ou dont il a assuré dans le passé la promotion, tel Pierre Blayau qu'il a placé à la tête de PPR et qui est maintenant à la présidence de Géodis ; tel Guillaume Pepy, l'ancien directeur de cabinet de Martine Aubry, qui est maintenant à la présidence de la SNCF et qu'Alain Minc chouchoute; tel encore Thierry Breton, ancien ministre des finances et président d'Atos Origin...

 

Pierre Bergé
Pierre Bergé
Il y avait encore le milliardaire Pierre Bergé, avec lequel Alain Minc est associé depuis longtemps en affaires au travers de la société Oléron Participations (lire ici les nombreuses enquêtes de Mediapart à son sujet) et qui est devenu l'un des trois nouveaux actionnaires du Monde. Lequel Pierre Bergé s'est distingué le mois dernier par une sortie tonitruante contre l'indépendance de la rédaction du journal.

Il y avait encore Baudoin Prot, l'actuel président de BNP Paribas, et son prédécesseur, Michel Pébereau, qui a écrit une partie du programme économique de Nicolas Sarkozy quand il était candidat à la présidentielle, puis qui a été, dans l'ombre, le vrai concepteur du plan de sauvetage des banques au plus fort de la crise – allez vous étonner que ce plan fut si accommodant !

Autres figures connues : Maurice Lévy, le président du groupe Publicis et président du vrai centre du patronat français, l'Association française des entreprises privées (AFEP), qui, pendant un temps, sur les manigances d'Alain Minc, est venu en renfort de l'homme d'affaires Stéphane Courbit pour tenter de mettre la main sur la régie publicitaire de France Télévisions ; ou encore Nicolas Bazire, qui fait carrière dans le groupe de luxe LVMH de Bernard Arnault mais qui est surtout l'un des plus proches amis de Nicolas Sarkozy et qui fut son témoin de mariage avec Carla Bruni.

Sous la Sarkozie, ce sont des petits riens qui ne trompent pas : avoir pour invité un tel personnage, qui a la réputation de recevoir jusqu'aux confidences du chef de l'Etat est un signe, envers et contre tout, d'influence ou d'importance.

C'est si vrai que même d'anciens ennemis d'Alain Minc se sont visiblement réconciliés avec lui. Peut-on être fâché avec l'entremetteur du capitalisme parisien sous la présidence de Nicolas Sarkozy ? Visiblement, certains n'osent courir le risque. C'est le cas par exemple de Serge Weinberg.

Actuel président du conseil de Sanofi-Aventis, c'est lui qui, au début des années 1990, avait présenté Alain Minc au milliardaire François Pinault, dont il dirigeait alors le groupe, qui allait devenir PPR. Mal lui en avait pris. Alain Minc était parvenu à faire de François Pinault son client et lui avait prodigué comme premier conseil d'évincer celui qui l'avait introduit. Après une décennie de fâcherie, Serge Weinberg a fait son apparition à la fête...

 

Betty Lagardère
Betty Lagardère
Autre présence notable, celle de Betty Lagardère, la veuve de Jean-Luc Lagardère et belle-mère de l'actuel patron du groupe du même nom, Arnaud Lagardère. A la différence des autres invités, Betty Lagardère ne joue pas un rôle dans la vie des affaires, mais elle a sa place dans ce portrait de groupe. Car, après la mort de son époux, en 2003, un ministre des finances, en 2004, a beaucoup pesé pour arranger la succession de la famille, un certain... Nicolas Sarkozy.

Ainsi va la vie des grandes fortunes, suivant leurs intérêts, et parfois oublieuses du passé. Car, en fait, Jean-Luc Lagardère, de son vivant, détestait Alain Minc et s'en méfiait comme de la peste, car pour le compte de François Pinault, l'intéressé avait, dans le milieu des années 1990, comploté pour essayer de faire sauter la commandite qui verrouille le contrôle du groupe Lagardère afin de le démanteler et tenter d'en prendre le contrôle.

 

«Ni éthique, ni esthétique»

Mais, à l'évidence, Alain Minc n'est pas trop parvenu ces dernières années à renouveler son carnet d'adresses dans les milieux d'affaires. Car hormis ses clients historiques, il ne parvient plus vraiment à faire entrer dans son fonds de commerce de nouveaux grands patrons. Quelques vieux patrons continuent de recourir à ses conseils ou à utiliser son entregent ; mais les patrons de la nouvelle génération ne s'intéressent guère à lui.

Pourtant la jeune génération était représentée. Mais pour beaucoup, les nouvelles recrues d'Alain Minc n'ont connu par sa faute que des déboires au cours des dernières années. Il y avait ainsi à la fête Stéphane Courbit, l'ancien champion de la télé-réalité et des sites Internet trash, qui cumule ces derniers temps les revers de fortune. Après avoir échoué à croquer la régie publicitaire de France Télévisions (voir ici nos enquêtes) – Alain Minc s'est fait trop voyant et cela a fini par faire controverse –, il a le mois passé déclenché de vives polémiques en espérant obtenir un financement de 143 millions d'euros de Liliane Bettencourt (ici notre enquête). Mais l'affaire a tourné court dans les circonstances tumultueuses que l'on sait. En bref, Stéphane Courbit qui a offert voilà quelques années 3% de son groupe à Alain Minc sous forme d'actions gratuites n'est jamais vraiment rentré dans ses frais.

Stéphane Courbit est même devenu l'objet des risées de toute la place de Paris. Grâce aux petits conseils d'Alain Minc, il a enrôlé de nombreuses grandes fortunes dans ses aventures financières et, des jeux en ligne jusqu'à l'énergie, leur a fait perdre beaucoup d'argent. Ce qui explique d'ailleurs la tentative avortée d'appeler Liliane Bettencourt à la rescousse : de moins en moins apprécié, Stéphane Courbit cherche à élargir le cercle de ses soutiens.

Mêmes déboires pour Alexandre Bompard, qu'Alain Minc a longtemps parrainé et qui était aussi de la soirée. Car, pour dire vrai, son influent parrain ne lui a pas franchement rendu service. Alain Minc s'est si fortement démené pour l'imposer à la présidence de France Télévisions, lors de l'éviction de Patrick de Carolis, que l'affaire, révélée par Mediapart, a fini, là encore, par faire scandale et Nicolas Sarkozy a finalement dû, en dernière minute, changer ses plans. Résultat : Alexandre Bompard, qui présidait aux destinées d'Europe-1, a vu son étoile décliner au sein de l'empire Lagardère. Et Alain Minc a été contraint de lui trouver un nouveau point de chute imprévu : en l'occurrence, la FNAC (groupe Pinault), avec pour mission de la vendre...

 

Jacques Veyrat
Jacques Veyrat
Jacques Veyrat, un autre homme d'affaires nouveau sur lequel Alain Minc a beaucoup misé n'est guère plus en forme. Régulièrement mis en avant, notamment pour prendre la présidence de France Télécom en 2009, celui qui était le bras droit de Robert Louis Dreyfus se retrouve aujourd'hui en apesanteur.

Après le décès du milliardaire, Jacques Veyrat pensait avoir les coudées franches pour diriger le groupe présent à la fois dans les transports maritimes, les télécommunications, le sport avec Adidas et l'OM. La veuve de Robert Louis Dreyfus, Margarita, lui a rappelé les règles de l'actionnaire majoritaire. Le différend, quoique discret , a été violent. En avril, Jacques Veyrat a annoncé qu'il allait quitter le groupe Louis Dreyfus.

Il va partir avec plusieurs centaines de millions en poche. Mais il est pour l'instant désœuvré. Se rappeler au bon souvenir des gens d'influence, à l'occasion de la fête d'un ami, n'est donc pas mal venu.

 

Olivier Nora et Antoine Gallimard
Olivier Nora et Antoine Gallimard
Pour jouer de son influence, Alain Minc compte par ailleurs beaucoup sur les ouvrages qu'il écrit périodiquement. A la fête, il y avait donc aussi des figures du monde de l'édition. Il y avait ainsi Antoine Gallimard, qui a longtemps édité les livres d'Alain Minc, jusqu'à un essai intitulé Spinoza, un roman juif, qui avait valu à l'auteur d'être condamné en 2003 pour « plagiat servile ». Alain Minc avait été discrètement prié d'aller se faire éditer ailleurs. C'est alors Grasset qui a abrité l'auteur, laquelle maison est dirigée désormais par Olivier Nora... également présent à la fête.

Ainsi va le monde de l'édition : il est des éditeurs qui ne répugnent pas à éditer des auteurs qui ont essuyé une telle condamnation ou qui utilisent systématiquement des petites mains pour écrire leurs ouvrages. Tout comme d'ailleurs il existe des journalistes pour chroniquer des livres dont ils savent qu'ils n'ont pas été écrits, en toute ou partie, par leurs auteurs. Ce n'est plus le capitalisme de connivence, c'est l'édition de connivence...

De ce système et des maisons qu'il implique, Antoine Gallimard peut dire pis que pendre : « Ni éthique, ni esthétique », lui arrive-t-il de confier.

Pour terminer, il y avait aussi, outre l'inévitable Bernard-Henri Lévy et sa compagne Arielle Dombasle, une ribambelle de figures de la presse parisienne – dont le journalisme, pour certains d'entre eux, n'est pas la seule activité. Dans ce capitalisme de connivence, c'est l'ultime ingrédient : Alain Minc a toujours bien veillé à y jouer un rôle fort, un rôle d'influence. Et depuis qu'il a été brutalement écarté de son poste de président du conseil de surveillance du Monde, cela n'a pas changé, même si l'intéressé est maintenant contraint d'agir de manière détournée. Il n'empêche, cette proximité est décisive.

 

Laurent Joffrin
Laurent Joffrin
Parmi les convives, on reconnaissait donc Laurent Joffrin, l'actuel directeur du Nouvel Observateur et ancien directeur de Libération, lequel journal a pour principal actionnaire Edouard de Rothschild, un autre client historique d'Alain Minc. Entre Laurent Joffrin et Alain Minc, c'est une vieille amitié : co-animateurs, avec Yves Montand, de la célèbre (et réactionnaire) émission de 1984 Vive la crise, leurs chemins se sont depuis périodiquement croisés, notamment à l'ex-Fondation Saint-Simon. Le propriétaire de Libération, Edouard de Rothschild, qui, en d'autres temps, a passé des vacances en famille avec Nicolas Sarkozy à La Baule, était d'ailleurs lui-même de la fête.

 

Maurice Szafran
Maurice Szafran
Etaient également présentes deux figures connues de Marianne, Nicolas Domenach et Maurice Szafran – qui ne dédaignent pas faire des « manchettes » sur les connivences journalistiques mais qui ne cachent pas pour autant leur amitié avec Alain Minc – à moins que les deux journalistes, suivant leur habitude, aient accepté l'invitation pour tout nous raconter, en “off”. Autres invités, Franz-Olivier Giesbert, le patron du Point(propriété des Pinault), ainsi que d'autres figures du même hebdomadaire, comme Claude Imbert ou encore Sylvie Pierre-Brossolette.

 

Jean-Marie Colombani
Jean-Marie Colombani
Autre invité, Jean-Marie Colombani, le vieux complice d'Alain Minc, qui a contribué avec lui à la normalisation puis au naufrage du Monde, avant d'en être aussi débarqué : cofondateur du site internet Slate.fr, il a pris pied à son tour dans la vie des affaires et a notamment obtenu un poste d'administrateur du groupe d'assurances Generali, grâce à Antoine Bernheim, le vieux « parrain » du capitalisme parisien et mentor de Nicolas Sarkozy dans le monde des affaires.

Autres figures des médias, on relevait également pêle-mêle Claude Perdriel, propriétaire du groupe Nouvel Observateur (qui vient d'entrer au capital de Rue89); José Luis Cebrian, directeur du quotidien espagnol El Païs; Nicolas de Tavernost, le PDG de M6; Philippe Labro, l'un des bras droits de Vincent Bolloré (principal client d'Alain Minc et ami de Nicolas Sarkozy) au sein de la chaîne bas de gamme Direct 8. Enfin, on remarquait aussi la présence de Philippe Val, celui que Carla Bruni a recommandé comme directeur de France Inter et qui a mis en œuvre la brutale normalisation de la station.

Une belle soirée, donc, sans discours ni flonflons, mais avec une assemblée nombreuse et influente, dans un cadre exceptionnel. Une bien belle soirée, oui, une tranche de vie d'un clan de l'oligarchie qui gravite autour de Nicolas Sarkozy. Un clan qui n'est pas homogène, dont tous les membres ne sont pas nécessairement sarkozystes. C'est le propre de l'oligarchie: elle est insensible aux changements démocratiques et cherche à survivre à toutes les alternances, imposant perpétuellement les mêmes politiques économiques et sociales d'inspiration néo-libérale.

L'un des convives, Jean-Pierre Jouyet, en est une magistrale démonstration: ancien directeur adjoint de cabinet de Lionel Jospin, ministre de Nicolas Sarkozy avant de devenir patron de l'AMF, il a discrètement fait mouvement, dit-on, vers François Hollande, dont il est aussi depuis longtemps un ami proche, pour appuyer sa campagne présidentielle. Tous, donc, ne sont pas fidèles de Nicolas Sarkozy. Mais pour l'heure, c'est lui le chef officiel de cette oligarchie. Alors tous les obligés du Palais taisent leurs éventuelles rancunes ou leurs inquiétudes et profitent du système de connivence qui, depuis l'élection présidentielle de 2007, a fortement prospéré.

 

Un dimanche à Chantilly

Et pour nos lecteurs qui ont manqué une autre bien belle réunion de nos oligarchies régnantes, voici «Un dimanche à Chantilly», récit à l'hippodrome de Chantilly du «prix de Diane-Longines». Avec les explications et analyses de la sociologue Monique Pinçon-Charlot, spécialiste de la bourgeoise et du gotha.

 


Mediapart au Prix de Diane, avec Monique... par Mediapart

Pour lire le reportage de Jade Lindgaard qui accompagne cette vidéo, cliquez ici.

     

  
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